Les Entretiens de Confucius – Trad. : S. Couvreur

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icone-ebook-livre-numerique-gratuit-150L’intégralité de la traduction du Lun Yu  论语, les « Entretiens » ou « Analectes » de Confucius  (Kongzi 孔子 ou Kongfuzi 孔夫子) et ses disciples, par Séraphine Couvreur.  L’édition présentée ici est celle de 1956  et est extraite du livre « Les Quatre Livres » (1ère éd. 1895). La traduction de S. Couvreur reste un classique en langue française.

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Les Entretiens de Confucius 论语
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Les Entretiens de Confucius et ses Disciples
论语
(Lun Yu de Kongzi 孔子)
Introduction
Ce recueil 分上下两篇 fenn chang hia loang p’ien se divise en deux parties, le Chang Liun Iu et le Hia Liu Iu. Chaque partie comprend cinq 篇 kiuen livres, et chaque livre, deux chapitres.

Liun signifie examiner et discuter une question ; iu, répondre et expliquer. Ce livre contient les enseignements de Confucius, les questions et les réponses qui ont été faites sur l’étude de la sagesse et le gouvernement de l’État, dans les entretiens du philosophe avec ses disciples, avec les princes et les ministres de son temps, et qui ont été écrites par ses disciples. Voilà pourquoi ce recueil est intitulé Explications et Réponses.

Le philosophe Koung était de la principauté de Lou. Son nom de famille était K’oung, son nom propre Kiou et son surnom Tchoung gni. Son père Chou Leang Ho avait d’abord épousé une fille de la famille Cheu, qui lui avait donné neuf filles, mais pas de garçon. Il avait eu d’une femme de second rang un fils, nommé Meng pi, qui était boiteux. Ensuite il demanda en mariage une fille de la famille Ien. Cette famille, qui avait trois filles, lui donna la plus jeune, nommée Tcheng tsai. Tcheng tsai, ayant prié sur le mont Gni k’iou, donna le jour à Confucius, qui pour cette raison fut nommé Kiou.

Avant sa naissance, à K’iue li, son pays natal, une licorne vomit un livre orné de pierres précieuses. On y lut ces mots : « Un enfant, formé des parties les plus subtiles de l’eau, soutiendra l’empire ébranlé de la dynastie des Tcheou et sera roi sans royaume. » La mère de Confucius fut étonnée de ce prodige. Avec un cordon de soie, elle lia par la corne le mystérieux animal, qui disparut au bout de deux nuits.

La nuit de sa naissance, deux dragons entourèrent le toit de la maison. Cinq vieillards descendirent dans la cour. Leurs corps étaient formés des éléments les plus purs des cinq planètes. Auprès des appartements de la mère, on entendit le chant du Céleste Potier. Des voix dans les airs prononcèrent ces mots : « Le Ciel accorde à la prière la naissance d’un fils parfaitement sage ».

Sommaire Entretiens de Confucius

Chapitre 1

学而 – Xue Er


1.1

子曰:“学而时习之,不亦说乎?有朋自远方来,不亦乐乎?人不知而不愠,不亦君子乎?

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui cultive la sagesse et ne cesse de la cultiver n’y trouve-t-il pas de la satisfaction ? Si des amis de la sagesse viennent de loin recevoir ses leçons, n’éprouve-t-il pas une grande joie ? S’il reste inconnu des hommes et n’en ressent aucune peine, n’est-il pas un vrai sage ?

Sommaire Entretiens de Confucius

1.2

有子曰:“其为人也孝弟,而好犯上者,鲜矣;不好犯上,而好作乱者,未之有也。君子务本,本立而道生。孝弟也者,其为仁之本与!

Iou tzeu dit :

— Parmi les hommes naturellement enclins à respecter leurs parents, à honorer ceux qui sont au-dessus d’eux, peu aiment à résister à leurs supérieurs. Un homme qui n’aime pas à résister à l’autorité, et cependant aime à exciter du trouble, ne s’est jamais rencontré. Le sage donne son principal soin à la racine. La racine, une fois affermie, donne naissance au tronc et aux branches. L’affection envers nos parents et le respect envers ceux qui sont au-dessus de nous sont comme la racine de la vertu.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.3

子曰:“巧言令色,鲜矣仁!

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui par des discours étudiés et un extérieur composé cherche à plaire aux hommes ruine ses vertus naturelles.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.4

曾子曰:“吾日三省吾身:为人谋而不忠乎?与朋友交而不信乎?传不习乎?

Tseng tzeu dit :

— Je m’examine chaque jour sur trois choses : Si, traitant une affaire pour un autre, je ne l’ai pas traitée avec moins de soin que si elle eût été ma propre affaire ; si, dans mes relations avec mes amis, je n’ai pas manqué de sincérité ; si je n’ai pas négligé de mettre en pratique les leçons que j’ai reçues.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.5

子曰:“道千乘之国:敬事而信,节用而爱人,使民以时。

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui gouverne une principauté qui entretient mille chariots de guerre doit être attentif aux affaires et tenir sa parole, modérer les dépenses et aimer les hommes, n’employer le peuple aux travaux publics que dans les temps convenables,

Sommaire Entretiens de Confucius

1.6

子曰:“弟子入则孝,出则弟,谨而信,泛爱众,而亲仁。行有馀力,则以学文。

Le Maître [Confucius] dit :

— Un jeune homme, dans la maison, doit aimer et respecter ses parents. Hors de la maison, il doit respecter ceux qui sont plus âgés ou d’un rang plus élevé que lui. Il doit être attentif et sincère dans ses paroles ; aimer tout le monde, mais se lier plus étroitement avec les hommes vertueux. Ces devoirs remplis, s’il lui reste du temps et des forces, qu’il les emploie à l’étude des lettres et des arts libéraux.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.7

子夏曰:“贤贤易色,事父母能竭其力,事君能致其身,与朋友交言而有信。虽曰未学,吾必谓之学矣。

Tzeu hia dit :

— Celui qui, au lieu d’aimer les plaisirs, aime et recherche les hommes sages, qui aide ses parents de toutes ses forces, qui se dépense tout entier au service de son prince, qui avec ses amis parle sincèrement, quand même on me dirait qu’un tel homme n’a pas cultivé la sagesse, j’affirmerais qu’il l’a cultivée.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.8

子曰:“君子不重则不威,学则不固。主忠信,无友不如己者,过则勿惮改。

Le Maître [Confucius] dit :

— Si celui qui cultive la sagesse manque de gravité, il ne sera pas respecté et n’acquerra qu’une connaissance superficielle de la vertu. Qu’il mette au premier rang la fidélité et la sincérité ; qu’il ne lie pas amitié avec des hommes qui ne lui ressemblent pas ; s’il tombe dans un défaut, qu’il ait le courage de s’en corriger.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.9

曾子曰:“慎终追远,民德归厚矣。

Tseng tzeu dit :

— Si le prince rend les derniers devoirs à ses parents avec un vrai zèle et honore par des offrandes ses ancêtres même éloignés, la piété filiale fleurira parmi le peuple.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.10

子禽问于子贡曰:“夫子至于是邦也,必闻其政,求之与?抑与之与?”子贡曰:“夫子温、良、恭、俭、让以得之。夫子之求之也,其诸异乎人之求之与?

Tzeu k’in adressa cette question à Tzeu koung :

— Quand notre maître arrive dans une principauté, il reçoit toujours des renseignements sur l’administration de l’État. Est-ce lui qui les demande au prince, ou bien est-ce le prince qui les lui offre ?

Tzeu koung répondit :

— Notre maître les obtient non par des interrogations, mais par sa douceur, son calme, son respect, sa tenue modeste et sa déférence. Il a une manière d’interroger qui n’est pas celle des autres hommes.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.11

子曰:“父在,观其志;父没,观其行;三年无改于父之道,可谓孝矣。

Le Maître [Confucius] dit :

— Un fils doit consulter la volonté de son père, tant que son père est en vie, et ses exemples, quand il est mort. Si durant trois ans après la mort de son père, il imite sa conduite en toutes choses, on pourra dire qu’il pratique la piété filiale.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.12

有子曰:“礼之用,和为贵。先王之道斯为美,小大由之。有所不行,知和而和,不以礼节之,亦不可行也。

Iou tzeu dit :

— Dans l’observation des devoirs mutuels, la concorde est d’un grand prix. C’est pour cette raison que les règles des anciens souverains sont excellentes. Toutes leurs prescriptions, grandes ou petites, ont été inspirées par le désir de la concorde. Cependant, il est une chose qu’il faut éviter : connaître le prix de la concorde, et faire tout pour la concorde, sans tenir compte du devoir, c’est ce qui n’est pas permis.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.13

有子曰:“信近于义,言可复也;恭近于礼,远耻辱也;因不失其亲,亦可宗也。

Iou tzeu dit :

— Quand on peut accomplir sa promesse sans manquer à la justice, il faut tenir sa parole. Un respect et des égards conformes aux règles de la bienséance ne sont ni honteux ni déshonorants. Si vous choisissez pour protecteur un homme digne de votre amitié et de votre confiance, vous pourrez lui rester attaché à jamais.

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1.14

子曰:“君子食无求饱,居无求安,敏于事而慎于言,就有道而正焉,可谓好学也已。

Le Maître [Confucius] dit :

— Un disciple de la sagesse qui ne recherche pas la satisfaction de son appétit dans la nourriture, ni ses commodités dans son habitation, qui est expéditif dans les affaires et circonspect dans ses paroles, qui se fait diriger par des hommes vertueux, celui-là a un véritable désir d’apprendre.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.15

子贡曰:“贫而无谄,富而无骄,何如?”子曰:“可也。未若贫而乐1,富而好礼者也。”子贡曰:“《诗》云:‘如切如磋,如琢如磨。’其斯之谓与?”子曰:“赐也,始可与言诗已矣!告诸往而知来者。

Tzeu koung dit :

— Que faut-il penser de celui qui, étant pauvre, n’est pas flatteur, ou qui, étant riche, n’est pas orgueilleux ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Il est louable ; mais celui-là l’est encore plus qui dans la pauvreté vit content, ou qui au milieu des richesses garde la modération.

Tzeu koung répliqua :

— On lit dans le Cheu king que le sage imite l’ouvrier qui coupe et lime l’ivoire, ou qui taille et polit une pierre précieuse. Ces paroles n’ont-elles pas le même sens ?

Le Maître [Confucius] repartit :

— Seu commence à pouvoir entendre l’explication du Cheu king ; sur ma réponse à sa question, il a aussitôt compris le sens des vers qu’il a cités.

Sommaire Entretiens de Confucius

1.16

子曰:“不患人之不己知,患不知人也。

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage ne s’afflige pas de ce que les hommes ne le connaissent pas ; il s’afflige de ne pas connaître les hommes.

Chapitre 2

为政 – Wei Zheng

2.1

子曰:“为政以德,譬如北辰,居其所而众星共之。

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui gouverne un peuple en lui donnant de bons exemples est comme l’étoile polaire qui demeure immobile, pendant que toutes les autres étoiles se meuvent autour d’elle.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.2

子曰:“诗三百,一言以蔽之,曰‘思无邪’。

Le Maître [Confucius] dit :

— Les odes du Cheu king sont au nombre de trois cents. Un seul mot les résume toutes : « Avoir des intentions droites. »

Sommaire Entretiens de Confucius

2.3

子曰:“道之以政,齐之以刑,民免而无耻;道之以德,齐之以礼,有耻且格。

Le Maître [Confucius] dit :

— Si le prince conduit le peuple au moyen des lois et le retient dans l’unité au moyen des châtiments, le peuple s’abstient de mal faire ; mais il ne connaît aucune honte. Si le prince dirige le peuple par ses bons exemples et fait régner l’union en réglant les usages, le peuple a honte de mal faire, et devient vertueux.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.4

子曰:“吾十有五而志于学,三十而立,四十而不惑,五十而知天命,六十而耳顺,七十而从心所欲,不逾矩。

Le Maître [Confucius] dit :

— A quinze ans, je m’appliquais à l’étude de la sagesse ; à trente ans, je marchais d’un pas ferme dans le chemin de la vertu ; à quarante ans, j’avais l’intelligence parfaitement éclairée ; à cinquante ans, je connaissais les lois de la Providence ; à soixante ans, je comprenais, sans avoir besoin d’y réfléchir, tout ce que mon oreille entendait ; à soixante-dix ans, en suivant les désirs de mon cœur, je ne transgressais aucune règle.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.5

孟懿子问孝。子曰:“无违。”樊迟御,子告之曰:“孟孙问孝于我,我对曰‘无违’。”樊迟曰:“何谓也?”子曰:“生事之以礼;死葬之以礼,祭之以礼。

Meng i tzeu ayant interrogé, sur la piété filiale, Le Maître [Confucius] répondit :

— Elle consiste à suivre les prescriptions.

Plus tard, Fan Tch’eu conduisant la voiture de Confucius, le philosophe lui dit :

— Meng i tzeu m’a interrogé sur la piété filiale ; je lui ai répondu qu’elle consiste à observer les prescriptions.

Fan Tch’eu dit :

— Quel est le sens de cette réponse ?

Confucius répondit :

— Un fils doit aider ses parents durant leur vie selon les prescriptions, leur faire des obsèques et des offrandes après leur mort selon les prescriptions.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.6

孟武伯问孝。子曰:“父母唯其疾之忧。

Meng Ou pe, ayant interrogé Le Maître [Confucius] sur la piété filiale, reçut cette réponse :

— Les parents craignent par-dessus tout que leur fils ne soit malade.

Un bon fils partage cette sollicitude de ses parents, et se conforme à leurs sentiments. Il ne néglige rien de tout ce qui sert à la conservation de sa personne.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.7

子游问孝。子曰:“今之孝者,是谓能养。至于犬马,皆能有养;不敬,何以别乎?

Tzeu iou ayant interrogé Confucius sur la piété filiale, Le Maître [Confucius] répondit :

— La piété filiale qu’on pratique maintenant ne consiste qu’à fournir les parents du nécessaire. Or les animaux, tels que les chiens et les chevaux, reçoivent aussi des hommes ce qui leur est nécessaire. Si ce que l’on fait pour les parents n’est pas accompagné de respect, quelle différence met-on entre eux et les animaux ?

Sommaire Entretiens de Confucius

2.8

子夏问孝。子曰:“色难。有事弟子服其劳,有酒食先生馔,曾是以为孝乎?

Tzeu hia l’ayant interrogé sur la piété filiale, Le Maître [Confucius] répondit :

— Il est difficile de tromper par un faux-semblant de piété filiale. Quand les parents ou les frères aînés ont des affaires, si les fils ou les frères puînés leur viennent en aide ; quand ceux-ci ont du vin et des vivres, s’ils en font part à leurs parents et à leurs aînés, est-ce suffisant pour qu’on loue leur piété filiale ?

Sommaire Entretiens de Confucius

2.9

子曰:“吾与回言终日,不违如愚。退而省其私,亦足以发。回也,不愚。

Le Maître [Confucius] dit :

— Houei écoute mes explications toute une journée sans m’adresser une objection ni une question, comme s’il était dépourvu d’intelligence. Quand il s’est retiré, je considère sa conduite privée, et j’y vois resplendir mes enseignements. Houei n’est pas dépourvu d’intelligence.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.10

子曰:“视其所以,观其所由,察其所安。人焉廋哉?人焉廋哉?

Le Maître [Confucius] dit :

— Si l’on considère les actions d’un homme, si l’on observe les motifs qui le font agir, si l’on examine ce qui fait son bonheur, pourra-t-il cacher ce qu’il est ?

Sommaire Entretiens de Confucius

2.11

子曰:“温故而知新,可以为师矣。

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui repasse dans son esprit ce qu’il sait déjà, et par ce moyen acquiert de nouvelles connaissances, pourra bientôt enseigner les autres.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.12

子曰:“君子不器。

Le Maître [Confucius] dit :
— L’homme sage n’est pas comme un vase ou un instrument ,

Sommaire Entretiens de Confucius

2.13

子贡问君子。子曰:“先行其言,而后从之。

Tzeu koung ayant demandé ce que doit faire un homme sage, Le Maître [Confucius] répondit :

— Le sage commence par faire ce qu’il veut enseigner ; ensuite il enseigne.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.14

子曰:“君子周而不比,小人比而不周。

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage aime tous les hommes et n’a de partialité pour personne. L’homme vulgaire est partial et n’aime pas tous les hommes.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.15

子曰:“学而不思则罔,思而不学则殆。

Le Maître [Confucius] dit :

— Entendre ou lire sans réfléchir est une occupation vaine ; réfléchir, sans livre ni maître, est dangereux.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.16

子曰:“攻乎异端,斯害也已.

Le Maître [Confucius] dit :

— Etudier des doctrines opposées, c’est nuisible.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.17

子曰:“由!诲女知之乎?知之为知之,不知为不知,是知也。

Le Maître [Confucius] dit :

— Iou, voulez-vous que je vous enseigne le moyen d’arriver à la science véritable ? Ce qu’on sait, savoir qu’on le sait ; ce qu’on ne sait pas, savoir qu’on ne le sait pas : c’est savoir véritablement.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.18

子张学干禄。子曰:“多闻阙疑,慎言其馀,则寡尤;多见阙殆,慎行其馀,则寡悔。言寡尤,行寡悔,禄在其中矣。

Tzeu tchang étudiait en vue d’obtenir une charge avec des appointements. Le Maître [Confucius] lui dit :

— Après avoir entendu dire beaucoup de choses, laissez de côté celles qui sont douteuses, dites les autres avec circonspection, et vous serez peu blâmé. Après avoir beaucoup vu, laissez ce qui serait dangereux, et faites le reste avec précaution ; vous aurez rarement à vous repentir. Si vos paroles vous attirent peu de blâme et vos actions peu de repentir, les appointements viendront d’eux-mêmes.

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2.19

哀公问曰:“何为则民服?”孔子对曰:“举直错诸枉,则民服;举枉错诸直,则民不服。

Ngai, prince de Lou, dit à Confucius :

— Que doit faire un prince pour que le peuple soit content ?

Le philosophe répondit :

— Si le prince élève aux charges les hommes vertueux et écarte tous les hommes vicieux, le peuple sera satisfait ; si le prince élève aux charges les hommes vicieux et écarte les hommes vertueux, le peuple sera mécontent.

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2.20

季康子问:“使民敬、忠以劝,如之何?”子曰:“临之以庄则敬,孝慈则忠,举善而教不能,则劝。

Ki K’ang tzeu dit :

— Que faut-il faire pour que le peuple respecte son prince, lui soit fidèle et cultive la vertu ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Que le prince ait en public un maintien grave, et il sera respecté ; qu’il honore ses parents et soit bon envers ses sujets, et ses sujets lui seront fidèles ; qu’il élève aux charges les hommes de bien et forme ceux dont la vertu est encore faible, et il excitera le peuple à cultiver la vertu.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.21

或谓孔子曰:“子奚不为政?”子曰:“《书》云:‘孝乎惟孝、友于兄弟,施于有政。’是亦为政,奚其为为政?

Quelqu’un dit à Confucius :

— Maître, pourquoi ne prenez-vous aucune part au gouvernement ?

Le philosophe répondit :

— Les Annales ne disent-elles pas, en parlant de la piété filiale : « Respectueux envers vos parents et bienveillants envers vos frères, vous ferez fleurir ces vertus partout sous votre gouvernement ? » Faire régner la vertu dans sa famille par son exemple, c’est aussi gouverner. Remplir une charge, est-ce la seule manière de prendre part au gouvernement ?

Sommaire Entretiens de Confucius

2.22

子曰:“人而无信,不知其可也。大车无輗,小车无軏,其何以行之哉?

Le Maître [Confucius] dit :

— Je ne sais à quoi peut être bon un homme qui manque de sincérité. Comment employer une grosse voiture qui n’a pas de joug pour le bœuf, ou une petite voiture qui n’a pas de joug pour les chevaux ?

Sommaire Entretiens de Confucius

2.23

子张问:“十世可知也?”子曰:“殷因于夏礼,所损益,可知也;周因于殷礼,所损益,可知也;其或继周者,虽百世可知也。

Tzeu tchang demanda si l’on pouvait savoir d’avance ce que feraient les empereurs de dix dynasties successives. Le Maître [Confucius] répondit :

— La dynastie des In a adopté les prescriptions de la dynastie des Hia ; on peut connaître par les documents ce qu’elle a ajouté ou retranché , La dynastie des Tcheou a adopté les prescriptions de la dynastie des In ; ce qu’elle a ajouté ou retranché se trouve mentionné dans les documents. On peut savoir d’avance ce que feront les dynasties à venir, fussent-elles au nombre de cent.

Sommaire Entretiens de Confucius

2.24

子曰:“非其鬼而祭之,谄也。见义不为,无勇也

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui-là se rend coupable d’adulation, qui sacrifie à un esprit auquel il ne lui appartient pas de sacrifier. Celui-là manque de courage, qui néglige de faire une chose qu’il sait être de son devoir.

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 Chapitre 3

八佾 – Ba Yi

3.1

孔子谓季氏:“八佾舞于庭,是可忍也,孰不可忍也?

Le chef de la famille Ki avait huit chœurs de pantomimes qui chantaient dans la cour du temple de ses ancêtres. Confucius dit :

— S’il ose se permettre un tel abus, que n’osera-t-il se permettre ?

Le chef de la famille Ki ou Ki suenn était grand préfet dans la principauté de Lou. L’empereur avait huit chœurs de pantomimes ; les tchou heou, six, les tai fou, quatre et les officiers inférieurs, deux. Le nombre des hommes dans chaque chœur était égal au nombre des chœurs. Quelques auteurs disent que chaque chœur se composait de huit hommes. On ne sait laquelle de ces deux opinions est la vraie. Le chef de la famille Ki était seulement tai fou ; il usurpait les cérémonies et les chants réservés à l’empereur.

Sommaire Entretiens de Confucius

3.2

三家者以雍彻。子曰:“‘相维辟公,天子穆穆’,奚取于三家之堂?

Les trois familles faisaient exécuter le chant Ioung, pendant qu’on enlevait les vases, après les offrandes. Le Maître [Confucius] dit :

— Les aides sont tous des princes feudataires ; la tenue du Fils du Ciel est très respectueuse ; comment ces paroles peuvent-elles être chantées dans le temple des ancêtres des trois familles ?

Ces trois familles étaient les familles Meng suenn (ou Tchoung suenn), Chou suenn et Ki suenn, dont les chefs étaient grands préfets dans la principauté de Lou.

Parmi les fils de Houan, prince de Lou, le prince Tchouang, né de la femme légitime, devint le chef de la principauté ; K’ing fou, Chou ia et Ki iou, nés d’une femme de second rang, formèrent trois familles : K’ing fou, la famille Tchoung suenn, Chou ia, la famille Chou suenn, et Ki iou, la famille Ki suenn. K’ing fou changea le nom de Tchoung (second fils) et prit celui de Meng (fils aîné), parce qu’il était le fils aîné d’une femme de second rang, et qu’il n’osait pas se dire le frère cadet du prince Tchouang.

Ioung est le nom d’une ode qui se trouve dans le Cheu king parmi les Eloges des Tcheou. Ou wang la faisait chanter, quand il présentait des offrandes à Wenn wang. Les Tcheou la faisaient chanter dans le temple des ancêtres à la fin des offrandes, pour annoncer que la cérémonie était terminée. Les chefs des trois familles, qui n’avaient que le rang de tai fou, se permettaient l’usage d’une cérémonie et d’un chant réservés à l’empereur.

Sommaire Entretiens de Confucius

3.3

子曰:“人而不仁,如礼何?人而不仁,如乐何?

Le Maître [Confucius] dit :

— Comment un homme dépourvu des vertus qui sont propres à l’homme peut-il accomplir les cérémonies ? Comment un homme dépourvu des vertus qui sont propres à l’homme peut-il cultiver la musique ?

Quand un homme perd avec les vertus du cour les qualités propres à l’homme, son cour n’a plus le respect, qui est la partie essentielle des cérémonies ; il n’a plus l’harmonie des passions, qui est le fondement de la musique.

Sommaire Entretiens de Confucius

3.4

林放问礼之本。子曰:“大哉问!礼,与其奢也,宁俭;丧,与其易也,宁戚。

Lin Fang ayant demandé quelle était la chose la plus nécessaire dans les cérémonies, Le Maître [Confucius] répondit :

— Oh ! que cette question est importante ! Dans les démonstrations extérieures, il vaut mieux rester en-deçà des limites que de les dépasser ; dans les cérémonies funèbres, la douleur vaut mieux qu’un appareil pompeux.

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3.5

子曰:“夷狄之有君,不如诸夏之亡也

Le Maître [Confucius] dit :

— Les barbares de l’orient et du septentrion, qui ont des princes, sont moins misérables que les nombreux peuples de la Chine ne reconnaissant plus de prince.

Sommaire Entretiens de Confucius

3.6

季氏旅于泰山。子谓冉有曰:“女弗能救与?”对曰:“不能。”子曰:“呜呼!曾谓泰山,不如林放乎?

Le chef de la famille Ki offrait des sacrifices aux Esprits du T’ai chan. Le Maître [Confucius] dit à Jen Iou :

— Ne pouvez-vous pas empêcher cet abus ?

Jen Iou répondit :

— Je ne le puis.

Le Maître [Confucius] répliqua :

— Hé ! dira-t-on que les Esprits du T’ai chan sont moins intelligents que Lin Fang ?

T’ai chan, montagne située dans la principauté de Lou. D’après les rites, chaque prince feudataire sacrifiait aux Esprits des montagnes et des cours d’eau qui étaient dans son domaine. Le chef de la famille Ki, en sacrifiant aux Esprits du T’ai chan, s’arrogeait un droit qu’il n’avait pas (il n’était que tai fou). Jen Iou, nommé K’iou, disciple de Confucius, était alors intendant de Ki suenn. Le philosophe lui dit : « Ki suenn ne doit pas sacrifier aux Esprits du Tai chan. Vous êtes son intendant. Le faire changer de détermination serait-ce la seule chose qui vous fût impossible ? » Jen Iou répondit : « Je ne le puis. » Le philosophe reprit en gémissant : « Hé ! s’imaginera-t-on que les Esprits du T’ai chan agréent des sacrifices qui sont contraires aux rites, et qu’ils comprennent moins bien que Lin Fang, moins bien qu’un citoyen de Lou, ce qui est essentiel dans les cérémonies ? Je suis certain qu’ils n’agréent pas les sacrifices de Ki suenn. »

Sommaire Entretiens de Confucius

3.7

子曰:“君子无所争,必也射乎!揖让而升,下而饮,其争也君子。

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage n’a jamais de contestation. S’il en avait, ce serait certainement quand il tire à l’arc. Avant la lutte, il salue humblement ses adversaires et monte à l’endroit préparé. Après la lutte, il boit la liqueur que les vaincus sont condamnés à prendre. Même quand il lutte, il est toujours sage.
 
D’après les règles du tir solennel, le président divisait les archers en trois groupes de trois hommes chacun. Le moment arrivé, les trois compagnons partaient et s’avançaient ensemble, se saluaient trois fois, témoignaient trois fois leur respect mutuel, et montaient à l’endroit préparé pour le tir. Après le tir, ils se saluaient une fois, descendaient, puis, se tenant debout, ils attendaient que les autres groupes eussent fini de tirer. Les vainqueurs, se plaçant en face des vaincus, les saluaient trois fois. Ceux-ci montaient de nouveau au lieu du tir, prenaient les coupes et, se tenant debout, buvaient la liqueur qu’ils devaient accepter à titre de châtiment. Ordinairement, quand on offrait à boire, on présentait les coupes. Mais, après le tir à l’arc, on obligeait les vaincus à prendre eux-mêmes les coupes, sans leur faire aucune invitation polie, afin de montrer que c’était une peine. Ainsi les anciens sages, même quand ils se disputaient la victoire, étaient conciliants et patients, se saluaient et se témoignaient mutuellement leur respect. De cette manière, au milieu même de la lutte, ils montraient toujours une égale sagesse. Vraiment le sage n’a jamais de contestation.

Sommaire Entretiens de Confucius

3.8

子夏问曰:“‘巧笑倩兮,美目盼兮,素以为绚兮。’何谓也?”子曰:“绘事后素。”曰:“礼后乎?”子曰:“起予者商也!始可与言诗已矣。

Tzeu hia dit à Confucius :

— On lit dans le Cheu king : Un sourire agréable plisse élégamment les coins de sa bouche ; ses beaux yeux brillent d’un éclat mêlé de noir et de blanc. Un fond blanc reçoit une peinture de diverses couleurs.

Que signifient ces paroles ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Avant de peindre, il faut avoir un fond blanc.

Tzeu hia reprit :
— Ces paroles ne signifient-elles pas que les cérémonies extérieures exigent avant tout et présupposent la sincérité des sentiments ?

Le Maître [Confucius] dit :

— Tzeu hia sait éclaircir ma pensée. A présent je puis lui expliquer les odes du Cheu king.

Un homme dont la bouche est élégante et les yeux brillants peut recevoir divers ornements, de même qu’un fond blanc peut recevoir une peinture variée. Les anciens empereurs ont institué les cérémonies afin qu’elles fussent l’élégante expression et comme l’ornement des sentiments du cœur. Les cérémonies présupposent comme fondement la sincérité des sentiments, de même qu’une peinture exige d’abord un fond blanc.

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3.9

子曰:“夏礼,吾能言之,杞不足徵也;殷礼,吾能言之,宋不足徵也。文献不足故也,足则吾能徵之矣。

Le Maître [Confucius] dit :

— Je puis exposer les cérémonies de la dynastie des Hia. Mais je ne puis prouver ce que j’en dirais ; car les princes de K’i (descendants des Hia) n’observent plus ces cérémonies et ne peuvent les faire connaître avec certitude. Je puis exposer les cérémonies de la dynastie des In. Mais les témoignages font défaut ; car les princes de Soung, descendants des In, n’observent plus ces cérémonies et ne peuvent en donner une connaissance certaine. Les princes de K’i et de Soung ne peuvent faire connaître avec certitude les cérémonies des Hia et des In, parce que les documents et les hommes leur font défaut. S’ils ne faisaient pas défaut, j’aurais des témoignages.

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3.10

子曰:“禘自既灌而往者,吾不欲观之矣。

Le Maître [Confucius] dit :

— Dans la cérémonie Ti, faite par le prince de Lou, tout ce qui suit les libations me déplaît ; je n’en puis supporter la vue.

Confucius blâme l’autorisation accordée aux princes de Lou de faire une cérémonie qui aurait dû être réservée à l’empereur. Anciennement, l’empereur, après avoir fait des offrandes au fondateur de la dynastie régnante, en faisait au père du fondateur de la dynastie, et, en même temps, au fondateur lui-même. Cette cérémonie avait lieu tous les cinq ans, et s’appelait Ti.

Comme Tcheou koung s’était signalé par d’éclatants services et avait été créé prince de Lou par son frère Ou wang, Tch’eng wang, successeur de Ou wang, permit au prince de Lou de faire cette importante cérémonie. Le prince de Lou offrait donc le sacrifice Ti, dans le temple de Tcheou koung, à Wenn wang, comme au père du fondateur de la dynastie, et il associait à cet honneur Tcheou koung. Cette cérémonie était contraire aux anciens rites.

Les libations consistaient à répandre à terre, dès le commencement du sacrifice, une liqueur aromatisée, pour inviter les mânes à descendre. Au moment de ces libations, l’attention du prince de Lou et de ses ministres n’était pas encore distraite ; la vue de cette cérémonie était encore supportable. Mais, ensuite, ils s’abandonnaient peu à peu à l’insouciance et à la négligence ; ils offraient un spectacle pénible à voir.

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3.11

或问禘之说。子曰:“不知也。知其说者之于天下也,其如示诸斯乎!”指其掌

Quelqu’un ayant demandé à Confucius ce que signifiait le sacrifice Ti, Le Maître [Confucius] répondit :

— Je ne le sais pas. Celui qui le saurait n’aurait pas plus de difficulté à gouverner l’empire qu’à regarder ceci.

En disant ces mots, il montra la paume de sa main.

Les anciens empereurs ne montraient jamais mieux que dans le sacrifice Ti leur désir d’être reconnaissants envers leurs parents et d’honorer leurs ancêtres éloignés. C’est ce que ne pouvait comprendre cet homme qui avait interrogé sur la signification du sacrifice Ti. De plus, dans la principauté de Lou, où les princes accomplissaient cette cérémonie, il fallait éviter de rappeler la loi qui la défendait à tout autre qu’à l’empereur. Pour ces raisons, Confucius répondit : « Je ne le sais pas. » Sur cette question pouvait-il y avoir quelque chose que le Sage par excellence ignorât réellement ?

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3.12

祭如在,祭神如神在。子曰:“吾不与祭,如不祭。

Confucius faisait des offrandes à ses parents défunts et aux Esprits tutélaires, comme s’il les avait vus présents. Il disait :

— Un sacrifice auquel je n’assisterais pas en personne, et que je ferais offrir par un autre, ne me paraîtrait pas un sacrifice véritable.

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3.13

王孙贾问曰:“与其媚于奥,宁媚于竈,何谓也?”子曰:“不然,获罪于天,无所祷也。

Wang suenn Kia demanda quel était le sens de cet adage :

Il vaut mieux faire la cour au dieu du foyer qu’aux esprits tutélaires des endroits les plus retirés de la maison.

Le Maître [Confucius] répondit :

— L’un ne vaut pas mieux que l’autre. Celui qui offense le Ciel n’obtiendra son pardon par l’entremise d’aucun Esprit.

Wang suenn Kia était un grand préfet tout-puissant dans la principauté de Wei. Confucius était alors dans cette principauté. Wang suenn Kia soupçonnait qu’il avait l’intention de solliciter une charge. Il désirait qu’il s’attachât à lui ; mais il n’osait le lui dire ouvertement. Il eut donc recours à une allégorie, et lui dit : « D’après un proverbe, on offre des sacrifices auprès du foyer et dans les endroits retirés de la maison. Le foyer est la demeure du dieu du foyer. Bien que ce dieu soit d’un rang peu élevé, on lui offre un sacrifice particulier. Les endroits retirés de la maison sont les appartements situés à l’angle sud-ouest. Les esprits qui y demeurent sont d’un rang élevé ; néanmoins on ne leur offre pas de sacrifice particulier. Quand on veut sacrifier aux esprits pour obtenir une faveur, il vaut mieux faire la cour au dieu du foyer pour obtenir sa protection secrète, que de faire la cour aux esprits de la maison pour rendre hommage à leur inutile dignité. Cet adage populaire doit avoir un sens profond. Quelle est sa signification ? » En parlant ainsi, Wang suenn Kia se désignait lui-même sous la figure du dieu du foyer, et il désignait son prince sous la figure des esprits de la maison. Il voulait dire qu’il valait mieux s’attacher à lui que de rechercher la faveur du prince. Confucius devina sa pensée. Sans le reprendre ouvertement, il se contenta de lui répondre : « Je réprouve toute flatterie, soit à l’égard des esprits de la maison, soit à l’égard du dieu du foyer. Au-dessus des esprits de la maison et du dieu du foyer, il y a le Ciel, qui est souverainement noble et n’a pas d’égal. Celui qui se conduit d’après les lumières de la droite raison est récompensé par le Ciel. Celui qui agit contrairement à la droite raison est puni par le Ciel. Si quelqu’un ne sait pas rester dans les limites de sa condition, ni suivre la droite raison, il offense le Ciel. Celui qui offense le Ciel, où trouvera-t-il un protecteur qui lui obtienne son pardon ?

Sommaire Entretiens de Confucius

3.14

子曰:“周监于二代,郁郁乎文哉!吾从周。

Le Maître [Confucius] dit :

— La dynastie des Tcheou a consulté et copié les lois des deux dynasties précédentes. Que les lois des Tcheou sont belles ! Moi, j’observe les lois des Tcheou.

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3.15

子入大庙,每事问。或曰:“孰谓鄹人之子知礼乎?入大庙,每事问。”子闻之曰:“是礼也。

Le Maître [Confucius], étant entré dans le temple dédié au plus ancien des princes de Lou, interrogea sur chacun des rites. Quelqu’un dit :

— Dira-t-on que le fils du citoyen de Tcheou connaît les rites ? Dans le temple du plus ancien de nos princes, il interroge sur chaque chose.

Le Maître [Confucius] en ayant été informé, répondit :

— En cela, je me suis conformé aux rites.

Dans la principauté de Lou, le temple du plus ancien des princes était celui de Tcheou koung. Tcheou est le nom d’une ville de la principauté de Lou. Chou leang Ho, père de Confucius, avait été préfet de cette ville. Confucius est appelé pour cette raison le fils du citoyen de Tcheou. Il naquit à Tcheou.

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3.16

子曰:“射不主皮,为力不同科,古之道也。

Le Maître [Confucius] dit :

— Quand on tire à l’arc, le mérite ne consiste pas à transpercer, mais à frapper le centre de la cible ; car les hommes ne sont pas tous d’égale force. Ainsi l’ont décidé les anciens.

Après avoir déployé la cible, on fixait en son milieu un morceau de cuir, qui formait le centre, et s’appelait Kou, petit oiseau. Les anciens avaient établi le tir à l’arc pour juger de l’habileté. L’essentiel était d’atteindre le centre de la cible, et non de la transpercer.

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3.17

子贡欲去告朔之饩羊。子曰:“赐也,尔爱其羊,我爱其礼。

Tzeu koung voulait supprimer l’usage de fournir aux frais de l’État une brebis, qui devait être offerte aux ancêtres à la nouvelle lune. Le Maître [Confucius] dit :

— Seu, vous tenez par économie à garder cette brebis ; moi, je tiens à conserver cette cérémonie.

A chaque nouvelle lune, les princes feudataires offraient à leurs ancêtres une brebis, et leur faisaient connaître leurs projets. Après les avoir invités, ils leur présentaient la victime encore vivante. A partir de Wenn koung, les princes de Lou avaient cessé de faire la cérémonie de la nouvelle lune ; cependant les officiers continuaient à fournir la brebis. Tzeu koung voulait abolir cette coutume, qui n’atteignait plus son but, et supprimer une dépense qu’il croyait inutile. Mais, bien que la cérémonie de la nouvelle lune eût été abandonnée, l’offrande de la brebis en rappelait le souvenir et pouvait en ramener l’usage. Si l’on avait supprimé l’obligation de fournir la brebis, la cérémonie elle-même aurait été entièrement oubliée.

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3.18

子曰:“事君尽礼,人以为谄也。

Le Maître [Confucius] dit :

— Envers mon prince j’observe exactement toutes les prescriptions. Les hommes m’accusent de flatterie, parce qu’eux-mêmes servent le prince négligemment.

Sommaire Entretiens de Confucius

3.19

定公问:“君使臣,臣事君,如之何?”孔子对曰:“君使臣以礼,臣事君以忠。

Ting, prince de Lou, demanda comment un prince devait conduire ses sujets, et comment les sujets devaient obéir à leur prince. Confucius répondit :

— Le prince doit commander à ses sujets selon les prescriptions, et les sujets doivent lui obéir avec fidélité.

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3.20

子曰:“关雎,乐而不淫,哀而不伤。

Le Maître [Confucius] dit :

— L’ode Kouàn ts’iù exprime la joie et non la licence, la douleur et non l’abattement.

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3.21

哀公问社于宰我。宰我对曰:“夏后氏以松,殷人以柏,周人以栗,曰使民战栗。”子闻之曰:“成事不说,遂事不谏,既往不咎。

Ngai, prince de Lou, ayant interrogé Tsai Ngo au sujet des autels élevés en l’honneur de la Terre, Tsai Ngo répondit :

— Les Hia y plantaient des pins, et les In, des cyprès. Les Tcheou y plantent des châtaigniers, afin d’inspirer au peuple la crainte et la terreur.

Le Maître [Confucius] entendant ces paroles dit :

— Rien ne sert de parler des choses qui sont déjà accomplies, ni de faire des remontrances sur celles qui sont déjà très avancées, ni de blâmer ce qui est passé.

Tsai Ngo, nommé Iu, était disciple de Confucius. Les anciens plantaient auprès des autels érigés à la Terre les arbres qui convenaient le mieux au terrain. Tsai Ngo avait mal interprété leur intention et prêté aux princes actuellement régnants le désir de châtier et de mettre à mort leurs sujets. Confucius l’en reprit sévèrement, et lui marqua plusieurs choses dont il ne convenait pas de parler.

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3.22

子曰:“管仲之器小哉!”或曰:“管仲俭乎?”曰:“管氏有三归,官事不摄,焉得俭?”“然则管仲知礼乎?”曰:“邦君树塞门,管氏亦树塞门;邦君为两君之好,有反坫,管氏亦有反坫。管氏而知礼,孰不知礼?

Le Maître [Confucius] dit :

— Que Kouan Tchoung a l’esprit étroit !

Quelqu’un demanda si Kouan Tchoung était trop parcimonieux. Confucius répondit :

— Le chef de la famille Kouan a élevé à grands frais la tour de San kouei ; dans sa maison aucun officier n’est chargé de deux emplois. Comment pourrait-on le croire trop économe ?

— Mais, reprit l’interlocuteur, s’il fait tant de dépenses, n’est-ce pas parce qu’il connaît les convenances ?

Confucius répliqua :

— Les princes ont une cloison devant la porte de leurs palais ; le chef de la famille Kouan a aussi une cloison devant sa porte. Quand les princes ont une entrevue amicale, ils ont une crédence sur laquelle on renverse les coupes ; Kouan Tchoung a une crédence semblable. Si le chef de la famille Kouan connaît les convenances, quel est celui qui ne les connaît pas ?

Kouan Tchoung, nommé I ou, grand préfet de Ts’i, aida Houan, prince de Ts’i, à établir son autorité sur tous les grands feudataires. Il avait l’esprit étroit, il ne connaissait pas les grands principes de conduite suivis et enseignés par les sages.

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3.23

子语鲁大师乐。曰:“乐其可知也:始作,翕如也;从之,纯如也,皦如也,绎如也,以成。

Le Maître [Confucius], instruisant le grand directeur de musique de Lou, dit :

— Les règles de la musique sont faciles à connaître. Les divers instruments commencent par jouer tous ensemble ; ils jouent ensuite d’accord, distinctement et sans interruption, jusqu’à la fin du morceau.

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3.24

仪封人请见。曰:“君子之至于斯也,吾未尝不得见也。”从者见之。出曰:“二三子,何患于丧乎?天下之无道也久矣,天将以夫子为木铎。

Dans la ville de I, un officier préposé à la garde des frontières demanda à lui être présenté, en disant :

— Chaque fois qu’un sage est venu dans cette ville, il m’a toujours été donné de le voir.

Les disciples, qui avaient suivi Confucius dans son exil, introduisirent cet officier auprès de leur maître. Cet homme dit en se retirant :

— Disciples, pourquoi vous affligez-vous de ce que votre maître a perdu sa charge ? Le désordre est dans l’empire depuis longtemps déjà. Mais le Ciel va donner au peuple en ce grand sage un héraut de la vérité.

Il y avait deux sortes de clochettes. L’une, à battant de métal, servait pour les affaires militaires. L’autre, à battant de bois, servait à l’officier chargé d’enseigner ou d’avertir le peuple.

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3.25

子谓韶,“尽美矣,又尽善也。”谓武,“尽美矣,未尽善也”。

Le Maître [Confucius] disait que les Chants du Successeur étaient tout à fait beaux et doux ; que les Chants du Guerrier étaient tout à fait beaux, mais non tout à fait doux.

Les chants de Chouenn sont appelés les Chants du Successeur, parce qu’il succéda à l’empereur Iao, et comme lui, gouverna parfaitement. Les chants de Ou wang sont nommés les Chants du Guerrier, parce qu’ils célèbrent les exploits de Ou wang, qui délivra le peuple de la tyrannie de Tcheou. Les Chants du Successeur sont au nombre de neuf, parce qu’il y eut neuf péripéties ; les Chants du Guerrier sont au nombre de six, parce qu’il y eut six péripéties.

Sommaire Entretiens de Confucius

3.26

子曰:“居上不宽,为礼不敬,临丧不哀,吾何以观之哉?”

Le Maître [Confucius] dit :

— De quelle règle puis-je me servir pour juger la conduite d’un homme qui exerce une haute autorité avec un cœur étroit, qui s’acquitte d’une cérémonie sans respect, ou qui, à la mort de son père ou de sa mère, est sans douleur ?
 

Chapitre 4

里仁 – Li Ren

4.1

子曰:“里仁为美。择不处仁,焉得知?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un bon voisinage est celui où règne la probité. Pourrait-on appeler sage un homme qui, ayant à choisir un lieu pour sa demeure, ne voudrait pas avoir des voisins honnêtes ?

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4.2

子曰:“不仁者不可以久处约,不可以长处乐。仁者安仁,知者利仁。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un homme qui n’est pas vertueux ne peut demeurer longtemps dans l’indigence ou dans l’opulence sans devenir plus mauvais. Un homme vertueux trouve son bonheur dans la vertu ; un homme sage n’ambitionne que le trésor de la vertu.

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4.3

子曰:“唯仁者能好人,能恶人。”

 Le Maître [Confucius] dit :

— Seul l’homme vertueux sait aimer et haïr les hommes comme il convient.

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4.4

子曰:“苟志于仁矣,无恶也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui s’applique sérieusement à cultiver la vertu s’abstient de mal faire.

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4.5

子曰:“富与贵是人之所欲也,不以其道得之,不处也;贫与贱是人之所恶也,不以其道得之,不去也。君子去仁,恶乎成名?君子无终食之间违仁,造次必于是,颠沛必于是。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Les richesses et les honneurs sont très ambitionnés des hommes ; si vous ne pouvez les obtenir par des voies honnêtes, ne les acceptez pas. La pauvreté et l’abjection sont en horreur aux hommes ; si elles vous viennent, même sans aucune faute de votre part, ne les fuyez pas. Si l’homme sage abandonne la voie de la vertu, comment soutiendra-t-il son titre de sage ? L’homme sage ne l’abandonne jamais, pas même le temps d’un repas. Il y demeure toujours, même au milieu des affaires les plus pressantes, même au milieu des plus grands troubles.

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4.6

子曰:“我未见好仁者,恶不仁者。好仁者,无以尚之;恶不仁者,其为仁矣,不使不仁者加乎其身。有能一日用其力于仁矣乎?我未见力不足者。盖有之矣,我未之见也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Je n’ai pas encore vu, un homme qui aimât vraiment la vertu et haït sincèrement le vice. Celui qui aime vraiment la vertu la préfère à toute autre chose ; celui qui hait sincèrement le vice cultive la vertu, et fuit toute atteinte du mal. Est-il un homme qui travaille de toutes ses forces à pratiquer la vertu un jour entier ? Je n’ai jamais vu aucun homme qui n’eût pas assez de forces pour être vertueux. Peut-être en existe-t-il ; mais je n’en ai jamais vu.

Tout homme, s’il fait des efforts sérieux, peut atteindre la perfection.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.7

子曰:“人之过也,各于其党。观过,斯知仁矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Chaque classe d’hommes tombe dans un excès qui lui est particulier. On peut connaître la vertu d’un homme en observant ses défauts.

L’homme vertueux excède toujours en libéralité, et l’homme vulgaire, en parcimonie ; l’homme vertueux, en bienfaisance, et l’homme vulgaire, en dureté de cœur. En voyant les défauts d’un homme, on peut connaître s’il est vertueux ou non.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.8

子曰:“朝闻道,夕死可矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui le matin a compris les enseignements de la sagesse, le soir peut mourir content.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.9

子曰:“士志于道,而耻恶衣恶食者,未足与议也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un homme qui se livre à l’étude de la sagesse, s’il rougit d’un vêtement grossier et d’une nourriture ordinaire, ne mérite pas de recevoir mes enseignements.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.10

子曰:“君子之于天下也,无适也,无莫也,义之与比。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Dans le gouvernement de l’empire, le sage ne veut ni ne rejette rien avec opiniâtreté. La justice est sa règle.

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4.11

子曰:“君子怀德,小人怀土;君子怀刑,小人怀惠。”

Le Maître [Confucius] dit :

— L’homme sage aspire à la perfection, et l’homme vulgaire, au bien-être ; l’homme sage s’attache à observer les lois, et l’homme vulgaire, à s’attirer des faveurs.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.12

子曰:“放于利而行,多怨。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui dans ses entreprises cherche uniquement son intérêt propre excite beaucoup de mécontentements.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.13

子曰:“能以礼让为国乎?何有?不能以礼让为国,如礼何?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui, dans le gouvernement de l’État, montre cette déférence qui fait le fondement de l’urbanité, quelle difficulté rencontrera-t-il ? Celui qui dans le gouvernement n’a pas la déférence requise par l’urbanité, quelle urbanité peut-il avoir ?

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4.14

子曰:“不患无位,患所以立;不患莫己知,求为可知也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ne soyez pas en peine de ce que vous n’ayez pas de charge ; mettez-vous en peine de vous rendre digne d’être élevé à une charge. Ne soyez pas en peine de ce que personne ne vous connaît ; travaillez à vous rendre digne d’être connu.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.15

子曰:“参乎!吾道一以贯之。”曾子曰:“唯。”子出。门人问曰:“何谓也?”曾子曰:“夫子之道,忠恕而已矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ma doctrine se réduit à une seule chose qui embrasse tout.

Tseng tzeu répondit :

— Certainement.

Lorsque Le Maître [Confucius] se fut retiré, ses disciples demandèrent ce qu’il avait voulu dire. Tseng tzeu répondit :

— Toute la sagesse de notre maître consiste à se perfectionner soi-même et à aimer les autres comme soi-même.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.16

子曰:“君子喻于义,小人喻于利。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le disciple de la sagesse est très intelligent en ce qui concerne le devoir, et l’homme vulgaire, en ce qui concerne l’intérêt propre.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.17

子曰:“见贤思齐焉,见不贤而内自省也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Quand vous voyez un homme sage, pensez à l’égaler en vertu. Quand vous voyez un homme dépourvu de vertu, examinez-vous vous-même.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.18

子曰:“事父母几谏。见志不从,又敬不违,劳而不怨。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si vos parents tombent dans une faute, avertissez-les avec grande douceur. Si vous les voyez déterminés à ne pas suivre vos avis, redoublez vos témoignages de respect, et réitérez vos remontrances. Quand même ils vous maltraiteraient, n’en ayez aucun ressentiment.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.19

子曰:“父母在,不远游。游必有方。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Durant la vie de vos parents, n’allez pas voyager au loin. Si vous voyagez, que ce soit dans une direction déterminée.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.20

子曰:“父母之年,不可不知也。一则以喜,一则以惧。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Vous devez vous rappeler souvent l’âge de vos parents, vous réjouir de leur longévité, et craindre qu’ils ne viennent à mourir.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.21

子曰:“古者言之不出,耻躬之不逮也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Les anciens n’osaient pas émettre de maximes ; ils craignaient que leurs actions ne répondissent pas à leurs paroles.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.22

子曰:“以约失之者,鲜矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— On s’égare rarement en s’imposant à soi-même des règles sévères.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.23

子曰:“君子欲讷于言,而敏于行。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage s’applique à être lent dans ses discours et diligent dans ses actions.

Sommaire Entretiens de Confucius

4.24

子曰:“德不孤,必有邻。”

Le Maître [Confucius] dit :

— La vertu ne va jamais seule ; un homme vertueux attire toujours des imitateurs.

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4.25

子游曰:“事君数,斯辱矣,朋友数,斯疏矣。”

Tzeu iou dit :

— Celui qui par des avis réitérés se rend importun à son prince tombe dans la disgrâce ; celui qui par des remontrances réitérées se rend importun à son ami perd son amitié.

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  Chapitre 5

公冶长 – Gong Ye Chang

5.1

子谓公冶长,“可妻也。虽在缧绁之中,非其罪也”。以其子妻之。 子谓南容,“邦有道,不废;邦无道,免于刑戮。”以其兄之子妻之。

Le Maître [Confucius] dit que Koung ie Tch’ang était un homme à qui l’on pouvait convenablement donner une fille en mariage ; que, bien qu’il fût dans les fers, il n’avait mérité aucun châtiment. Il lui donna sa fille en mariage. Le Maître [Confucius] dit que Nan Ioung, dans un État bien gouverné, aurait toujours une charge ; que, dans un État mal gouverné, il saurait échapper aux tourments et à la peine capitale. Il lui donna en mariage la fille de son frère.

Nan Ioung, disciple de Confucius, habitait Nan koung.

Il s’appelait T’ao et Kouo. Son surnom était Tzeu ioung, et son nom posthume King chou. Il était le frère aîné de Meng I tzeu.

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5.2

子谓南容,“邦有道,不废;邦无道,免于刑戮。”以其兄之子妻之。

Le Maître [Confucius] dit de Tzeu tsien :

— Quelle sagesse est en cet homme ! Si la principauté de Lou n’avait pas de sages, où celui-ci aurait-il puisé une telle sagesse ?

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5.3

子谓子贱,“君子哉若人!鲁无君子者,斯焉取斯?”

Tzeu koung demanda :

— Que dites-vous de moi ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Vous êtes un vase.

Tzeu koung reprit :

— Quel vase ?

— Un vase pour les offrandes, dit Confucius.

Les vases que les Hia appelaient hou, ceux que les Chang appelaient lien, et ceux que let Tcheou appelaient fou et kouei, servaient à offrir le millet dans les temples des ancêtres ; ils étaient ornés de pierres précieuses. Bien que Tzeu koung ne fût encore qu’un vase, c’était un vase très noble. Ses talents lui permettaient de traiter les affaires publiques et d’exercer la charge de grand préfet, ce qui était honorable. Son langage avait une élégance remarquable, ce qui faisait comme l’ornement de sa personne.

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5.4

子贡问曰:“赐也何如?”子曰:“女器也。”曰:“何器也?”曰:“瑚琏也。”

Quelqu’un dit :

— Ioung est très vertueux, mais peu habile à parler.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Que sert d’être habile à parler ? Ceux qui reçoivent tout le monde avec de belles paroles, qui viennent seulement des lèvres, et non du cœur, se rendent souvent odieux. Je ne sais si Ioung est vertueux ; mais que lui servirait d’être habile à parler ?

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5.5

或曰:“雍也,仁而不佞。”子曰:“焉用佞?御人以口给,屡憎于人。不知其仁,焉用佞?”

Le Maître [Confucius] ayant engagé Ts’i tiao Kai à exercer une charge, celui-ci répondit :

— Je ne suis pas encore parvenu à savoir parfaitement.

Cette réponse réjouit Le Maître [Confucius].

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5.6

子曰:“道不行,乘桴浮于海。从我者其由与?”子路闻之喜。子曰:“由也好勇过我,无所取材。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ma doctrine n’est pas mise en pratique. Si je montais sur un radeau et me confiais aux flots de la mer, celui qui me suivrait, ne serait-ce pas Iou ?

Tzeu Iou, entendant ces paroles, en éprouva une grande joie. Le Maître [Confucius] dit :

— Iou a plus d’audace que moi ; mais il n’a pas le discernement nécessaire pour bien juger.

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5.7

孟武伯问:“子路仁乎?”子曰:“不知也。”又问。子曰:“由也,千乘之国,可使治其赋也,不知其仁也。”“求也何如?”子曰:“求也,千室之邑,百乘之家,可使为之宰也,不知其仁也。”“赤也何如?”子曰:“赤也,束带立于朝,可使与宾客言也,不知其仁也。”

Meng Ou pe demanda si la vertu de Tzeu Iou était parfaite. Le Maître [Confucius] répondit :

— Je ne le sais pas.

Meng Ou pe renouvela la même question. Le Maître [Confucius] répondit :

 — Iou est capable de former les troupes d’une principauté qui possède mille chariots de guerre. Je ne sais pas si sa vertu est parfaite.

— Que pensez-vous de K’iou ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— K’iou est capable de gouverner une ville de mille familles, ou la maison d’un grand préfet, qui a cent chariots de guerre. Je ne sais pas s’il est parfaitement vertueux.

Une principauté qui possède mille chariots de guerre est celle d’un grand prince. Une maison qui a cent chariots de guerre est celle d’un ministre d’État ou d’un grand préfet. Le titre de gouverneur désigne le préfet d’une ville et l’intendant de la maison d’un grand dignitaire. Le préfet d’une ville a la direction des personnes, et l’intendant d’une maison, celle des affaires.

Meng Ou pe demanda :

— Que dites-vous de Tch’eu ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Tch’eu serait capable de se tenir en habits de cour auprès d’un prince, et de converser avec les hôtes et les visiteurs. Je ne sais pas si sa vertu est parfaite.

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5.8

子谓子贡曰:“女与回也孰愈?”对曰:“赐也何敢望回。回也闻一以知十,赐也闻一以知二。”子曰:“弗如也!吾与女弗如也。”

Le Maître [Confucius] dit à Tzeu koung :

— Lequel des deux l’emporte sur l’autre, de vous ou de Houei ?

Tzeu koung répondit :

— Comment oserais-je me mettre en parallèle avec Houei ? Il suffit à Houei d’entendre expliquer une chose pour qu’il en comprenne dix. Moi, quand j’en ai entendu expliquer une, je n’en comprends que deux.

Le Maître [Confucius] dit :

— Vous lui êtes inférieur ; je suis de votre avis, vous lui êtes inférieur.

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5.9

宰予昼寝。子曰:“朽木不可雕也,粪土之墙不可圬也,于予与何诛。”子曰:“始吾于人也,听其言而信其行;今吾于人也,听其言而观其行。于予与改是。”

Tsai Iu restait au lit pendant le jour. Le Maître [Confucius] dit :

— Un morceau de bois pourri ne peut être sculpté ; un mur de fumier et de boue ne peut être crépi. Que sert de réprimander Iu ? Auparavant, quand j’avais entendu parler un homme, je croyais que sa conduite répondait à ses paroles. A présent, quand j’ai entendu parler un homme, j’observe ensuite si ses actions répondent à ses paroles. C’est Iu qui m’a fait changer la règle de mes jugements.

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5.10

子曰:“吾未见刚者。”或对曰:“申枨。”子曰:“枨也欲,焉得刚?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Je n’ai pas encore vu un homme qui eût une fermeté d’âme inflexible.

Quelqu’un dit :

— Chenn Tch’ang.
Le Maître [Confucius] répondit :

— Tch’ang est l’esclave de ses passions ; comment aurait-il la fermeté d’âme ?

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5.11

子贡曰:“我不欲人之加诸我也,吾亦欲无加诸人。”子曰:“赐也,非尔所及也。”
Tzeu koung dit :

— Ce que je ne veux pas que les autres me fassent, je désire ne pas le faire aux autres.
Le Maître [Confucius] répondit :
— Seu, vous n’avez pas encore atteint cette perfection.

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5.12

子贡曰:“夫子之文章,可得而闻也;夫子之言性与天道,不可得而闻也。”

Tzeu koung dit :

— Il est donné à tous les disciples d’entendre les leçons du Maître sur la tenue du corps et les bienséances, mais non ses enseignements sur la nature de l’homme et l’action du Ciel.

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5.13

子路有闻,未之能行,唯恐有闻。

Quand Tzeu lou avait reçu un enseignement, il craignait d’en recevoir un nouveau, jusqu’à ce qu’il fût parvenu à mettre en pratique le premier.

Tzeu lou s’empressait moins d’apprendre du nouveau que de mettre en pratique ce qu’il savait déjà. Il désirait faire promptement ce qu’on lui avait enseigné et se préparer à recevoir plus tard de nouveaux enseignements. En voyant que, tant qu’il n’avait pas fait ce qu’on lui avait enseigné, il craignait d’apprendre du nouveau, on peut juger que, quand il l’avait fait, sa seule crainte était de ne pas recevoir de nouveaux enseignements.

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5.14

子贡问曰:“孔文子何以谓之文也?”子曰:“敏而好学,不耻下问,是以谓之文也。”

Tzeu koung demanda pourquoi K’oung Wenn tzeu avait reçu après sa mort le nom de Wenn, Poli ou Cultivé. Le Maître [Confucius] répondit :

— Bien qu’il fût très intelligent, il aimait à être enseigné ; il n’avait pas honte d’interroger même ses inférieurs. C’est pour cette raison qu’il a reçu le nom posthume de Wenn.

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5.15

子谓子产,“有君子之道四焉:其行己也恭,其事上也敬,其养民也惠,其使民也义。”

Le Maître [Confucius] dit que Tzeu tch’ang pratiquait parfaitement quatre vertus : à savoir, la déférence envers ses égaux, le respect envers ses supérieurs, la bienfaisance envers le peuple, la justice envers ses sujets.

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5.16

子曰:“晏平仲善与人交,久而敬之。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ien P’ing tchoung est admirable dans ses relations avec ses amis ; leur intimité eût-elle duré depuis longtemps, il les traite toujours, avec respect.

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5.17

子曰:“臧文仲居蔡,山节藻梲,何如其知也?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Tsang Wenn tchoung a fait bâtir, pour loger une grande tortue, un édifice où la sculpture a figuré des montagnes sur les chapiteaux des colonnes, et la peinture a représenté des algues marines sur les colonnettes du toit. Peut-on dire que ce soit un homme éclairé ?

Tsang Wenn tchoung, nommé Tch’enn, chef de la famille Tsang suenn, était grand préfet dans la principauté de Lou. Ts’ai, grande tortue, ainsi nommée parce qu’elle provenait du pays de Ts’ai (aujourd’hui compris dans le Jou gning fou, province de Ho nan). Wenn tchoung croyait qu’une tortue entourée de tant d’honneurs ferait certainement descendre les faveurs célestes. Il ignorait que la tortue n’a d’usage que pour la divination, qu’elle peut seulement donner des présages heureux ou malheureux, mais ne peut pas dispenser les biens et les maux. Méritait-il de passer pour un homme éclairé ?

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5.18

子张问曰:“令尹子文三仕为令尹,无喜色;三已之,无愠色。旧令尹之政,必以告新令尹。何如?”子曰:“忠矣。”曰:“仁矣乎?”曰:“未知,焉得仁?”“崔子弑齐君,陈文子有马十乘,弃而违之。至于他邦,则曰:‘犹吾大夫崔子也。’违之。之一邦,则又曰:‘犹吾大夫崔子也。’违之。何如?”子曰:“清矣。”曰:“仁矣乎?”曰:“未知。焉得仁?”

Tzeu tchang dit :

— Tzeu wenn, premier ministre de Tch’ou, fut trois fois élevé aux honneurs et créé premier ministre ; il n’en manifesta aucune joie. Il fut trois fois dépouillé de sa charge ; il n’en manifesta aucun mécontentement. En quittant la charge de premier ministre, il faisait connaître à son successeur ses actes administratifs. Que faut-il penser de lui ?

Le Maître [Confucius] dit :

— Il a été fidèle au devoir.

Tzeu tchang reprit :

— Sa vertu a-t-elle été parfaite ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Je ne le sais pas ; son indifférence pour les charges est-elle la perfection ?

Tzeu tchang dit :

— Ts’ouei tzeu, ayant tué son prince, le prince de Ts’i, Tch’enn Wenn tzeu, qui avait dix attelages de quatre chevaux, abandonna ses richesses, et quitta sa terre natale , Arrivé dans une autre principauté, il dit : « Ici les officiers ressemblent à notre grand préfet Ts’ouei tzeu. » Et il s’en alla. Quand il arrivait dans une nouvelle principauté, il disait toujours : « Ici les officiers ressemblent à notre grand préfet Ts’ouei tzeu. » Et il se retirait. Que faut-il penser de lui ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Il craignait la moindre souillure.

Tzeu tchang reprit :

— Sa vertu a-t-elle été parfaite ?

Confucius répondit :

— Je ne le sais pas ; a-t-il atteint la perfection de la vertu ?

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5.19

季文子三思而后行。子闻之,曰:“再,斯可矣。”

Ki Wenn tzeu réfléchissait à plusieurs reprises, avant de faire une chose. Le Maître [Confucius], l’ayant appris, dit :

— Il suffit de réfléchir deux fois.

Ki Wenn tzeu, nommé Hing fou, était grand préfet dans la principauté de Lou. Avant de faire une chose, on doit réfléchir, mais pas trop. Après avoir réfléchi deux fois, on peut prendre une détermination. Un troisième examen fait naître des intentions peu louables, et obscurcit les idées, au lieu de les éclaircir. L’important est de prendre la justice pour règle de ses actions.

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5.20

子曰:“甯武子邦有道则知,邦无道则愚。其知可及也,其愚不可及也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Gning Ou tzeu se montra prudent, tant que l’État fut bien gouverné, et imprudent, quand l’État fut mal gouverné. Sa prudence peut être imitée ; son imprudence est au-dessus de toute imitation.

Gning Ou tzeu, nommé Iu, était grand préfet dans la principauté de Wei. D’après les commentateurs du Tch’ouenn ts’iou, il exerça cette charge sous le prince Wenn et sous le prince Tch’eng. Le prince Wenn sut bien gouverner ; sous son règne, Ou tzeu ne s’attira aucune difficulté. En cela, il montra une prudence qui peut être égalée. Le prince Tch’eng gouverna si mal qu’il perdit le pouvoir souverain. Ou tzeu prit soin de réparer les fautes du prince, avec le plus entier dévouement, bravant les souffrances et les périls. Les affaires dans lesquelles il s’est engagé étaient toutes de celles que les officiers prudents et rusés (uniquement occupés de leurs propret intérêts) évitent soigneusement et ne consentent par à entreprendre. Cependant il a su jusqu’à la fin conserver sa personne et servir son prince. En cela son imprudence est au-dessus de toute imitation.

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5.21

子在陈曰:“归与!归与!吾党之小子狂简,斐然成章,不知所以裁之。”

Le Maître [Confucius], étant dans la principauté de Tch’enn, dit :

— Retournerai-je, retournerai-je dans la principauté de Lou ? Les disciples que j’avais dans mon pays ont des aspirations élevées, s’appliquent peu aux choses vulgaires et sont d’une distinction remarquable. Mais ils ne savent pas comment régler ces bonnes qualités.

Confucius parcourait les différentes principautés, répandant partout ses enseignements. Lorsqu’il était dans la principauté de Tch’enn, voyant que sa doctrine n’était pas mise en pratique, il résolut de fonder une école, qui lui survécût et transmît ses préceptes aux âges futurs. Comme il ne trouvait pas de disciples capables de garder toujours le juste milieu, il pensa à ceux qu’il avait laissés dans la principauté de Lou, et qui étaient d’une capacité un peu moindre. Il jugea que des hommes aux aspirations élevées pourraient faire des progrès dans la voie de la vertu. Il craignait seulement qu’ils n’allassent au-delà des justes limites, ne s’écartassent du droit chemin, et ne tombassent dans l’erreur. Pour cette raison, il voulait retourner dans son pays et modérer leur ardeur excessive.

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5.22

子曰:“伯夷、叔齐不念旧恶,怨是用希。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Pe i et Chou ts’i oubliaient les défauts passés d’autrui ; aussi avaient-ils peu d’ennemis.

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5.23

子曰:“孰谓微生高直?或乞醯焉,乞诸其邻而与之。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Qui pourra encore louer la droiture de Wei cheng Kao ? Quelqu’un lui ayant demandé du vinaigre, il en demanda lui-même à l’un de ses voisins pour le lui donner.

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5.24

子曰:“巧言、令色、足恭,左丘明耻之,丘亦耻之。匿怨而友其人,左丘明耻之,丘亦耻之。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Employer un langage étudié, prendre un extérieur trop composé, donner des marques de déférence excessives, c’est ce que Tsouo K’iou ming aurait rougi de faire ; moi aussi, j’en aurais honte. Haïr un homme au fond du cœur et le traiter amicalement, c’est ce que Tsouo K’iou ming aurait rougi de faire ; moi aussi, j’en aurais honte.

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5.25

颜渊、季路侍。子曰:“盍各言尔志?”子路曰:“愿车马、衣轻裘,与朋友共。敝之而无憾。”颜渊曰:“愿无伐善,无施劳。”子路曰:“愿闻子之志。”子曰:“老者安之,朋友信之,少者怀之。”

Le Maître [Confucius] dit à Ien Iuen et à Tzeu lou, qui se tenaient auprès de lui :

— Pourquoi ne me diriez-vous pas chacun quels seraient vos désirs ?

Tzeu lou répondit :

— Je désirerais partager avec mes amis l’usage de mes voitures, de mes chevaux, de mes tuniques garnies de fine fourrure ; et, si mes amis les maltraitaient ou les gâtaient, n’en éprouver aucun mécontentement.

Tzeu lou répondit : « On doit partager avec tout l’univers l’usage des choses de tout l’univers. »

Ien Iuen dit :

— Je désirerais ne pas vanter mes bonnes qualités, ne pas exagérer mes bons services.
Tzeu lou reprit :

— Maître, je serais heureux d’apprendre quel serait votre désir.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Pourvoir abondamment aux nécessités des vieillards, mériter la confiance de mes amis, aider avec affection les enfants et les jeunes gens.

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5.26

子曰:“已矣乎!吾未见能见其过而内自讼者也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Faut-il donc désespérer de voir un homme qui reconnaisse ses fautes, et se les reproche en secret ? Moi, je n’en ai pas encore vu.

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5.27

子曰:“十室之邑,必有忠信如丘者焉,不如丘之好学也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Dans un village de dix familles, il se trouve certainement des hommes à qui la nature a donné, comme à moi, des dispositions à la fidélité et à la sincérité ; mais il n’en est pas qui travaillent comme moi à connaître et à pratiquer ces vertus.

 

Confucius, pour exciter les hommes à cultiver la vertu, dit : « Il est facile de trouver des hommes doués d’excellentes dispositions naturelles ; mais on entend rarement citer un homme qui ait des vertus parfaites. Celui qui s’applique de toutes ses forces à cultiver la vertu peut devenir un très grand sage. Celui qui ne s’y applique pas ne sera jamais qu’un homme inculte, et comme un paysan grossier. »

Chapitre 6

雍也 – Yong Ye

6.1

子曰:“雍也可使南面。” 仲弓问子桑伯子,子曰:“可也简。”仲弓曰:“居敬而行简,以临其民,不亦可乎?居简而行简,无乃大简乎?”子曰:“雍之言然。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ioung est capable de régler les affaires publiques, le visage tourné vers le midi.

Tchoung koung interrogea Confucius sur Tzeu sang Pe tzeu. Le Maître [Confucius] répondit :

— Il a de bonnes qualités ; il se contente aisément.

Tchoung koung dit :

— Etre soi-même toujours diligent, et ne pas exiger trop de son peuple, n’est-ce pas louable ? Mais être soi-même négligent, et, dans l’administration, exiger peu des autres, n’est-ce pas se contenter trop facilement ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Ioung, vous dites vrai.

Si un officier prend la ferme résolution d’être diligent, il a une détermination, et se gouverne lui-même avec sévérité. Si de plus il exige peu du peuple, les charges imposées ne sont pas nombreuses, et le peuple n’est pas molesté. Mais s’il se propose avant tout de se contenter aisément, il n’a pas de détermination, et il est très indulgent envers lui-même. Si de plus, dans les affaires, il se contente de peu, n’est-ce pas une négligence excessive et l’abandon de toutes les lois ? Dans les Traditions de famille sur Confucius, il est rapporté que Tzeu sang Pe tzeu ne portait à la maison ni tunique ni bonnet. Confucius l’a blâmé d’avoir voulu que les hommes vécussent comme les bœufs et les chevaux.

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6.2

哀公问:“弟子孰为好学?”孔子对曰:“有颜回者好学,不迁怒,不贰过。不幸短命死矣!今也则亡,未闻好学者也。”

Le prince Ngai demanda à Confucius quels étaient ceux de ses disciples qui s’appliquaient avec ardeur à l’étude et à la pratique de la vertu. Confucius répondit :
— Ien Houei s’y appliquait avec ardeur. Lorsqu’il était justement irrité contre quelqu’un, il n’étendait pas injustement sa colère à un autre. Il ne tombait jamais deux fois dans la même faute. Malheureusement, il a peu vécu. A présent, il n’est plus personne qui lui ressemble. Je n’ai entendu citer aucun homme qui aimât véritablement la sagesse.

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6.3

子华使于齐,冉子为其母请粟。子曰:“与之釜。”请益。曰:“与之庾。”冉子与之粟五秉。子曰:“赤之适齐也,乘肥马,衣轻裘。吾闻之也,君子周急不继富。”
原思为之宰,与之粟九百,辞。子曰:“毋!以与尔邻里乡党乎!”

Tzeu houa était dans la principauté de Ts’i chargé d’une mission. Jen tzeu demanda à Confucius du grain pour la mère de Tzeu houa. Le Maître [Confucius] dit :

— Je lui en donne six boisseaux et quatre dixièmes.

Jen tzeu en demanda davantage. Confucius dit :

— Je lui en donne seize boisseaux.

Jen tzeu lui en donna de son chef quatre cents boisseaux. Le Maître [Confucius] réprimanda Jen tzeu, et lui dit :

— Tzeu houa est allé à Ts’i dans une voiture traînée par des chevaux magnifiques, et avec des vêtements garnis de fine fourrure. J’ai entendu dire que le sage secourait les indigents ; mais n’ajoutait pas à l’opulence des riches.

Iuen seu était gouverneur d’une préfecture. Confucius lui donna neuf cents mesures de grain. Iuen seu, jugeant que c’était trop, refusa. Le Maître [Confucius] dit :

— Acceptez ; vous le distribuerez aux pauvres dans les hameaux, les villages, les villes et les bourgades de votre préfecture.

Un officier ne doit pas refuser le traitement ordinaire. S’il a du superflu, il fera bien de le distribuer aux pauvres et aux indigents.

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6.4

子谓仲弓曰:“犂牛之子騂且角,虽欲勿用,山川其舍诸?”

Le Maître [Confucius] dit en parlant de Tchoung koung :

— Si une génisse, née d’une vache au poil varié, est de couleur rousse et a les cornes bien régulières, quand même on ne voudrait pas l’offrir en victime, les esprits des montagnes et des fleuves n’exigeraient-ils pas qu’elle leur fût immolée ?

Sous la dynastie des Tcheou, les victimes de couleur rougeâtre étaient les plus estimées ; on immolait des bœufs roux. Sans doute une génisse ou un taureau qui n’est pas d’une seule couleur ne peut servir comme victime ; mais la génisse ou le taureau né d’une vache ou d’un taureau aux couleurs variées peut être immolé, si sa couleur est rougeâtre ou rousse. Le père de Tchoung koung était un homme méprisable et vicieux. Confucius se sert d’une comparaison tirée de la couleur des victimes, pour montrer que les vices du père ne détruisent pas les bonnes qualités du fils ; que si Tchoung koung a des vertus et des talents, on doit lui confier une charge dans l’intérêt du pays.

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6.5

子曰:“回也,其心三月不违仁,其馀则日月至焉而已矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ien Houei passait trois mois entiers sans qu’aucun mouvement de son cœur s’écartât de la plus haute perfection. Mes autres disciples atteignent la perfection au plus une fois par jour ou par mois, et ils s’arrêtent.

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6.6

季康子问:“仲由可使从政也与?”子曰:“由也果,于从政乎何有?”曰:“赐也,可使从政也与?”曰:“赐也达,于从政乎何有?”曰:“求也,可使从政也与?”曰:“求也艺,于从政乎何有?”

Ki K’ang tzeu demanda si Tzeu lou était capable d’administrer les affaires publiques. Le Maître [Confucius] répondit :

— Iou sait prendre une décision ; quelle difficulté aurait-il à administrer les affaires publiques ?

Ki K’ang tzeu dit :

— Seu est-il capable d’administrer les affaires publiques ?

Confucius répondit :

— Seu est très intelligent ; quelle difficulté aurait-il à administrer les affaires publiques ?

Ki K’ang tzeu dit :

— K’iou peut-il gérer les affaires publiques ?

Confucius répondit :

— K’iou a beaucoup de talents ; quelle difficulté aurait-il à administrer les affaires publiques ?

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6.7

季氏使闵子骞为费宰。闵子骞曰:“善为我辞焉。如有复我者,则吾必在汶上矣。”

Le chef de la famille Ki fit inviter Min Tzeu k’ien à exercer la charge de gouverneur dans la ville de Pi. Min Tzeu k’ien répondit à l’envoyé :

— Exprimez poliment mon refus à votre maître. S’il m’envoie un second messager, je serai certainement au-delà de la Wenn.

Min Tzeu k’ien, nommé Suenn, disciple de Confucius. Wenn, rivière qui passait au sud de la principauté de Ts’i, au nord de celle de Lou. Le chef de la famille Ki était grand préfet ; il gouvernait la principauté de Lou avec un pouvoir absolu. La ville de Pi lui appartenait, et lui servait comme de citadelle pour résister à son prince. Lorsque Confucius était ministre de la justice, il voulait toujours la démolir. Un jour Ki fit inviter Min tzeu à exercer la charge de gouverneur dans cette ville. Il n’avait d’autre dessein que de se l’attacher. Mais Min tzeu était un disciple vertueux et sage du plus sage des philosophes. Comment aurait-il consenti à suivre le parti d’un sujet qui avait usurpé tout le pouvoir ? Il répondit à l’envoyé : « Le grand préfet veut se servir de moi ; mais les honneurs et les riches appointements n’excitent pas mes désirs. Vous, parlez pour moi à votre maître doucement et adroitement. Dites-lui mon désir de n’exercer aucune charge, et détournez-le de me confier un emploi. Si l’on revient me faire une seconde invitation, certainement je quitterai la principauté de Lou, et me réfugierai au-delà de la Wenn. »

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6.8

伯牛有疾,子问之,自牖执其手,曰:“亡之,命矣夫!斯人也而有斯疾也!斯人也而有斯疾也!”

Pe gniou étant malade, Le Maître [Confucius] alla lui faire visite. Il lui prit la main à travers la fenêtre, et dit :

— Nous le perdrons. Le Ciel l’a ainsi ordonné. Se peut-il qu’un tel homme soit ainsi malade ! Se peut-il qu’un tel homme soit ainsi malade !

Pe gniou était l’un des disciples de Confucius. Son nom de famille était Jen, et son nom propre Keng. Les anciens lettrés ont pensé que sa maladie était la lèpre. La fenêtre dont il est ici parlé regardait le midi. D’après les usages, celui qui était malade se tenait auprès d’une fenêtre tournée au nord. S’il devait recevoir la visite d’un prince, il changeait de place et se tenait auprès d’une fenêtre tournée au midi, afin que le prince en le visitant eût le visage tourné vers le midi. Les personnes de la maison de Pe gniou voulurent faire le même honneur à Confucius ; mais le philosophe n’osa pas l’accepter. Il n’entra pas dans la maison, prit la main du malade par la fenêtre, et lui dit un éternel adieu.

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6.9

子曰:“贤哉回也!一箪食,一瓢饮,在陋巷。人不堪其忧,回也不改其乐。贤哉回也!”

Le Maître [Confucius] dit :

— Que la sagesse de Ien Houei était grande ! Il demeurait dans une misérable ruelle, n’ayant qu’une écuelle de nourriture et une cuillerée de boisson. Un autre, en se voyant si dépourvu, aurait eu un chagrin intolérable. Houei était toujours content. Oh ! que Houei était sage !

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6.10

冉求曰:“非不说子之道,力不足也。”子曰:“力不足者,中道而废。今女画。”

Jen K’iou dit :

— Maître, ce n’est pas que votre doctrine me déplaise ; mais je n’ai pas la force de la mettre en pratique.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui qui vraiment n’a pas assez de forces tombe épuisé à moitié route. Pour vous, vous vous prescrivez des limites.

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6.11

子谓子夏曰:“女为君子儒,无为小人儒。”

Le Maître [Confucius] dit à Tzeu hia :

— Soyez un lettré vertueux et sage, et non un lettré sans vertu.

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6.12

子游为武城宰。子曰:“女得人焉尔乎?”曰:“有澹台灭明者,行不由径。非公事,未尝至于偃之室也。”

Lorsque Tzeu iou était gouverneur de Ou tch’eng, Le Maître [Confucius] lui dit :

— Avez-vous trouvé des hommes qui méritent votre confiance ?

 Tzeu iou répondit :

— Il y a T’an tai Mie ming. Il ne va jamais par les sentiers écartés et cachés. Jamais il n’est allé à mon prétoire que pour des affaires publiques.

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6.13

子曰:“孟之反不伐,奔而殿。将入门,策其马,曰:‘非敢后也,马不进也。’”

Le Maître [Confucius] dit :

— Meng Tcheu fan ne se vante pas lui-même. L’armée ayant été mise en déroute, il est revenu le dernier. Arrivé à la porte de la capitale, il frappa son cheval, en disant :
— Ce n’est pas que j’aie eu le courage de me retirer après les autres ; mais mon cheval ne marche pas.

Meng Tcheu fan, nommé Tche, était grand préfet dans la principauté de Lou. La onzième année de Ngai, l’armée de Ts’i envahit la frontière septentrionale de Lou. Les troupes de Lou rencontrèrent celles de Ts’i non loin de la capitale de Lou. Elles furent mises en déroute. Meng Tcheu fan resta seul derrière tous les autres, revint le dernier et, en se retirant, il résista encore à l’ennemi, afin de sauver l’armée. On peut dire qu’il a bien mérité de son pays. Arrivé à la porte de la capitale de Lou, au moment où tous les regards étaient tournés vers lui, il fouetta son cheval, et dit : « ]e n’aurais pas eu le courage de rester le dernier ; mais mon cheval ne peut avancer. » Non seulement il n’eut aucun orgueil de sa belle action, mais il essaya même de la cacher.

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6.14

子曰:“不有祝鮀之佞而有宋朝之美,难乎免于今之世矣!”

Le Maître [Confucius] dit :

— A moins d’avoir le talent de l’orateur T’ouo et la beauté de Tchao de Soung, il est difficile d’échapper à la haine dans ce siècle.

L’orateur T’ouo, grand préfet dans la principauté de Wei, était chargé de faire l’éloge des ancêtres du prince, de leur adresser des prières et de transmettre leurs réponses. Il était très habile à parler. Tchao, fils du prince de Soung, était remarquable par sa beauté. Ces deux hommes étaient en grand renom, à l’époque des événements racontés dans le Tch’ouenn Ts’iou. Confucius dit en gémissant : « A présent les hommes ne sont plus comme autrefois. Ils n’aiment pas la franchise, mais la flatterie ; ils n’aiment pas la vertu, mais la beauté. A moins d’avoir l’habileté de l’orateur T’ouo et la beauté de Tchao, fils du prince de Soung, il est impossible de plaire aux hommes de notre époque, et très difficile d’échapper à la haine et à l’envie. »

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6.15

子曰:“谁能出不由户?何莫由斯道也?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Quelqu’un peut-il sortir de la maison, si ce n’est par la porte ? Pourquoi personne ne marche-t-il par la voie de la vertu ?

Les hommes savent que, pour sortir, il faut passer par la porte, et ils ne savent pas que, pour bien agir, il faut passer par la voie de la vertu (suivre la loi naturelle).

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6.16

子曰:“质胜文则野,文胜质则史。文质彬彬,然后君子。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui chez qui les qualités naturelles l’emportent sur la politesse des manières et du langage est un homme agreste. Celui chez qui la politesse des manières et du langage l’emporte sur les vertus intérieures est comme un copiste de tribunal. Celui qui possède à un égal degré la vertu et la politesse est un sage.

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6.17

子曰:“人之生也直,罔之生也幸而免。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Tout homme en naissant a la rectitude du cœur. Si celui qui la perd ne perd pas en même temps la vie, il a un bonheur qu’il n’a pas mérité.

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6.18

子曰:“知之者不如好之者,好之者不如乐之者。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Il vaut mieux aimer la vertu que de la connaître seulement, et il vaut encore mieux en faire ses délices que de l’aimer seulement.

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6.19

子曰:“中人以上,可以语上也;中人以下,不可以语上也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un homme d’une vertu plus qu’ordinaire peut entendre des enseignements relevés. Un homme d’une vertu moins qu’ordinaire n’en est pas capable.

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6.20

樊迟问知。子曰:“务民之义,敬鬼神而远之,可谓知矣。”问仁。曰:“仁者先难而后获,可谓仁矣。”

Fan Tch’eu l’interrogea sur la prudence. Le Maître [Confucius] dit :

— Remplir les devoirs propres à l’homme, honorer les esprits, mais s’en tenir à distance, cela peut s’appeler prudence.

Honorer les esprits, c’est s’appliquer de tout cœur à leur témoigner sa reconnaissance et à leur faire des offrandes. Les esprits, dont il est ici parlé, sont ceux auxquels on doit faire des offrandes. Se tenir à l’écart, c’est ne pas chercher à faire en quelque aorte la cour aux esprits pour en obtenir des faveurs. L’homme a des régler constantes à observer dans toutes ses actions chaque jour de sa vie. Si quelqu’un, guidé par la lumière de la raison, donne toute son application aux devoirs qu’il doit remplir et aux choses qu’il doit faire ; s’il honore les esprits par des hommages sincères, tans leur faire la cour ni solliciter leurs faveurs ; la prospérité et l’infortune ne sont plus capables de le toucher ; ne doit-on pas l’appeler prudent ?

Fan Tch’eu l’interrogea ensuite sur la perfection de la vertu. Confucius répondit :

— Un homme parfait met en premier lieu ce qui est le plus difficile ; il met en second lieu les avantages qu’il en doit retirer ; alors il mérite d’être appelé parfait.

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6.21

子曰:“知者乐水,仁者乐山;知者动,仁者静;知者乐,仁者寿。”

Le Maître [Confucius] dit :

— L’homme prudent aime l’eau, et l’homme parfait les montagnes. L’homme prudent se donne du mouvement ; l’homme parfait demeure immobile. L’homme prudent vit heureux ; l’homme parfait vit longtemps.

L’homme prudent a l’esprit exempt de tout préjugé et de toute passion, très perspicace et libre de toute entrave. Il a une ressemblance avec l’eau ; c’est pour cela qu’il aime l’eau. L’homme parfait est grave et ferme par caractère ; rien ne peut l’émouvoir ni l’agiter. Il a une ressemblance avec les montagnes, et il les aime. L’homme prudent pénètre toutes choses par l’intelligence ; son activité atteint presque le plus haut degré possible. L’homme parfait pratique toutes les vertus sans aucun effort ; son cœur n’est ni troublé ni tourmenté par les passions. Son repos est presque absolu. Un homme dont le cœur est attaché aux choses extérieures, comme par des liens, rencontre des obstacles à ses désirs et éprouve mille soucis. L’homme prudent, dont l’âme est toujours pure et sereine, n’est arrêté par aucun obstacle. Comment ne serait-il pas heureux ? Un homme qui ne met pas de frein à ses passions ni à ses désirs se conduit mal et abrège sa vie. L’homme parfait jouit d’une santé forte et vigoureuse, qu’aucun excès ne vient altérer. Comment ne vivrait-il pas longtemps ?

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6.22

子曰:“齐一变,至于鲁;鲁一变,至于道。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si la principauté de Ts’i s’améliorait d’un degré, elle vaudrait pour les mœurs celle de Lou. Si la principauté de Lou devenait meilleure d’un degré, elle serait parfaite.

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6.23

子曰:“觚不觚,觚哉!觚哉!”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un vase à vin qu’on nomme kou, c’est-à-dire vase à angles, s’il n’a pas d’angles, doit-il être appelé kou ?

Confucius voyait que dans le monde beaucoup de choses avaient un nom sans réalité. C’est pour cela qu’il exprima sa douleur à propos du vase de vin nommé kou. Pour qu’un fils mérite le nom de fils, il faut qu’il pratique la piété filiale. Pour qu’un sujet mérite le nom de sujet, il faut qu’il soit fidèle à son prince. Il en est de même de toute autre chose.

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6.24

宰我问曰:“仁者,虽告之曰:‘井有仁焉。’其从之也?”子曰:“何为其然也?君子可逝也,不可陷也;可欺也,不可罔也。”

Tsai Ngo dit :

— Un homme parfait, apprenant qu’il est tombé quelqu’un dans un puits, se précipitera-t-il lui-même dans le puits pour l’en retirer ?

Le Maître [Confucius] dit :

— Pourquoi agirait-il ainsi ? Un homme sage, en recevant cette annonce, pourra se déterminer à aller au bord du puits, mais il ne s’y jettera pas lui-même. Il pourra être trompé, mais non être aveuglé.

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6.25

子曰:“君子博学于文,约之以礼,亦可以弗畔矣夫!”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le disciple de la sagesse étudie les livres afin d’acquérir des connaissances étendues, et il règle sa conduite d’après les vrais principes ; il parvient ainsi à ne pas s’écarter de la voie droite.

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6.26

子见南子,子路不说。夫子矢之曰:“予所否者,天厌之!天厌之!”

Le Maître [Confucius] visita Nan tzeu. Tzeu lou en fut mécontent. Le Maître [Confucius] dit, en prononçant une imprécation :

— Si j’ai mal fait, que le Ciel me rejette ! que le Ciel me rejette !

Nan tzeu, femme de Ling, prince de Wei, avait une conduite déréglée. Confucius étant arrivé à la capitale de Wei, Nan tzeu l’invita à aller la voir. Confucius s’excusa d’abord ; puis, contraint par la nécessité, il alla visiter la princesse. Anciennement, celui qui exerçait une charge dans une principauté devait, d’après les usages, faire visite à la femme du prince. Tzeu lou, ne connaissant pas cette coutume, trouvait que c’était une honte de visiter cette mauvaise femme.

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6.27

子曰:“中庸之为德也,其至矣乎!民鲜久矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— La vertu qui se tient dans l’invariable milieu est la plus haute perfection. Peu d’hommes la possèdent, et cela depuis longtemps.

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6.28

子贡曰:“如有博施于民而能济众,何如?可谓仁乎?”子曰:“何事于仁,必也圣乎!尧舜其犹病诸!夫仁者,己欲立而立人,己欲达而达人。能近取譬,可谓仁之方也已。”

Tzeu koung dit :

— Que faut-il penser de celui qui répandrait partout ses bienfaits parmi le peuple et pourrait aider tous les hommes sans exception ? Pourrait-on dire qu’il est parfait ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Aider tous les hommes sans exception, est-ce une chose qui soit possible à la vertu parfaite ? Pour y parvenir, ne faudrait-il pas la plus haute sagesse, unie à la plus grande puissance ? Iao et Chouenn eux-mêmes avaient la douleur de ne pouvoir le faire. Un homme parfait veut se tenir ferme lui-même, et il affermit les autres ; il désire comprendre lui-même ses devoirs, et il instruit les autres. La vertu parfaite consiste, non pas à secourir tous les hommes sans exception, ce qui est impossible ; mais à juger des autres par soi-même et à les traiter comme on désire être traité soi-même.

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Chapitre 7

述而 – Shu Er

7.1

子曰:“述而不作,信而好古,窃比于我老彭。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Je transmets, et n’invente rien de nouveau. Je m’attache à l’antiquité avec confiance et affection ; je me permets de me comparer à notre vieux P’eng.

Le vieux P’eng, dont le nom de famille est Ts’ien et le nom propre K’eng, était petit-fils de l’empereur Tchouen hiu. A la fin de la dynastie des In, il avait plus de sept cents ans, et n’était pas encore cassé de vieillesse. Il reçut en fief la vallée de Ta p’eng dans la principauté de Han et, pour cette raison, fut appelé le vieux P’eng.

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7.2

子曰:“默而识之,学而不厌,诲人不倦,何有于我哉?”

Le Maître [Confucius] dit :
— Méditer et se graver dans la mémoire les préceptes de la sagesse, apprendre sans éprouver jamais de satiété, enseigner sans jamais se lasser, ces trois mérites se trouvent-ils en moi ?

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7.3

子曰:“德之不修,学之不讲,闻义不能徙,不善不能改,是吾忧也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ce que je crains, c’est de ne pas m’appliquer à la pratique de la vertu, de ne pas chercher à me faire expliquer ce que je dois apprendre, de ne pouvoir accomplir ce que je sais être de mon devoir, et de ne pouvoir me corriger de mes défauts.

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7.4

子之燕居,申申如也,夭夭如也。

Lorsque Le Maître [Confucius] n’était pas occupé d’affaires, son maintien était plein d’aisance, son air affable et joyeux.

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7.5

子曰:“甚矣吾衰也!久矣吾不复梦见周公。”

Le Maître [Confucius] dit :

— J’ai beaucoup perdu de mon énergie. Depuis longtemps je ne vois plus en songe Tcheou koung.

Lorsque Confucius était dans la force de l’âge, il se proposait d’imiter Tcheou koung, et il le voyait en rêve. Quand il fut devenu vieux, et incapable d’imiter de si grands exemples, il n’eut plus les mêmes aspirations ni les mêmes songes.

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7.6

子曰:“志于道,据于德,依于仁,游于艺。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Proposez-vous toujours de suivre la voie de la vertu ; demeurez dans cette voie ; ne vous écartez jamais de la perfection ; ayez pour délassements les six arts libéraux.

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7.7

 子曰:“自行束修以上,吾未尝无诲焉。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Chaque fois que quelqu’un est venu de lui-même à mon école, en m’apportant les présents d’usage, ne fussent que dix tranches de viande séchée, jamais je ne lui ai refusé mes enseignements.

Dix tranches de viande séchée formaient un paquet. Chez les anciens, lorsqu’on faisait une visite, l’usage exigeait qu’on offrît un présent. Un paquet de dix tranches de viande était le moindre de tous les présents. Confucius désirait que tous les hommes sans exception entrassent dans la voie de la vertu. Mais il n’était pas d’usage que Le Maître [Confucius] allât enseigner à celui qui ne savait pas venir recevoir des leçons. Si quelqu’un venait en observant les usages, Confucius lui donnait toujours ses enseignements.

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7.8

 子曰:“不愤不启,不悱不发,举一隅不以三隅反,则不复也。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Je n’enseigne pas à celui qui ne s’efforce pas de comprendre ; je n’aide pas à parler celui qui ne s’efforce pas d’exprimer sa pensée. Si quelqu’un, après avoir entendu exposer la quatrième partie d’une question, ne peut comprendre par lui-même et exposer les trois autres parties, je ne l’enseigne plus.

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7.9

 子食于有丧者之侧,未尝饱也。 子于是日哭,则不歌。

Lorsque Le Maître [Confucius] mangeait à côté d’un homme qui venait de perdre un proche parent, sa douleur lui permettait à peine de prendre un peu de nourriture. Quand il avait été pleurer un mort, toute la journée sa douleur l’empêchait de chanter.

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7.10

子谓颜渊曰:“用之则行,舍之则藏,唯我与尔有是夫!”子路曰:“子行三军,则谁与?”子曰:“暴虎冯河,死而无悔者,吾不与也。必也临事而惧,好谋而成者也。”

Le Maître [Confucius] dit à Ien Iuen :

— Vous et moi, nous sommes les seuls qui soyons toujours disposés à remplir une charge, quand on nous l’offre, et à rentrer dans la vie privée, quand on nous la retire.

Tzeu lou dit :

— Maître, si vous aviez trois légions à conduire, quel serait celui que vous prendriez pour vous aider ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Je ne prendrais pas un homme qui serait disposé à saisir sans aucune arme un tigre avec les mains, à traverser un fleuve sans barque, à braver la mort sans aucun souci de sa vie. Je choisirais certainement un homme qui n’entreprendrait rien qu’avec circonspection, et qui réfléchirait avant d’agir.

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7.11

子曰:“富而可求也,虽执鞭之士,吾亦为之。如不可求,从吾所好。”

Le Maître [Confucius] dit :

— S’il convenait de chercher à amasser des richesses, fallût-il, pour y parvenir, remplir l’office de valet qui tient le fouet, je le remplirais. Mais tant qu’il ne convient pas de les rechercher, je poursuis l’objet de mes désirs.

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7.12

子之所慎:齐,战,疾。

Trois choses excitaient surtout la sollicitude du Maître : l’abstinence avant une cérémonie, la guerre et la maladie.

Confucius était attentif à tout. Mais trois choses attiraient spécialement son attention : l’abstinence, parce qu’elle prépare à entrer en communication avec les intelligences spirituelles ; la guerre, parce que la vie ou la mort d’un grand nombre d’hommes, le salut ou la ruine de l’État en dépendent ; la maladie, parce que notre vie en dépend.

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7.13

子在齐闻韶,三月不知肉味。曰:“不图为乐之至于斯也!”

Le Maître [Confucius], étant dans la principauté de Ts’i, entendit exécuter les chants de Chouenn. Pendant trois mois qu’il les étudia, il avait l’esprit tellement absorbé qu’il ne percevait pas la saveur des viandes.

— Je ne pensais pas, dit-il, que l’auteur de ces chants eût atteint une si grande perfection.

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7.14

冉有曰:“夫子为卫君乎?”子贡曰:“诺。吾将问之。”入,曰:“伯夷、叔齐何人也?”曰:“古之贤人也。”曰:“怨乎?”曰:“求仁而得仁,又何怨。”出,曰:“夫子不为也。”

Jen Iou dit :

— Notre maître est-il pour le prince de Wei ?

Tzeu koung répondit :

— Bien ; je le lui demanderai.

Entrant dans le lieu où était Confucius, il dit :

— Que faut-il penser de Pe i et de Chou ts’i ?

Confucius répondit :

— C’étaient deux sages de l’antiquité.

Tzeu koung reprit :

— Se sont-ils repentis d’avoir renoncé à la royauté ?

Confucius répondit :

— Ils ont voulu être parfaits dans leur conduite, et ils ont atteint leur but. Pourquoi auraient-ils eu du repentir ?

Tzeu koung, quittant Confucius, retourna auprès de Jen Iou, et lui dit :

— Notre maître n’est pas pour le prince Tche.

Ling, prince de Wei, chassa de ses États son fils K’ouai kouei, qui devait hériter du titre de prince. Le prince Ling étant mort, ses sujets mirent à sa place Tche, fils de K’ouai kouei. Mais les habitants de la principauté de Tsin ramenèrent K’ouai kouei dans la principauté de Wei : et Tche entra en lutte avec son père. Confucius était alors dans la principauté de Wei. Les habitants croyaient que, K’ouai kouei ayant encouru la disgrâce de son père, Tche, petit-fils légitime du prince Ling, devait lui succéder. Jen Iou eut des doutes et interrogea à ce sujet.
Pe i et Chou ts’i étaient deux fils du prince de Kou tchou (pays actuellement compris dans le Tcheu li). Leur père en mourant légua son titre de prince à Chou ts’i (qui était son troisième fils). Quand il fut mort, Chou ts’i voulut céder le titre de prince à Pe i, son frère aîné. Pe i rappela la volonté de son père ; et prenant la fuite, se retira dans un autre pays. Chou ts’i n’accepta pas non plus l’héritage, et s’enfuit également. Les habitants établirent héritier le deuxième des fils du prince défunt. Plus tard, Ou wang (fondateur de la dynastie des Tcheou), ayant chassé Tcheou (dernier empereur de la dynastie des Chang), Pe i et Chou ts’i montèrent à cheval, et allèrent en toute hâte reprocher à Ou wang d’avoir éteint la dynastie des Chang. Considérant comme une honte de manger le grain récolté dans l’empire des Tcheou, ils se retirèrent sur le mont Cheou iang, où ils moururent de faim. Tzeu koung, quittant Confucius, dit à Jen Iou : « Puisque notre maître approuve la conduite des deux frères Pe i et Chou ts’i, qui se cédèrent l’un à l’autre la dignité de prince, certainement il désapprouve le prince de Wei qui dispute à son père cette même dignité. Evidemment il n’est pas pour le prince de Wei. »

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7.15

子曰:“饭疏食饮水,曲肱而枕之,乐亦在其中矣。不义而富且贵,于我如浮云。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage, fût-il réduit à manger une grossière nourriture, à boire de l’eau, et à reposer la nuit la tête appuyée sur son bras, il conservera sa joie au milieu de ses privations. Les richesses et les dignités obtenues par de mauvaises voies me paraissent comme des nuées qui flottent dans les airs.

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7.16

子曰:“加我数年,五十以学易,可以无大过矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si le Ciel me donnait encore quelques années de vie, après avoir étudié le Livre des Changements durant cinquante années, je pourrais éviter les fautes graves.

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7.17

子所雅言,诗、书、执礼,皆雅言也。

Les entretiens du Maître roulaient ordinairement sur le Cheu king, sur le Chou king, et sur le Li ki, qui enseigne les devoirs à remplir. Tels étaient les sujets ordinaires de ses discours.

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7.18

叶公问孔子于子路,子路不对。子曰:“女奚不曰,其为人也,发愤忘食,乐以忘忧,不知老之将至云尔。”

Le prince de Che ayant interrogé Tzeu lou sur la personne de Confucius, Tzeu lou ne répondit pas. Le Maître [Confucius] dit :

— Pourquoi n’avez-vous pas répondu : C’est un homme qui s’applique avec une telle ardeur qu’il oublie de manger ; éprouve une telle joie qu’il oublie tout chagrin ; ne sent pas venir la vieillesse ?

Le prince de Che était Chenn Tchou leang, nommé Tzeu kao, préfet de Che bien. Il avait usurpé le titre de prince.

Sommaire Entretiens de Confucius

7.19

子曰:“我非生而知之者,好古,敏以求之者也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— La connaissance des choses n’est pas innée en moi ; mais j’aime l’antiquité, et je m’applique à l’étude avec ardeur.

En parlant ainsi, Confucius a voulu s’abaisser lui-même. Il a été un grand sage, parce que la sagesse était innée en lui. Quand il disait qu’il aimait l’étude, ce n’était pas uniquement pour engager les autres à étudier. Car, ce qu’un homme peut connaître naturellement et sans étude, ce sont les devoirs de justice et de convenance. Quant aux faits historiques, aux changements introduits dans les cérémonies, dans la musique, dans les insignes des dignités, nul ne peut les connaître avec certitude, s’il ne les a étudiés.

Sommaire Entretiens de Confucius

7.20

子不语怪,力,乱,神。

Le Maître [Confucius] ne parlait pas des choses extraordinaires, ni des actes de violence, ni des troubles, ni des esprits.

Parler des choses extraordinaires, c’est exciter les hommes à ne pas suivre les règles ordinaires ; parler des actes d’audace et de violence, c’est affaiblir dans les hommes les sentiments de douceur ; parler de résistance aux lois ou à l’autorité, c’est porter les hommes à violer la justice ; parler des esprits, c’est brouiller les idées de ceux qui écoutent.

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7.21

子曰:“三人行,必有我师焉。择其善者而从之,其不善者而改之。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si je voyageais avec deux compagnons, tous deux me serviraient de maîtres. J’examinerais ce que le premier a de bon et je l’imiterais ; les défauts que je reconnaîtrais en l’autre, je tâcherais de les corriger en moi-même.

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7.22

子曰:“天生德于予,桓魋其如予何?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le Ciel m’a donné la vertu avec l’existence ; que peut me faire Houan T’ouei ?

Houan T’ouei était Hiang T’ouei, ministre de la guerre dans la principauté de Soung. Il descendait du prince Houan, et pour cette raison s’appelait le chef de la famille Houan. Confucius, étant dans la principauté de Soung, expliquait les devoirs de l’homme à ses disciples sous un grand arbre. T’ouei, qui haïssait le philosophe, fit abattre l’arbre. Les disciples furent frappés de crainte. Confucius, s’abandonnant avec confiance aux soins de la Providence, dit : « Puisque le Ciel, en me donnant l’existence, a mis en moi une telle sagesse, certainement il a des desseins sur moi. Quand même les hommes voudraient me nuire, ils ne pourraient résister à la puissance du Ciel. »

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7.23

子曰:“二三子以我为隐乎?吾无隐乎尔。吾无行而不与二三子者,是丘也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Pensez-vous, mes enfants, que je vous cache quelque chose ? Je ne vous ai rien caché ; je n’ai rien fait dont je n’aie donné connaissance à mes disciples. Voilà comme je suis.

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7.24

子以四教:文,行,忠,信。

Le Maître [Confucius] enseignait spécialement quatre choses les lettres humaines et les arts libéraux, la morale, la fidélité et la sincérité.

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7.25

子曰:“圣人,吾不得而见之矣;得见君子者,斯可矣。”子曰:“善人,吾不得而见之矣;得见有恒者,斯可矣。亡而为有,虚而为盈,约而为泰,难乎有恒矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Il ne m’a pas été donné de voir un homme d’une sagesse extraordinaire ; si je vois seulement un homme vraiment sage, je serai assez content. Il ne m’a pas été donné de voir un homme irréprochable ; si je vois seulement un homme d’une volonté constante, je serai assez content. Celui-là ne peut pas être constant qui n’a rien et feint d’avoir quelque chose, qui est vide et cherche à paraître plein, qui possède peu de choses et veut étaler une grande magnificence.

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7.26

子钓而不纲,弋不射宿。

Le Maître [Confucius] pêchait à la ligne, mais non au filet ; il ne tirait pas la nuit sur les oiseaux qui étaient au repos.

Il s’agit ici de tirer sur les oiseaux avec une flèche retenue par un long fil de soie écrue. Confucius étant d’une famille pauvre et d’une humble condition, il était parfois obligé dans sa jeunesse de prendre des poissons à la ligne ou de chasser aux oiseaux, pour nourrir ses parents et faire des offrandes aux morts. Mais tuer et prendre tous les animaux était contraire à sa volonté, et il ne le faisait pas. En cela apparaît le cœur compatissant de cet homme si bon. En voyant de quelle manière il traitait les animaux, on peut juger comment il traitait les hommes ; en voyant la manière dont il agissait dans sa jeunesse, on peut juger comment il agissait dans l’âge mûr.

Sommaire Entretiens de Confucius

7.27

子曰:“盖有不知而作之者,我无是也。多闻择其善者而从之,多见而识之,知之次也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Il est peut-être des hommes qui tentent des entreprises à l’aveugle ; moi, je n’agis pas ainsi. Après avoir beaucoup entendu, j’examine et mets à profit ce qu’on m’a appris de bon ; après avoir beaucoup vu, je grave dans ma mémoire ce que j’ai remarqué. Je suis de ceux qui viennent immédiatement après les grands sages chez qui les connaissances sont innées.

Sommaire Entretiens de Confucius

7.28

互乡难与言,童子见,门人惑。子曰:“与其进也,不与其退也,唯何甚!人洁己以进,与其洁也,不保其往也。”

Les habitants de Hou hiang étaient si mauvais qu’il était difficile de leur enseigner à pratiquer la vertu. Un jeune homme de ce pays s’étant présenté pour suivre les leçons de Confucius, les disciples du philosophe doutèrent s’il convenait de l’admettre. Le Maître [Confucius] dit :

— Lorsque quelqu’un vient à moi avec l’intention de se corriger, j’approuve son intention, sans me faire garant de sa vie passée. J’approuve sa venue ; je n’approuve pas son départ futur, ni tout ce qu’il fera dans la suite. Pourquoi donc serais-je si sévère ?

Sommaire Entretiens de Confucius

7.29

子曰:“仁远乎哉?我欲仁,斯仁至矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— La vertu parfaite est-elle loin de nous ? Si je veux la trouver, aussitôt elle est présente à moi.

La vertu parfaite est la bonté naturelle que chaque homme possède nécessairement. Mais les hommes, aveuglés par leurs passions, ne savent pas la chercher. Ils suivent la pente du vice et se persuadent que la vertu est loin d’eux.

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7.30

陈司败问昭公知礼乎?孔子曰:“知礼。”孔子退,揖巫马期而进之,曰:“吾闻君子不党,君子亦党乎?君取于吴为同姓,谓之吴孟子。君而知礼,孰不知礼?”巫马期以告。子曰:“丘也幸,苟有过,人必知之。”

Le ministre de la justice de la principauté de Tch’enn demanda si Tchao, prince de Lou, connaissait les convenances. Confucius répondit qu’il les connaissait. Le philosophe s’étant retiré, le ministre de la justice rencontra et salua Ou ma K’i ; puis, l’ayant fait entrer, il lui dit :

— J’ai entendu dire que le sage n’était point partial ; le sage serait-il aussi partial ?

Le prince de Lou a épousé, dans la principauté de Ou, une femme dont la famille porte aussi le nom de K’i ; et, pour cacher cette irrégularité, il a appelé sa femme Ou ma Tzeu, au lieu de Ou ma K’i, qui était son vrai nom. Si le prince de Lou connaît les convenances, quel est celui qui ne les connaît pas ?

Ou ma K’i rapporta ces paroles à Confucius. Le Maître [Confucius] répondit :

— Par un bonheur singulier, si je commets une faute, elle ne manque jamais d’être connue.

Ou ma K’i, nommé Cheu, disciple de Confucius. D’après les usages, un homme et une femme, dont les familles portent le même nom, ne se marient pas ensemble. Or les familles princières de Lou et de Ou s’appelaient toutes deux Ki. Le prince de Lou, pour cacher le nom de famille de sa femme, l’appela Ou meng Tzeu, comme si elle avait été fille du prince de Soung, dont le nom de famille était Tzeu. Confucius ne pouvait se permettre de dire que son prince avait mal agi ; d’un autre côté, il ne pouvait dire que celui qui avait épousé une femme de même nom que lui connût (et observât) les usages. Pour cette raison, il laissa croire que sa réponse était blâmable, et ne chercha pas à s’excuser. S’il avait censuré ouvertement la conduite de son prince, il aurait manqué au devoir d’un sujet fidèle. S’il n’avait pas dit qu’il avait mal répondu, il aurait paru méconnaître une loi concernant les mariages. On voit que le philosophe dans sa réponse a atteint la perfection au moyen d’un détour. En s’accusant lui-même, il dit : « Le plus grand malheur qui puisse arriver à un homme, c’est de n’être pas averti de ses fautes. Moi, j’ai un bonheur particulier ; si je commets une faute, elle ne manque pas d’être connue. Lorsqu’elle est connue des autres, j’en suis informé ; je puis changer de conduite, et me rendre irréprochable. N’est-ce pas un très grand bonheur pour moi ? »

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7.31

子与人歌而善,必使反之,而后和之。

Lorsque Confucius se trouvait avec d’habiles chanteurs qui exécutaient un chant, il le leur faisait répéter et chantait avec eux.

Sommaire Entretiens de Confucius

7.32

子曰:“文,莫吾犹人也。躬行君子,则吾未之有得。”

Le Maître [Confucius] dit :

— J’ai peut-être autant d’érudition qu’un autre ; mais je ne suis pas encore arrivé à faire les actions d’un sage.

Sommaire Entretiens de Confucius

7.33

子曰:“若圣与仁,则吾岂敢?抑为之不厌,诲人不倦,则可谓云尔已矣。”公西华曰:“正唯弟子不能学也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Oserais-je penser que je possède la sagesse ou la vertu au plus haut degré ? Mais, pour ce qui est de cultiver la vertu sans jamais en éprouver de dégoût, et d’enseigner les autres sans jamais me lasser, on peut dire que je le fais, et voilà tout.

Koung si Houa dit :

— Ce sont précisément deux choses que nous, vos disciples, nous ne parvenons pas à apprendre.

Sommaire Entretiens de Confucius

7.34

子疾病,子路请祷。子曰:“有诸?”子路对曰:“有之。诔曰:‘祷尔于上下神祇。’”子曰:“丘之祷久矣。”

Confucius étant gravement malade, Tzeu lou lui proposa de faire des prières. Le Maître [Confucius] dit :

— Cela convient-il ?

Tzeu lou répondit :

— Cela convient. Dans les oraisons funèbres il est dit : « Nous vous supplions, esprits du ciel et de la terre. »

Le Maître [Confucius] répliqua :

— Il y a longtemps que je prie.

« En effet, prier, ce n’est autre chose que pratiquer la vertu, se corriger de ses défauts, et solliciter ainsi le secours des esprits. Moi, tous les jours, si j’ai quelque défaut, je le corrige, s’il est une vertu à pratiquer, je la pratique. Ma prière est vraiment continuelle. Comment aurais-je attendu jusqu’aujourd’hui pour prier ? »

Sommaire Entretiens de Confucius

7.35

子曰:“奢则不孙,俭则固。与其不孙也,宁固。”

Le Maître [Confucius] dit :

— La prodigalité conduit à l’arrogance, et la parcimonie à l’avarice. L’arrogance est pire que l’avarice.

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7.36

子曰:“君子坦荡荡,小人长戚戚。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage est calme, il a le cœur dilaté ; l’homme vulgaire est toujours accablé de soucis.

Sommaire Entretiens de Confucius

7.37

子温而厉,威而不猛,恭而安。

Le Maître [Confucius] était affable avec gravité, sévère sans dureté ; dans les cérémonies son maintien était respectueux, sans avoir rien de forcé. 

Chapitre 8

泰伯 – Tai Bo

8.1

子曰:“泰伯,其可谓至德也已矣!三以天下让,民无得而称焉。”

Le Maître [Confucius] dit :

— T’ai pe doit être considéré comme un homme d’une vertu très parfaite. Il a cédé résolument l’empire, et il n’a pas laissé au peuple la possibilité de célébrer son désintéressement.

Anciennement, T’ai wang, prince de Tcheou, eut trois fils, dont l’aîné fut nommé T’ai pe, le second Tchoung ioung, et le troisième Ki li. Ki li eut pour fils Tchang, qui devint Wenn wang. T’ai wang, voyant que Wenn wang possédait toutes les vertus au plus haut degré, résolut de léguer la dignité de prince à Ki li, afin qu’elle passât à Wenn wang. T’ai pe ayant connu l’intention de son père, aussitôt, sous prétexte d’aller cueillir des plantes médicinales, s’en alla avec son frère cadet Tchoung ioung, et se retira au milieu des tribus barbares du midi. Alors T’ai wang transmit sa principauté à Ki li. Plus tard, Ou wang (fils de Wenn wang) gouverna tout l’empire. Si l’on considère la conduite de T’ai pe comme elle parut aux yeux de ses contemporains, il n’a cédé qu’une principauté (la principauté de Tcheou). Mais si on la considère avec les connaissances actuelles, on voit qu’il a réellement refusé l’empire et l’a cédé au fils de son frère. Après l’avoir cédé, il s’est caché, il a disparu, il n’est pas resté trace de lui. Pour cette raison, le peuple n’a pu célébrer ses louanges. T’ai pe a enseveli dans l’ombre sa personne et son nom ; il a fait en sorte d’oublier le monde et d’en être oublié. C’est le plus haut degré de la vertu.

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8.2

子曰:“恭而无礼则劳,慎而无礼则葸,勇而无礼则乱,直而无礼则绞。君子笃于亲,则民兴于仁;故旧不遗,则民不偷。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui fait des politesses outre mesure est fatigant ; celui qui est circonspect outre mesure est craintif ; celui qui est courageux outre mesure cause du désordre ; celui qui est franc outre mesure offense par des avis trop pressants. Si le prince remplit avec zèle ses devoirs envers ses parents et ses ancêtres, la piété filiale fleurit parmi le peuple. Si le prince n’abandonne pas ses anciens serviteurs ni ses anciens amis, le peuple suit son exemple.

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8.3

曾子有疾,召门弟子曰:“启予足!启予手!《诗》云‘战战兢兢,如临深渊,如履薄冰。’而今而后,吾知免夫!小子!”

Tseng tzeu, sur le point de mourir, appela ses disciples et leur dit :
— Découvrez mes pieds et mes mains. On lit dans le Cheu king : Tremblant et prenant garde, comme si j’étais sur le bord d’un gouffre profond, comme si je marchais sur une glace très mince. A présent et pour toujours, je vois avec plaisir que j’ai pu préserver mon corps de toute lésion, ô mes enfants.

Un fils doit rendre entier à la terre ce que ses parents lui ont donné entier, et ne pas les déshonorer en laissant endommager son corps. Sans doute, la principale obligation d’un bon fils est de se bien conduire, de faire honneur à ses parents en rendant son nom illustre ; mais celui qui sait conserver ses membres intacts sait aussi mener une vie irréprochable. S’il n’est pas permis de laisser perdre l’intégrité de son corps, à plus forte raison est-il blâmable de déshonorer ses parents par sa mauvaise conduite.

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8.4

曾子有疾,孟敬子问之。曾子言曰:“鸟之将死,其鸣也哀;人之将死,其言也善。君子所贵乎道者三:动容貌,斯远暴慢矣;正颜色,斯近信矣;出辞气,斯远鄙倍矣。笾豆之事,则有司存。”

Tseng tzeu mourant reçut la visite de Meng King tzeu. Prenant la parole, il lui dit :

— L’oiseau qui va mourir crie d’une voix plaintive ; un homme qui va mourir donne de bons avis. Un prince sage a surtout soin de trois choses : il a soin d’éviter la raideur et le laisser-aller dans la tenue du corps, la simulation dans l’air du visage, la grossièreté et l’inconvenance dans le ton de la voix. Pour ce qui est des vases de bambou ou de bois employés dans les cérémonies, il a des officiers qui en prennent soin pour lui.

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8.5

曾子曰:“以能问于不能,以多问于寡;有若无,实若虚,犯而不校,昔者吾友尝从事于斯矣。”

Tseng tzeu dit :

— Etre habile, et interroger ceux qui ne le sont pas, avoir beaucoup, et interroger ceux qui ont peu, avoir de la science et de la vertu, et se considérer comme n’ayant rien, être riche, et se regarder comme dépourvu de tout, recevoir des offenses, et ne pas contester, voilà ce qu’était et ce que faisait mon condisciple Ien Iuen.

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8.6

曾子曰:“可以托六尺之孤,可以寄百里之命,临大节而不可夺也。君子人与?君子人也。”

Tseng tzeu dit :

— Un homme à qui l’on peut confier la tutelle d’un jeune prince haut de six palmes et le gouvernement d’un État ayant cent stades d’étendue, et qui, au moment d’un grand trouble ou d’une révolution, reste fidèle à son devoir, un tel homme n’est-il pas un sage ? Certainement c’est un sage.

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8.7

曾子曰:“士不可以不弘毅,任重而道远。仁以为己任,不亦重乎?死而后已,不亦远乎?”

Tseng tzeu dit :

— Il faut que le disciple de la sagesse ait le cœur grand et courageux. Le fardeau est lourd, et le voyage long. Son fardeau, c’est la pratique de toutes les vertus ; n’est-ce pas lourd ? Son voyage ne finira qu’après la mort ; n’est-ce pas long ?

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8.8

子曰:“兴于诗,立于礼。成于乐。”

 Le Maître [Confucius] dit :

— Le disciple de la sagesse excite en son cœur des sentiments honnêtes par la lecture des Vers ; il affermit sa volonté par l’étude et la pratique des cérémonies et des devoirs mentionnés dans le Li ki ; il perfectionne sa vertu par l’étude de la musique.

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8.9

子曰:“民可使由之,不可使知之。”

Le Maître [Confucius] dit :

— On peut amener le peuple à pratiquer la vertu ; mais on ne peut lui en donner une connaissance raisonnée.

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8.10

子曰:“好勇疾贫,乱也。人而不仁,疾之已甚,乱也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui aime à montrer de la bravoure et supporte avec peine sa pauvreté causera du désordre. Si un homme, qui n’est pas vertueux, se voit trop détesté, il tombera dans le désordre.

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8.11

子曰:“如有周公之才之美,使骄且吝,其馀不足观也已。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un homme eût-il les belles qualités de Tcheou koung, s’il est orgueilleux et avare, rien en lui ne mérite d’être regardé.

Sommaire Entretiens de Confucius

8.12

子曰:“三年学,不至于谷,不易得也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Il est rare de trouver un homme qui se livre trois ans à l’étude de la sagesse, sans avoir en vue les appointements de la magistrature.

Le philosophe Iang dit : « Tzeu tchang, malgré toute sa sagesse, fut convaincu de convoiter les revenus attachés aux charges ; à plus forte raison, ceux qui sont moins vertueux que lui.

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8.13

子曰:“笃信好学,守死善道。危邦不入,乱邦不居。天下有道则见,无道则隐。邦有道,贫且贱焉,耻也;邦无道,富且贵焉,耻也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage s’attache aux préceptes de la sagesse, et il aime à les étudier. Ils les observe fidèlement jusqu’à la mort, et par l’étude il se convainc de leur excellence. Il n’entre pas dans un pays menacé d’une révolution ; il ne demeure pas dans un État troublé par les dissensions. Si l’empire est bien gouverné, il se montre. Si l’empire est mal gouverné, il se cache. Quand l’État est bien gouverné, le sage aurait honte de n’avoir ni richesses ni honneurs. Quand l’État est mal gouverné, il aurait honte d’avoir des richesses et des honneurs.

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8.14

子曰:“不在其位,不谋其政。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ne cherchez pas à vous immiscer dans les affaires d’une charge publique qui n’est pas confiée à vos soins.

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8.15

子曰:“师挚之始,关雎之乱,洋洋乎!盈耳哉。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Lorsque le chef de musique Tcheu commença à exercer sa charge, comme le chant final La Mouette chantant charmait et satisfaisait l’oreille !

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8.16

子曰:“狂而不直,侗而不愿,悾悾而不信,吾不知之矣。”

 Le Maître [Confucius] dit :

— Je n’accepte pas pour disciple un homme ambitieux et sans droiture, ou ignorant et léger, ou peu intelligent et peu sincère.

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8.17

子曰:“学如不及,犹恐失之。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Travaillez sans relâche à acquérir la sagesse, comme si vous aviez toujours à acquérir ; de plus, craignez de perdre ce que vous avez acquis.

Celui qui ne progresse pas chaque jour recule chaque jour.

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8.18

子曰:“巍巍乎!舜禹之有天下也,而不与焉。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Oh ! quelle grandeur d’âme ! Chouenn et Iu ont possédé l’empire, et leur cœur ne s’y est pas attaché.

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8.19

子曰:“大哉,尧之为君也!巍巍乎!唯天为大,唯尧则之。荡荡乎!民无能名焉。巍巍乎!其有成功也;焕乎,其有文章!”

Le Maître [Confucius] dit :

— Que Iao a été un grand prince ! qu’il a fait de grandes choses ! Seul le Ciel est grand ; seul Iao lui a été semblable. L’influence de sa vertu a été sans limites ; le peuple n’a pu trouver de terme pour la nommer. Que ses mérites ont été insignes ! Que ses cérémonies, sa musique et ses lois ont été belles !

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8.20

舜有臣五人而天下治。武王曰:“予有乱臣十人。”孔子曰:“才难,不其然乎?唐虞之际,于斯为盛。有妇人焉,九人而已。三分天下有其二,以服事殷。周之德,其可谓至德也已矣。”

Chouenn avait cinq ministres d’État, et l’empire était bien gouverné.

Ou wang disait :
— J’ai dix ministres qui m’aident à bien gouverner.

Confucius ajoute :
— On dit communément que les hommes de talent sont rares. Ce dicton populaire n’est-il pas vrai ? L’époque de Iao et de Chouenn a été plus florissante que la nôtre. Cependant elle ne paraît pas l’emporter par le nombre des hommes de talent. Car Chouenn n’a trouvé que cinq ministres capables ; Ou wang a trouvé une femme de talent et neuf hommes, mais pas davantage. Posséder les deux tiers de l’empire, et employer sa puissance au service de la dynastie des In, ce fut le mérite de la famille des Tcheou ; ce mérite a été très grand.

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8.21

子曰:“禹,吾无间然矣。菲饮食,而致孝乎鬼神;恶衣服,而致美乎黻冕;卑宫室,而尽力乎沟洫。禹,吾无间然矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Je ne découvre aucun défaut dans l’empereur Iu. Sa nourriture et sa boisson étaient fort simples ; mais ses offrandes aux esprits étaient splendides. Ses vêtements ordinaires étaient grossiers ; mais sa robe et son bonnet de cérémonie étaient magnifiques. Son habitation et ses chambres étaient basses ; mais il donnait tous ses soins aux canaux d’irrigation. Je ne trouve aucun défaut dans l’empereur Iu. 

Chapitre 9

子罕 – Zi Han

9.1子罕言利,与命,与仁。

Le Maître [Confucius] parlait rarement du gain, de la Providence céleste, de la vertu parfaite.

Celui qui cherche sa propre utilité blesse la justice. La question de la Providence céleste est très subtile. La voie de la vertu parfaite est immense. Confucius parlait rarement de ces trois choses. Il parlait peu du gain, de peur de porter les hommes à ne désirer que des choses basses, à ne chercher que leurs propres intérêts. Il parlait peu de la Providence céleste et de la vertu parfaite, de peur d’exciter les hommes à vouloir faire des choses trop au-dessus de leurs forces. Il parlait peu de gain, de peur que ces disciples ne fussent trop portés à chercher leur propre intérêt. Il parlait peu de la Providence céleste et de la vertu parfaite, parce que ses disciples n’auraient pas facilement comprit ces hautes questions.

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9.2

达巷党人曰:“大哉孔子!博学而无所成名。”子闻之,谓门弟子曰:“吾何执?执御乎?执射乎?吾执御矣。”

Un homme du bourg Ta hiang avait dit :

— Le philosophe K’oung est certainement un grand homme. Il a beaucoup de science ; mais il n’a pas ce qu’il faut pour se faire un nom.

Confucius, en ayant été informé, dit :

— Quel art exercerai-je ? Exercerai-je l’art de conduire une voiture ? Exercerai-je l’art du tir à l’arc ? Je me ferai conducteur de voiture.

Un conducteur de voiture est le serviteur d’autrui. Son métier est encore plus vil que celui d’archer. Le philosophe, entendant faire son éloge, répondit en s’abaissant lui-même. Ce grand sage n’avait pas réellement l’intention de se faire conducteur de voiture.

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9.3

子曰:“麻冕,礼也;今也纯,俭。吾从众。拜下,礼也;今拜乎上,泰也。虽违众,吾从下。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le bonnet de chanvre est conforme à l’ancien usage. A présent on porte le bonnet de soie, qui coûte moins cher. Je me conforme à l’usage général, Anciennement, un officier saluait son prince au bas des degrés qui conduisaient à la salle. A présent, on le salue au haut des, degrés ; c’est de l’orgueil. Contrairement à tout le monde, je m’en tiens à l’ancien usage.

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9.4

子绝四:毋意,毋必,毋固,毋我。

Le Maître [Confucius] évitait quatre défauts : il n’avait pas de désir désordonné, ni de détermination irrévocable, ni d’opiniâtreté, ni d’égoïsme.

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9.5

子畏于匡。曰:“文王既没,文不在兹乎?天之将丧斯文也,后死者不得与于斯文也;天之未丧斯文也,匡人其如予何?”

Le Maître [Confucius] se trouvant en péril dans le bourg de K’ouang, dit :

— Wenn wang étant mort, la doctrine n’est-elle pas ici ? Si le Ciel avait voulu que la doctrine disparût de la terre, il ne me l’aurait pas confiée après la mort de Wenn wang. Le Ciel ne veut pas encore ravir la doctrine à la terre. Que peuvent me faire les habitants de K’ouang ?

Iang Hou avait exercé des cruautés dans le bourg de Kouang. Confucius extérieurement ressemblait à Iang Hou. Les habitants le cernèrent pour le prendre.

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9.6

大宰问于子贡曰:“夫子圣者与?何其多能也?”子贡曰:“固天纵之将圣,又多能也。”子闻之,曰:“大宰知我乎!吾少也贱,故多能鄙事。君子多乎哉?不多也。”

Le premier ministre dit à Tzeu koung :
— Votre maître est-il un sage parfait ? Que d’arts lui sont familiers !

Tzeu koung répondit :
— Certainement le Ciel lui a prodigué ses dons sans mesure ; il possède à peu près la plus haute sagesse possible et, de plus, une grande habileté dans beaucoup d’arts.

Le Maître [Confucius] en ayant été informé, dit :
— Le premier ministre me connaît-il ? Quand j’étais jeune, j’étais d’un condition humble, j’ai appris plusieurs arts, qui sont choses de peu d’importance. Le sage en apprend-il beaucoup ? Pas beaucoup.

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9.7

牢曰:“子云,‘吾不试,故艺’。”

Lao dit :
— Confucius disait : « J’ai cultivé les arts, parce que je n’ai pas été employé dans les charges publiques. »

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9.8

子曰:“吾有知乎哉?无知也。有鄙夫问于我,空空如也,我叩其两端而竭焉。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Est-ce que j’ai beaucoup de science ? Je n’ai pas de science. Mais quand un homme de la plus humble condition m’interroge, fût-il très ignorant, je discute la question d’un bout à l’autre, sans rien omettre.

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9.9

子曰:“凤鸟不至,河不出图,吾已矣夫!”

 Le Maître [Confucius] dit :
— Je ne vois ni phénix arriver, ni dessin sortir du fleuve. C’en est fait de moi,

Le phénix est un oiseau qui annonce les choses futures. Au temps de Chouenn, il a été apporté et offert en présent à ce prince. Au temps de Wenn wang, il a chanté sur le mont K’i. Le dessin sorti du fleuve est un dessin qui est sorti du Fleuve ]aune sur le dos d’un cheval-dragon au temps de Fou hi. Le phénix et le dessin sorti du fleuve ont annoncé les règnes d’empereurs très sages. Confucius dit : « Il ne paraît aucun présage annonçant le règne d’un empereur très sage ; un tel empereur ne viendra donc pas. Quel empereur se servira de moi pour enseigner le peuple ? C’en est fait de ma doctrine ; elle ne sera pas mise en pratique. »

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9.10

子见齐衰者、冕衣裳者与瞽者,见之,虽少必作;过之,必趋。

Lorsque Le Maître [Confucius] voyait un homme en deuil, ou un magistrat en costume officiel, ou un aveugle, fût-ce un homme moins âgé que lui, aussitôt il se levait, ou il passait vite.

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9.11

颜渊喟然叹曰:“仰之弥高,钻之弥坚;瞻之在前,忽焉在后。夫子循循然善诱人,博我以文,约我以礼。欲罢不能,既竭吾才,如有所立卓尔。虽欲从之,末由也已。”

Ien Iuen disait avec un soupir d’admiration :
— Plus je considère la doctrine du Maître, plus je la trouve élevée ; plus je la scrute, plus il me semble impossible de la comprendre entièrement ; je crois la voir devant moi, et soudain je m’aperçois qu’elle est derrière moi. Heureusement Le Maître [Confucius] enseigne avec ordre et méthode, et dirige les hommes avec habileté. Il augmente mes connaissances en m’expliquant les raisons des choses, et il règle ma conduite en m’enseignant mes devoirs. Quand même je voudrais m’arrêter, je ne le pourrais. Mais, après que j’ai épuisé toutes mes forces, il reste toujours quelque chose qui semble se dresser devant moi comme une montagne, qu’il m’est impossible de gravir.

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9.12

子疾病,子路使门人为臣。病闲,曰:“久矣哉!由之行诈也,无臣而为有臣。吾谁欺?欺天乎?且予与其死于臣之手也,无宁死于二三子之手乎?且予纵不得大葬,予死于道路乎?”

Le Maître [Confucius] étant gravement malade, Tzeu Iou engagea les disciples à lui servir d’intendants. Le mal ayant un peu diminué, Confucius dit :
— Il y a longtemps que Iou use de faux-semblants. je n’ai pas d’intendants, et cependant je suis comme si j’en avais. Puis-je tromper quelqu’un par cette ruse ? Espéré-je tromper le Ciel ? D’ailleurs, ne m’est-il pas préférable de mourir entre les mains de mes disciples qu’entre les mains d’intendants ? Et quand même je n’aurais pas un pompeux enterrement, resterai-je sans sépulture, comme un homme qui meurt dans un chemin ?

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9.13

子贡曰:“有美玉于斯,韫匵而藏诸?求善贾而沽诸?”子曰:“沽之哉!沽之哉!我待贾者也。”

Tzeu koung dit à Confucius :
— S’il y avait ici une belle pierre précieuse, la mettriez-vous dans un coffre, et la tiendriez-vous cachée, ou bien chercheriez-vous un acheteur qui en donnât un prix élevé ?

Le Maître [Confucius] répondit :
— Je la vendrais, certainement je la vendrais ; mais j’attendrais qu’on m’en offrît un prix convenable.

Tzeu koung adressa à Confucius cette double question, parce qu’il voyait un homme doué de tant de vertus n’exercer aucune charge. Confucius répondit qu’il fallait vendre la pierre précieuse ; mais qu’il ne convenait pas d’aller chercher les acheteurs. Le sage est toujours disposé à accepter et à exercer une charge ; mais il veut que les principes soient observés. Il attend une invitation régulière, comme la pierre précieuse attend les offres d’un acheteur.

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9.14

子欲居九夷。或曰:“陋,如之何!”子曰:“君子居之,何陋之有?”

Le Maître [Confucius] aurait voulu aller vivre au milieu des neuf tribus de barbares qui sont à l’orient. Quelqu’un lui dit :
— Ils sont grossiers ; convient-il de vivre parmi eux ?

Il répondit :
— Si un homme sage demeure au milieu d’eux, qu’auront-ils encore de grossier ?

Confucius, voyant que ses enseignements étaient infructueux, aurait désiré quitter l’empire chinois et se retirer dans une contrée étrangère. Il lui échappait, malgré lui, des gémissements par lesquels il manifestait comme le désir de vivre au milieu des neuf tribus des barbares orientaux. Il disait de même qu’il aurait désiré se confier à la mer sur un radeau (et se retirer dans une île déserte). Il n’avait pas réellement le dessein d’aller habiter au milieu des barbares dans l’espoir de les civiliser.

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9.15

子曰:“吾自卫反鲁,然后乐正,雅颂各得其所。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Depuis que je suis revenu de la principauté de Wei dans celle de Lou, la musique a été corrigée, les odes des parties du Cheu king qui sont intitulées Ia et Soung ont été remises en ordre.

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9.16

子曰:“出则事公卿,入则事父兄,丧事不敢不勉,不为酒困,何有于我哉 ?”

Le Maître [Confucius] dit :
— Hors de la maison, remplir mes devoirs envers les grands et les ministres d’État ; à la maison, remplir mes devoirs envers mes parents et ceux de mes frères qui sont plus âgés que moi ; observer le mieux possible toutes les prescriptions du deuil ; éviter l’ivresse ; ces quatre mérites se trouvent-ils en moi ?

Le philosophe, pour instruire les autres en s’abaissant lui-même, dit : « C’est au prix de grands efforts et à grand’peine que j’accomplis ces quatre choses. »

Sommaire Entretiens de Confucius

9.17

子在川上,曰:“逝者如斯夫!不舍昼夜。”

Le Maître [Confucius] se trouvant au bord d’un cours d’eau dit :
— Tout passe comme cette eau ; rien ne s’arrête ni jour ni nuit.

Le sage imite ce mouvement continuel de l’eau et de toute la nature. Il ne cesse de se faire violence, jusqu’à ce qu’il arrive au sommet de la perfection.

Sommaire Entretiens de Confucius

9.18

子曰:“吾未见好德如好色者也。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Je n’ai pas encore rencontré un homme qui aimât la vertu autant que l’éclat extérieur.

L’histoire raconte que, Confucius se trouvant dans la principauté de Wei, le prince Ling, porté sur une même voiture avec sa femme, fit monter Confucius sur une seconde voiture, et, pour frapper les regards, lui fit traverser la place publique. Le philosophe trouva ce procédé de très mauvais goût et dit à cette occasion les paroles qui viennent d’être citées.

Sommaire Entretiens de Confucius

9.19

子曰:“譬如为山,未成一篑,止,吾止也;譬如平地,虽覆一篑,进,吾往也。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Si, après avoir entrepris d’élever un monticule, j’abandonne mon travail, quand il ne manquerait qu’un panier de terre, il sera vrai de dire que j’ai abandonné mon entreprise. Si, après avoir commencé à faire un remblai, je continue mon travail, quand même je ne mettrais qu’un panier de terre, mon entreprise avancera.

Si le disciple de la sagesse fait sans cesse des efforts, même en recueillant peu à la fois, il amassera beaucoup ; mais s’il s’arrête à moitié chemin, il perdra tout le fruit du travail qu’il a déjà accompli.

Sommaire Entretiens de Confucius

9.20

子曰:“语之而不惰者,其回也与!”

Le Maître [Confucius] dit :
— Un homme qui, dès qu’il avait reçu un enseignement utile, le mettait en pratique avec ardeur, c’était Houei.

Sommaire Entretiens de Confucius

9.21

子谓颜渊,曰:“惜乎!吾见其进也,未见其止也。”

Le Maître [Confucius] parlant de Ien Iuen, disait :
— Oh ! que sa perte est regrettable ! je l’ai toujours vu progresser, jamais s’arrêter.

Sommaire Entretiens de Confucius

9.22

子曰:“苗而不秀者有矣夫!秀而不实者有矣夫!”

Le Maître [Confucius] dit :
— Il est parfois des moissons qui n’arrivent pas à fleurir ; il en est aussi qui, après avoir fleuri, n’ont pas de grain.

Ainsi en est-il des hommes qui s’adonnent à l’étude de la sagesse, s’ils ne sont pas persévérants.

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9.23

子曰:“后生可畏,焉知来者之不如今也?四十、五十而无闻焉,斯亦不足畏也已。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Nous devons prendre garde que les jeunes gens n’arrivent à nous surpasser. Qui sait s’ils ne parviendront pas à égaler les hommes de notre temps ? A l’âge de quarante ou cinquante ans, s’ils ne se sont pas encore signalés par leur vertu, il n’y aura plus lieu d’avoir la même crainte.

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9.24

子曰:“法语之言,能无从乎?改之为贵。巽与之言,能无说乎?绎之为贵。说而不绎,从而不改,吾末如之何也已矣。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Peut-on fermer l’oreille à un avis juste et sincère ? Mais l’essentiel c’est de se corriger. Un avis donné doucement et adroitement peut-il déplaire ? Mais il faut surtout le méditer. je n’ai rien à faire d’un homme qui aime les avis, mais ne les médite pas, qui prête l’oreille, mais ne se corrige pas.

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9.25

子曰:“三军可夺帅也,匹夫不可夺志也。”

Le Maître [Confucius] dit :
— On peut enlever de force à une armée de trois légions son général en chef ; il est impossible d’arracher de force au moindre particulier sa détermination de pratiquer la vertu.

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9.26

子曰:“衣敝縕袍,与衣狐貉者立,而不耻者,其由也与?‘不忮不求,何用不臧?’”子路终身诵之。子曰:“是道也,何足以臧?”

Le Maître [Confucius] dit :
— Iou est homme à ne pas rougir de se trouver vêtu d’une tunique de toile usée au milieu d’hommes vêtus de fourrures de renard et de martre. On peut lui appliquer ces deux vers du Cheu king :

Celui qui ne fait tort à personne et n’est pas cupide, ne sera-t-il pas bon envers tout le monde ?

Tzeu lou, flatté de cet éloge, répétait sans cesse les deux vers du Cheu king.

Confucius dit :
— Ces deux choses suffisent-elles pour être parfaitement bon ?

Sommaire Entretiens de Confucius

9.27

子曰:“岁寒,然后知松柏之后雕也。”

Le Maître [Confucius] dit :
— C’est seulement quand le froid de l’hiver est arrivé, qu’on s’aperçoit que le pin et le cyprès perdent leurs feuilles après tous les autres arbres.

Le froid de l’hiver est l’image d’une époque de trouble. La persistance du feuillage est l’image de la volonté ferme et constante du sage. Quand la tranquillité règne, l’homme vulgaire pourra ne pas se distinguer de l’homme sage. C’est seulement au milieu des avantages ou des désavantages apportés par une révolution, qu’on reconnaît la constance du sage.

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9.28

子曰:“知者不惑,仁者不忧,勇者不惧。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Un homme éclairé et prudent n’hésite pas ; un homme parfait est exempt de soucis ; un homme courageux n’a pas peur.

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9.29

子曰:“可与共学,未可与适道;可与适道,未可与立;可与立,未可与权。”

Le Maître [Confucius] dit :
— On doit faire avancer son disciple graduellement ; à celui à qui on doit permettre seulement d’étudier avec Le Maître [Confucius], on ne doit pas encore permettre d’entrer dans la voie de la vertu ; à celui à qui l’on doit permettre seulement d’entrer dans la voie de la vertu, on ne doit pas encore permettre de s’y fixer solidement ; à celui à qui l’on doit seulement permettre de s’affermir dans la vertu, on ne doit pas encore permettre de décider si une loi générale oblige ou non dans tel cas particulier.

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9.30

“唐棣之华,偏其反而。岂不尔思?室是远而。”子曰:“未之思也,夫何远之有?”

Un ancien chant disait :
Le cerisier sauvage lui-même agite ses fleurs. Comment ne penserais-je pas à vous ? Mais vous demeurez loin d’ici.

Le Maître [Confucius], après avoir cité cette strophe, disait :
— Les hommes ne pensent pas à la vertu. Ont-ils à surmonter la difficulté de la distance ?

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Chapitre 10

乡党 – Xiang Dang

10.1

孔子於鄉黨、恂恂如也、似不能言者。其在宗廟朝廷、便便然、唯謹爾。

Confucius, dans le village où demeurait sa famille, était très simple ; il semblait ne pas savoir parler. Dans le temple des ancêtres et à la cour du prince, il s’exprimait clairement, mais avec une attention respectueuse.

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10.2

朝與下大夫言、侃侃如也、與上大夫言、誾誾如也。君在、踧踖如也、與與如也。

Dans le palais du prince, il parlait aux inférieurs avec fermeté et sans détours, aux supérieurs avec affabilité et franchise. En présence du prince, il montrait une crainte presque respectueuse, une noble gravité.

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10.3

君召使擯、色勃如也。足躩如也、揖所與立、左右手、衣前後、檐如也。趨進、翼如也。賓退、必復命、曰‘賓不顧矣’

Quand il était chargé par le prince de Lou de recevoir les hôtes, l’air de son visage semblait changé et sa démarche embarrassée. Pour saluer les hôtes à leur arrivée, il joignait les mains, tournait seulement les mains jointes à droite et à gauche, sa tunique restait bien ajustée par devant et par derrière. En introduisant les hôtes, il marchait d’un pas rapide, tenant les bras un peu étendus, comme les ailes d’un oiseau. Après le départ d’un hôte, il ne manquait pas d’avertir le prince. Il lui disait : « L’hôte ne tourne plus la tête en arrière.

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10.4

入公門、鞠躬如也、如不容。立不中門、行不履閾。過位、色勃如也、足躩如也、其言似不足者。攝齊升堂、鞠躬如也、屏氣似不息者。出降一等、逞顏色、怡怡如也、沒階趨進、翼如也、復其位、踧踖如也。

En entrant à la porte du palais, il se courbait comme si la porte avait été trop basse pour le laisser passer. Il ne se tenait pas au milieu de l’entrée ; en marchant, il évitait de mettre le pied sur le seuil. En passant auprès du siège du prince, l’air de son visage paraissait changé et sa démarche embarrassée ; les paroles remblaient lui manquer. Il montait à la salle, tenant sa tunique relevée, ayant le corps incliné, et retenant son haleine comme s’il ne pouvait plus respirer. En sortant, dès qu’il avait descendu le premier degré, son visage reprenait son air accoutumé ; il paraissait affable et joyeux. Arrivé au bas des degrés, il hâtait le pas, comme un oiseau qui étend les ailes. En retournant à sa place, il paraissait éprouver une crainte respectueuse.

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10.5

執圭、鞠躬如也、如不勝。上如揖、下如授、勃如戰色、足蹜蹜如有循。享禮、有容色、私覿、愉愉如也。

Il tenait la tablette de son prince, le corps incliné, comme s’il n’avait pas la force de la soutenir ; il la levait comme s’il avait salué, c’est-à-dire à la hauteur de la tête ; il l’abaissait comme s’il avait offert un objet, c’est-à-dire à la hauteur de la poitrine. Il avait l’air d’un homme qui tremble de peur. Il levait à peine les pieds en marchant, comme s’il avait cherché à suivre les traces de quelqu’un. En offrant au prince étranger les présents de son prince, il avait un air affable et joyeux. En lui offrant ses propres présents dans une visite particulière, il se montrait encore plus affable.

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10.6

君子不以紺緅飾、紅紫不以為褻服、當暑、袗絺綌、必表而出之。緇衣羔裘、素衣麑裘、黃衣狐裘。褻裘長、短右袂。(必有寢衣、長一身有半。)厚以居去。喪無所不佩。非帷裳、必殺之。羔裘玄冠、不以弔。吉月、必朝服而朝。

Ce grand sage ne portait pas de collet à bordure de couleur rouge tirant sur le bleu, ni de collet à bordure rouge tirant sur le noir.

Il ne prenait pas pour ses vêtements ordinaires la couleur rouge tirant sur le blanc, ni la couleur violette. Pendant les chaleurs de l’été, sous une tunique de chanvre d’un tissu peu serré, il portait une autre tunique. En hiver, il portait une tunique noire sur une tunique doublée de peau d’agneau noir, ou une tunique blanche sur une tunique doublée de peau de cerf blanc, ou une tunique jaune sur une tunique doublée de peau de renard jaune. La tunique doublée de fourrure qu’il portait ordinairement était longue ; mais la manche droite était plus courte que la gauche. Les vêtements doublés d’épaisse fourrure de renard ou de martre lui servaient à la maison. Quand il n’était pas en deuil, il portait toujours divers objets suspendus à la ceinture. Quant au vêtement qui lui descendait des reins jusqu’aux pieds, celui qui lui servait à la cour ou dans les temples avait des plis à la ceinture ; pour les autres, l’étoffe était deux fois moins large à la ceinture qu’à la partie inférieure. Il ne mettait pas sa tunique doublée de peau d’agneau ni son bonnet noir pour aller pleurer les morts. Le premier jour de la lune, il ne manquait pas de revêtir ses habits de cour et d’aller saluer son prince.

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10.7

齊、必有明衣、布、齊、必變食、居必遷坐。

Lorsqu’il gardait l’abstinence, il revêtait une tunique de toile qui était réservée pour les jours de purification. La nuit, il prenait son repos enveloppé dans un vêtement qui avait une fois et demie la longueur de son corps. Il changeait de nourriture et d’appartement.

Lorsque Confucius se préparait à faire une offrande, il gardait l’abstinence prescrite. Après avoir prit un bain, il revêtait (sur ses vêtements ordinaires) la tunique des jours de purification, afin de conserver son corps pur et net de toute souillure. Cette tunique était de toile. Il avait soin de purifier parfaitement, non seulement son cœur et ses intentions, mais aussi son corps. Au temps de l’abstinence, comme il n’est permis de prendre son repos ni déshabillé, ni revêtu de la tunique des jours de purification, il avait un vêtement spécial qu’il mettait la nuit sur ses vêtements ordinaires. Ce vêtement avait une fois et demie la longueur de son corps, afin qu’il servît à couvrir les pieds. Au temps de l’abstinence, il changeait l’ordinaire de sa table. Il ne buvait pas de boisson fermentée, ne mangeait pas de légumes à odeur forte, de crainte que l’odeur n’obscurcit la clarté de son intelligence.

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10.8

食不厭精、膾不厭細。食饐而餲魚餒而肉敗、不食。色惡不食、臭惡不食。失飪不食、不時不食。割不正不食、不得其醬不食。肉雖多、不使勝食氣、唯酒無量、不及亂。沽酒、市脯、不食。不撤薑食。不多食。

Confucius aimait que sa bouillie fût faite d’un riz très pur, et son hachis composé de viande hachée très fin. Il ne mangeait pas la bouillie qui était moisie et gâtée, ni le poisson ni la viande qui commençaient à se corrompre. Il ne mangeait pas un mets qui avait perdu sa couleur ou son odeur ordinaire. Il ne mangeait pas un mets qui n’était pas cuit convenablement, ni un fruit qui n’était pas assez mûr. Il ne mangeait pas ce qui n’avait pas été coupé d’une manière régulière, ni ce qui n’avait pas été assaisonné avec la sauce convenable.

Le hachis se fait avec de la viande de bœuf ou de mouton, ou de la chair de poisson, que l’on hache très fin. Le riz bien pur nourrit l’homme, le hachis grossièrement préparé lui nuit. Pou ien, ces mots signifient que Confucius trouvait ces aliments très bons, mais non qu’il voulût absolument les avoir tels. Il ne mangeait rien de ce qui pouvait nuire à la santé. Il pensait que la viande devait être coupée d’une manière régulière. Quand elle ne l’était pas, il ne la mangeait pas ; il haïssait le manque de régularité.

Lors même que les viandes abondaient, il ne prenait pas plus de viande que de nourriture végétale. La quantité de boisson fermentée dont il usait n’était pas déterminée ; mais elle n’allait jamais jusqu’à lui troubler la raison. Il ne voulait pas de liqueur fermentée ni de viande séchée qui eussent été achetées. Il avait toujours du gingembre sur sa table. Il ne mangeait pas avec excès.

Les grains doivent faire la partie principale de la nourriture. Pour cette raison, Confucius ne mangeait pas plus de viande que d’autres aliments. Les liqueurs fermentées servent à exciter la joie dans les réunions. Confucius ne se prescrivait pas de règle fixe, seulement il évitait l’ivresse, et n’allait pas jusqu’à avoir la raison troublée. Le gingembre éclaircit l’intelligence, et dissipe toutes les impuretés. Confucius en avait toujours sur sa table.

祭於公、不宿肉。祭肉、不出三日、出三日、不食之矣。

Quand il avait aidé le prince à faire une oblation dans le palais, il ne gardait pas même une nuit la viande offerte. Il ne gardait pas plus de trois jours la viande qu’il avait lui-même offerte à ses parents défunts. Au delà de trois jours, il ne l’aurait pas mangée.

Lorsqu’il avait aidé à faire des offrandes aux morts dans le palais du prince de Lou, il recevait sa part des viandes. De retour à la maison, il les distribuait aussitôt, sans attendre au lendemain, par respect pour les faveurs des mânes, et par honneur pour les dons du prince. Quand il avait fait une offrande dans sa maison, bien qu’il lui fût permis d’attendre un peu, quand il n’avait pu distribuer la viande le jour même, il ne la conservait pas plus de trois jours. Car elle aurait été gâtée, et les hommes ne l’auraient pas mangée. C’eût été traiter sans respect les restes du repas des mânes.

食不語、寢不言。

En prenant ses repas, il ne discutait aucune question, lors même qu’on l’interrogeait. La nuit, quand il était couché, il n’entamait aucune discussion.

Ce grand sage, aux heures des repas, s’occupait de manger ; aux heures du repos, il se reposait. Ce n’était pas alors pour lui le temps de discourir ni de répondre aux questions sur la philosophie. Il ne s’occupait alors que d’une seule chose.

雖疏食、菜羹、瓜祭、必齊如也。

Même quand il n’avait sur sa table qu’une nourriture grossière et du bouillon aux herbes, il ne manquait pas d’offrir quelque chose à ses parents défunts, et il l’offrait toujours avec respect.

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10.9

子曰 席不正不坐。

Il ne s’asseyait pas sur une natte qui n’était pas placée selon les règles.

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10.10

鄉人飲酒、杖者出、斯出矣。

Quand il avait pris part à une réunion où les habitants de son village avaient bu ensemble, il quittait la salle après les vieillards à bâton.

鄉人儺、朝服而立於阼階。

Quand les habitants de son village faisait des supplications pour écarter les maladies pestilentielles, il se tenait en habits de cour au pied des degrés, au côté oriental de la salle.

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10.11

問人於他邦、再拜而送之。 康子饋藥、拜而受之、曰‘丘未達、不敢嘗’

Quand il envoyait saluer un ami dans une principauté étrangère, il faisait deux salutations, puis il conduisait l’envoyé jusqu’à la porte. Ki Kang tzeu lui ayant envoyé un remède en présent, le philosophe fit une salutation, reçut le présent, et dit :
— Je ne connais pas ce remède ; je n’oserai pas le prendre.

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10.12

廄焚、子退朝、曰‘傷人乎’不問馬

Son écurie ayant été incendiée, Confucius, à son retour du palais, dit :
— Personne n’a-t-il été atteint par le feu ?
Il ne s’informa pas des chevaux.

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10.13

君賜食、必正席先嘗之。君賜腥、必熟而薦之。君賜生、必畜之。侍食於君、君祭、先飯。

Quand le prince lui envoyait un mets tout préparé, il le goûtait sur une natte convenablement disposée. Quand le prince lui envoyait de la viande crue, il la faisait cuire, et l’offrait aux défunts. Quand le prince lui donnait un animal vivant, il le nourrissait. Lorsqu’il mangeait au palais à côté du prince, au moment où celui-ci offrait des mets aux défunts, Confucius goûtait les mets.

疾、君視之、東首加朝服拖紳。

Quand il était malade et que le prince annonçait sa visite, il plaçait la tête vers l’orient, il mettait sur lui ses habits de cour et étendait la ceinture officielle par-dessus.

君命召、不俟駕行矣。

Lorsque le prince l’appelait au palais, il s’y rendait à pied, sans attendre que sa voiture fût attelée.

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10.14

朋友之饋、雖車馬、非祭肉、不拜。

A la mort de l’un de ses amis, s’il n’y avait aucun parent pour prendre soin des funérailles, il disait :
— Je me charge des obsèques.

Quand il recevait des présents de ses amis, fût-ce des voitures et des chevaux, il ne faisait pas de salutation, à moins que ce ne fût de la viande offerte aux défunts.

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10.15

寢不尸、居不容。

Couché pour prendre son repos, il ne s’étendait pas comme un cadavre. A la maison, son maintien n’avait rien de trop grave.

見齊衰者、雖狎必變。見冕者與瞽者、雖褻必以貌。凶服者式之、式負版者、有盛饌、必變色而作。迅雷、風烈必變。

Lorsqu’il voyait un homme en habits de deuil, fût-ce un ami intime, il prenait un air de compassion. Lorsqu’il voyait un homme en costume officiel ou un aveugle, même en particulier, il ne manquait pas de lui donner une marque de respect. Lorsqu’il était en voiture, s’il voyait un homme en grand deuil, il mettait les mains sur l’appui de la voiture et saluait par une inclinaison de tête. S’il rencontrait un homme portant les tablettes du cens, il le saluait de la même manière. Quand on lui avait préparé un grand festin, il se levait et remerciait Le Maître [Confucius] de la, maison. Quand le tonnerre grondait ou que le vent se déchaînait, l’air de son visage témoignait son respect envers le Ciel irrité.

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10.16

升車、必正立、執綏。車中不內顧、不疾言、不親指。

Lorsqu’il montait en voiture, il tenait le corps droit, et prenait de la main le cordon qui aide à monter. Dans la voiture, il ne regardait pas en arrière, ne parlait pas avec précipitation, ne montrait rien du doigt.

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10.17

色斯舉矣、翔而後集。曰‘山梁雌雉、時哉時哉’
子路共之、三嗅而作。

Lorsqu’un oiseau voit un homme à l’air menaçant, il s’envole, tournoie, puis se repose. Confucius dit :
— Que cette faisane, sur le pont, dans la montagne, sait bien choisir son temps pour s’envoler et pour se reposer !

Tzeu lou s’étant tourné vers elle pour la prendre, elle poussa trois cris, et s’envola.

Si un oiseau remarque si bien tous les indices, l’homme devrait-il aller et venir sans examen ni délibération ?

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Chapitre 11

先进 – Xian Jin

11.1

子曰:“先进于礼乐,野人也;后进于礼乐,君子也。如用之,则吾从先进。”

Le Maître [Confucius] dit :

— En ce qui concerne l’urbanité et la musique, les anciens passent pour des hommes peu civilisés, et les modernes, pour des hommes sages. Dans la pratique, j’imite les anciens.

Confucius appelle anciens les hommes qui vivaient au temps de Wenn wang, de Ou wang, de Tch’eng wang et de K’ang wang ; et modernes, ceux qui vivaient dans les derniers temps de la dynastie des Tcheou. Chez les anciens, l’urbanité et la musique étaient parfaites et pour le fond et pour la forme. Au temps de Confucius, elles étaient considérées comme trop simples, et les anciens eux-mêmes passaient pour des hommes grossiers. Plus tard, l’urbanité et la musique eurent plus d’apparence que de réalité. Néanmoins, au temps de Confucius, elles étaient considérées comme parfaites pour le fond et pour la forme, et les modernes passaient pour des sages.

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11.2

子曰:“从我于陈、蔡者,皆不及门也。” 德行:颜渊,闵子骞,冉伯牛,仲弓。言语:宰我,子贡。政事:冉有,季路。文学:子游,子夏。

Le Maître [Confucius] dit :

— De tous les disciples qui m’ont accompagné dans les principautés de Tch’enn et de Ts’ai, aucun ne fréquente plus mon école. Ien Houei, Min Tzeu k’ien, Jen Pe gniou et Tchoung koung étaient remarquables par leurs vertus ; Tsai Ngo et Tzeu koung, par leur habileté à parler ; Jen Iou et Ki Lou, par leur habileté à gouverner ; Tzeu iou et Tzeu hia, par leur habileté dans les lettres et leur érudition.

Les uns étaient dans leurs foyers, les autres, dans les charges ; les uns vivaient encore, les autres étaient morts.

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11.3

子曰:“回也非助我者也,于吾言无所不说。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Houei ne m’excitait pas à parler ; il était content de tout ce que je disais.

Il n’avait jamais ni doute ni difficulté et n’interrogeait pas son maître. Comment l’aurait-il excité à discourir ?

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11.4

子曰:“孝哉闵子骞!人不间于其父母昆弟之言。”

Le Maître [Confucius] dit :
— Que Min Tzeu k’ien était remarquable par sa piété filiale ! Les étrangers n’en parlent pas autrement que son père, sa mère et ses frères.

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11.5

南容三复白圭,孔子以其兄之子妻之。

Nan Ioung, pour se souvenir qu’il fallait parler avec circonspection, répétait souvent ces mots du Cheu king :

La tablette blanche peut être polie et ses défauts disparaîtront.
Confucius lui donna en mariage la fille de son frère.

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11.6

季康子问:“弟子孰为好学?”孔子对曰:“有颜回者好学,不幸短命死矣!今也则亡。”

Ki K’ang tzeu demanda à Confucius lequel de ses disciples s’appliquait de tout son cœur à l’étude de la sagesse.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Ien Houei s’y appliquait de tout son pouvoir. Malheureusement il a peu vécu. A présent personne ne l’égale.

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11.7

颜渊死,颜路请子之车以为之椁。子曰:“才不才,亦各言其子也。鲤也死,有棺而无椁。吾不徒行以为之椁。以吾从大夫之后,不可徒行也。”

Ien Iuen étant mort, Ien Lou demanda la voiture de Confucius, afin d’en employer le prix à acheter un second cercueil au défunt. Le Maître [Confucius] répondit :

— Aux yeux d’un père, un fils est toujours un fils, qu’il ait du talent ou non. Quand mon fils Li est mort, il a eu un cercueil, mais pas de second cercueil pour contenir et protéger le premier. Je ne suis pas allé à pied, afin de lui procurer un second cercueil. Comme je viens immédiatement après les grands préfets, il ne convient pas que j’aille à pied.

Li, nommé aussi Pe iu, était le fils de Confucius. Il mourut avant son père. Confucius dit que Li, bien qu’inférieur à Ien Iuen en talents et en vertus, était cependant son fils, comme Ien Iuen était le fils de Ien Lou. A cette époque, Confucius n’exerçait plus aucune charge ; mais il avait encore rang parmi les grands préfets. Par modestie, il dit qu’il vient après eux.

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11.8

颜渊死。子曰:“噫!天丧予!天丧予!”

Ien Iuen étant mort, Le Maître [Confucius] dit :

— Hélas ! le Ciel m’a ôté la vie ! le Ciel m’a anéanti !

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11.9

颜渊死,子哭之恸。从者曰:“子恸矣。”曰:“有恸乎?非夫人之为恸而谁为!”

Le Maître [Confucius] pleura amèrement la mort de Ien Iuen. Ses disciples lui dirent :

— Maître, votre douleur est excessive.

Il répondit :

— Ma douleur est-elle excessive ? S’il y a lieu d’éprouver jamais une grande affliction, n’est-ce pas après la perte d’un tel homme ?

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11.10

颜渊死,门人欲厚葬之,子曰:“不可。”门人厚葬之。子曰:“回也视予犹父也,予不得视犹子也。非我也,夫二三子也。”

Ien Iuen étant mort, les disciples de Confucius voulurent faire de grands frais pour sa sépulture. Le Maître [Confucius] dit :

— Cela ne convient pas.

Les disciples l’enterrèrent néanmoins à grands frais. Le Maître [Confucius] dit :

— Houei me considérait comme son père ; moi, je n’ai pu le traiter comme mon fils, c’est-à-dire l’enterrer pauvrement comme mon fils Li. Ce n’est pas moi qui en suis la cause, mais ces quelques disciples.

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11.11

季路问事鬼神。子曰:“未能事人,焉能事鬼?”敢问死。曰:“未知生,焉知死?”

Tzeu lou interrogea Confucius sur la manière d’honorer les esprits. Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui qui ne ait pas remplir ses devoirs envers les hommes, comment saura-t-il honorer les esprits ? Tzeu lou reprit :

— Permettez-moi de vous interroger sur la mort. Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui qui ne sait pas ce que c’est que la vie, comment saura-t-il ce que c’est que la mort ?

Le philosophe Tch’eng dit : « Celui qui sait ce que c’est que la vie, sait ce que c’est que la mort. Celui qui remplit parfaitement ses devoirs envers ses supérieurs, remplit parfaitement ses devoirs envers les esprits. »

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11.12

闵子侍侧,誾誾如也;子路,行行如也;冉有、子贡,侃侃如也。子乐。“若由也,不得其死然。”

Un jour Min tzeu se tenait auprès de Confucius avec un air ferme et affable, Tzeu lou, avec l’air d’un homme brave et audacieux, Jen Iou et Tzeu koung, avec un air sérieux. Le Maître [Confucius] était content de voir cette fermeté qui paraissait dans leur maintien.

— Un homme comme Iou, dit-il, ne peut mourir de mort naturelle.

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11.13

鲁人为长府。闵子骞曰:“仍旧贯,如之何?何必改作?”子曰:“夫人不言,言必有中。”

Les ministres de la principauté de Lou voulaient reconstruire à neuf le magasin appelé Tch’ang fou. Min Tzeu k’ien dit :

— Si l’on réparait l’ancien bâtiment, ne serait-ce pas bien ? Est-il nécessaire d’élever une nouvelle construction ?

Le Maître [Confucius] dit :

— Cet homme ne parle pas à la légère ; quand il parle, il parle très bien.

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11.14

子曰:“由之瑟奚为于丘之门?”门人不敬子路。子曰:“由也升堂矣,未入于室也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Pourquoi la guitare de Iou se fait-elle entendre dans mon école ?
Les disciples de Confucius, ayant entendu ces paroles, conçurent du mépris pour

Tzeu lou. Le Maître [Confucius] leur dit :

— Iou est déjà monté au temple de la sagesse ; mais il n’a pas encore pénétré dans le sanctuaire.

Tzeu lou était d’un caractère raide et impétueux. Les sons de sa guitare imitaient les cris que poussent les habitants des contrées septentrionales au milieu des combats et des massacres. Le philosophe l’en reprit, en disant : « Dans mon école, le juste milieu et l’harmonie forment la base de l’enseignement. La guitare de Iou manque tout à fait d’harmonie. Pourquoi se fait-elle entendre dans mon école ? » Les disciples de Confucius ; ayant entendu ces paroles, ne témoignèrent plus aucune estime à Tzeu lou. Le Maître [Confucius], pour les tirer d’erreur, leur dit : « Tzeu lou, dans la voie de la sagesse, a déjà atteint une région pure, spacieuse, élevée, lumineuse ; seulement, il n’a pas encore pénétré profondément dans les endroits les plus retirés et les plus secrets. Parce qu’il manque encore une chose à sa perfection, on ne doit pas le mépriser. »

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11.15

子贡问:“师与商也孰贤?”子曰:“师也过,商也不及。”曰:“然则师愈与?”子曰:“过犹不及。”

Tzeu koung demanda lequel des deux était le plus sage, de Cheu ou de Chang. Le Maître [Confucius] répondit :

— Cheu va au-delà des limites ; Chang reste en-deçà.

Tzeu koung reprit :

— D’après cela, Cheu l’emporte-t-il sur Chang ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Dépasser les limites n’est pas un moindre défaut que de rester en-deçà.

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11.16

季氏富于周公,而求也为之聚敛而附益之。子曰:“非吾徒也。小子鸣鼓而攻之,可也。”

Ki était devenu plus riche que ne l’avait été Tcheou koung. Cependant, K’iou levait pour lui des taxes, et augmentait encore son opulence. Le Maître [Confucius] dit :

— Jen Iou n’est plus mon disciple. Mes chers enfants, battez le tambour et attaquez-le, vous ferez bien.

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11.17

柴也愚,参也鲁,师也辟,由也喭。

Confucius dit :

— Tch’ai est peu instruit, Chenn peu perspicace, Cheu plus soucieux d’une belle apparence que de la vraie vertu ; Iou n’est pas assez poli.

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11.18

子曰:“回也其庶乎,屡空。赐不受命,而货殖焉,亿则屡中。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Houei avait presque atteint la plus haute perfection. Il était ordinairement dans l’indigence. Seu ne s’abandonne pas à la Providence ; il amasse des richesses ; mais il est judicieux.

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11.19

子张问善人之道。子曰:“不践迹,亦不入于室。”

Tzeu tchang interrogea Confucius sur la vertu de ceux qui sont naturellement bons.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Ils ne marchent pas sur les traces des sages ; ils n’entreront pas dans le sanctuaire de la sagesse.

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11.20

子曰:“论笃是与,君子者乎?色庄者乎?”

Le Maître [Confucius] dit :

— De ce qu’un homme fait des dissertations solides sur la vertu, on ne doit pas juger aussitôt qu’il est vertueux. Il faut examiner s’il est vraiment un sage, ou s’il en a seulement l’apparence.

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11.21

子路问:“闻斯行诸?”子曰:“有父兄在,如之何其闻斯行之?”冉有问:“闻斯行诸?”子曰:“闻斯行之。”公西华曰:“由也问闻斯行诸,子曰‘有父兄在’;求也问闻斯行诸,子曰‘闻斯行之’。赤也惑,敢问。”子曰:“求也退,故进之;由也兼人,故退之。”

Tzeu lou dit à Confucius :

— Quand je reçois un enseignement utile, dois-je le mettre en pratique immédiatement ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Vous avez encore votre père et des frères plus âgés que vous. Conviendrait-il de mettre aussitôt à exécution tout ce que vous apprenez d’utile ?

Jen Iou demanda aussi s’il devait mettre en pratique sans retard tout ce qu’il apprenait de bon. Le Maître [Confucius] répondit :

— Faites-le tout de suite.

Koung si Houa dit :

— Iou a demandé s’il devait mettre aussitôt à exécution tout ce qu’il apprenait d’utile à faire. Le Maître [Confucius] lui a répondu qu’il avait encore son père et des frères plus âgés que lui. K’iou a adressé la même question dans les mêmes termes. Le Maître [Confucius] a répondu qu’il devait mettre en pratique sur-le-champ ce qu’il apprenait de bon. Moi, Tch’eu, je suis dans l’incertitude ; j’ose vous prier de me l’expliquer.
Confucius dit

— K’iou n’ose pas avancer ; je l’ai poussé en avant. Iou a autant d’ardeur et de hardiesse que deux ; je l’ai arrêté et tiré en arrière.

Sommaire Entretiens de Confucius

11.22

子畏于匡,颜渊后。子曰:“吾以女为死矣。”曰:“子在,回何敢死?”

Le Maître [Confucius] avait couru un grand danger dans le bourg de K’ouang. Ien Iuen était resté en arrière. Confucius lui dit :

— Je vous croyais mort.

Ien Iuen répondit :

— Quand vous vivez encore, comment me serais-je permis de m’exposer à la mort ?

Sommaire Entretiens de Confucius

11.23

季子然问:“仲由、冉求可谓大臣与?”子曰:“吾以子为异之问,曾由与求之问。所谓大臣者:以道事君,不可则止。今由与求也,可谓具臣矣。”曰:“然则从之者与?”子曰:“弑父与君,亦不从也。”

Ki Tzeu jen demanda à Confucius si Tzeu lou et Jen Iou avaient les talents nécessaires pour être de grands ministres. Le Maître [Confucius] répondit :

— Je pensais que vous alliez me parler d’hommes extraordinaires, et vous me parlez de Iou et de K’iou. Un grand ministre est celui qui sert son prince selon les règles de la justice, et qui se retire dès qu’il ne peut plus le faire. Iou et K’iou peuvent remplir d’une manière ordinaire les fonctions de ministres.

Ki Tzeu jen ajouta :

— Seront-ils obéissants à leurs maîtres ?

Confucius répondit :
— Leur obéissance n’ira pas jusqu’à tremper dans un parricide ou un régicide.

Ki Tzeu jen était fils de Ki P’ing tzeu et frère puîné de Ki Houan tzeu. Il croyait que sa famille avait beaucoup gagné en attirant à son service Tzeu lou et Jen Iou. Ki Houan tzeu était le chef de la famille Ki. (Voir Ch. III, 1, 2 et 6.)

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11.24

子路使子羔为费宰。子曰:“贼夫人之子。”子路曰:“有民人焉,有社稷焉。何必读书,然后为学?”子曰:“是故恶夫佞者。”

Tzeu lou avait nommé Tzeu kao gouverneur de la ville de Pi. Le Maître [Confucius] dit :

— C’est faire grand tort à ce jeune homme et à son père.

Tzeu lou répondit

— Il est chargé de diriger le peuple et les officiers, d’honorer les esprits qui président à la terre et aux moissons. Pour qu’il soit censé avoir appris l’art de gouverner, est-il nécessaire qu’il étudie les livres ?

Le Maître [Confucius] répliqua :

— Je hais ces beaux parleurs.

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11.25

子路、曾皙、冉有、公西华侍坐。子曰:“以吾一日长乎尔,毋吾以也。居则曰:“不吾知也!’如或知尔,则何以哉?”子路率尔而对曰:“千乘之国,摄乎大国之间,加之以师旅,因之以饥馑;由也为之,比及三年,可使有勇,且知方也。”夫子哂之。“求!尔何如?”对曰:“方六七十,如五六十,求也为之,比及三年,可使足民。如其礼乐,以俟君子。”“赤!尔何如?”对曰:“非曰能之,愿学焉。宗庙之事,如会同,端章甫,愿为小相焉。”“点!尔何如?”鼓瑟希,铿尔,舍瑟而作。对曰:“异乎三子者之撰。”子曰:“何伤乎?亦各言其志也。”曰:“莫春者,春服既成。冠者五六人,童子六七人,浴乎沂,风乎舞雩,咏而归。”夫子喟然叹曰:“吾与点也!”三子者出,曾皙后。曾皙曰:“夫三子者之言何如?”子曰:“亦各言其志也已矣。”曰:“夫子何哂由也?”曰:“为国以礼,其言不让,是故哂之。”“唯求则非邦也与?”“安见方六七十如五六十而非邦也者?”“唯赤则非邦也与?”“宗庙会同,非诸侯而何?赤也为之小,孰能为之大?”

Le Maître [Confucius] dit à Tzeu lou, à Tseng Si, à Jen Iou et à Koung si Houan, qui étaient assis à ses côtés :

— Parlez-moi franchement, sans considérer que je suis un peu plus âgé que vous. Laissés dans la vie privée, vous vous dites : « Les hommes ne me connaissent pas. »

Si les hommes vous connaissaient, que feriez-vous ?

Tzeu lou se hâta de répondre :

— Supposons qu’une principauté, possédant mille chariots de guerre, soit tenue comme en servitude entre deux principautés voisines très puissantes ; que, de plus, elle soit envahie par une armée nombreuse ; qu’ensuite les grains et les légumes viennent à lui manquer ; si j’étais chargé de la gouverner, en trois ans, je pourrais inspirer du courage aux habitants, et leur faire aimer la justice.

Le Maître [Confucius] sourit.

— Et vous, K’iou, dit-il, que feriez-vous ?

Jen Iou répondit :

— Si j’avais à gouverner un petit pays de soixante à soixante-dix stades, ou de cinquante à soixante, en trois ans, je pourrais mettre le peuple dans l’aisance. Pour ce qui concerne les cérémonies et la musique, j’attendrais la venue d’un sage.

Confucius dit :

— Vous, Tch’eu, que feriez-vous ?

Koung si Houa répondit :
— Je ne dis pas que j’en sois capable, mais je désirerais l’apprendre. Je désirerais, portant la tunique noirâtre et le bonnet noir, remplir l’office de petit aide dans les cérémonies en l’honneur des ancêtres, et, dans les réceptions à la cour impériale, soit quand les princes s’y réunissent tous ensemble, soit quand ils y sont appelés dans une circonstance particulière.

Confucius dit :

— Vous, Tien, que feriez-vous ?

Tseng Si cesse de toucher sa guitare ; mais les cordes vibrent encore. Il la dépose, se lève, et répond :

— Je ne partage pas les aspirations des trois autres disciples.

Le Maître [Confucius] dit :

— Quel mal y a-t-il ? Chacun peut exprimer son sentiment.

Tseng Si reprit :

— A la fin du printemps, quand les vêtements de la saison sont achevés, aller avec cinq ou six jeunes gens de vingt ans ou plus, avec six ou sept autres un peu moins âgés, me laver les mains et les pieds à la source tiède de la rivière I, respirer l’air frais sous les arbres de Ou iu, chanter des vers, et revenir ; voilà ce que j’aimerais.

Le Maître [Confucius] dit en soupirant :

— J’approuve le sentiment de Tien.

Quand les trois autres disciples se furent retirés, Tseng Si, resté seul, dit :

— Que faut-il penser de ce qu’ont dit ces trois disciples ?

 Le Maître [Confucius] répondit :

— Chacun d’eux a exprimé son sentiment, et voilà tout.

Tseng Si dit :

— Pourquoi Le Maître [Confucius] a-t-il souri, après avoir entendu Iou ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui qui gouverne un État doit montrer de la modestie. Le langage de Iou n’a pas été modeste. Voilà pourquoi j’ai souri.

Tseng Si dit :

— K’iou n’a-t-il pas aussi parlé du gouvernement d’un État ?

Confucius répondit :

— Existe-t-il un domaine féodal de soixante à soixante-dix stades, ou de cinquante à soixante stades qui ne soit pas un État, une principauté ?

Tseng si dit :

— Tch’eu n’a-t-il pas aussi parlé du gouvernement d’un État ?

Confucius répondit :

— Les offrandes aux ancêtres des princes, les réunions soit particulières soit générales des princes, qui concernent-elles, si ce n’est les princes ? Si Tch’eu n’est qu’un petit assistant, qui pourra être grand assistant ?

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Chapitre 12

颜渊 – Yan Yuan

12.1

颜渊问仁。子曰:“克己复礼为仁。一日克己复礼,天下归仁焉。为仁由己,而由人乎哉?”颜渊曰:“请问其目。”子曰:“非礼勿视,非礼勿听,非礼勿言,非礼勿动。”颜渊曰:“回虽不敏,请事斯语矣。”

Ien Iuen ayant interrogé Confucius sur la vertu parfaite, Le Maître [Confucius] répondit :

— Se vaincre soi-même, rendre à son cœur l’honnêteté qu’il tenait de la nature, voilà la vertu parfaite. Si un jour vous parvenez à vous vaincre vous-même, à recouvrer entièrement l’honnêteté du cœur, aussitôt tout l’univers dira que votre vertu est parfaite. Il dépend de chacun d’être parfaitement vertueux. Est-ce que cela dépend des autres hommes ?

Ien Iuen dit :

— Permettez-moi de vous demander à quoi se résume la pratique de la vertu parfaite.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Que vos yeux, vos oreilles, votre langue, tout en vous soit maintenu dans les règles de l’honnêteté.

Ien Iuen dit :

— Malgré mon incapacité, j’essaierai, si vous me le permettez, de mettre en pratique ce précepte.

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12.2

仲弓问仁。子曰:“出门如见大宾,使民如承大祭。己所不欲,勿施于人。在邦无怨,在家无怨。”仲弓曰:“雍虽不敏,请事斯语矣。”

Tchoung koung interrogea Confucius sur la vertu parfaite. Le Maître [Confucius] répondit :

— En sortant de la maison, soyez attentif, comme si vous voyiez un hôte distingué ; en commandant au peuple, soyez aussi diligent que si vous présidiez à un sacrifice solennel ; ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse à vous-même. Dans la principauté, personne ne sera mécontent de vous ; dans la famille, personne ne se plaindra de vous.

Tchoung koung dit :

— Malgré mon incapacité, si vous me le permettez, j’essaierai de suivre ce précepte.

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12.3

司马牛问仁。子曰:“仁者其言也訒。”曰:“其言也訒,斯谓之仁已乎?”子曰:“为之难,言之得无訒乎?”

Seu ma Gniou ayant interrogé Confucius sur la vertu parfaite, Le Maître [Confucius] répondit :

— Un homme parfait parle difficilement, c’est-à-dire avec grande retenue, avec circonspection ;

Seu ma Gniou dit :

— Pour être parfait, suffit-il d’être circonspect dans ses paroles ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui qui est circonspect dans ses actions, peut-il ne l’être pas dans ses paroles ?

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12.4

司马牛问君子。子曰:“君子不忧不惧。”曰:“不忧不惧,斯谓之君子已乎?”子曰:“内省不疚,夫何忧何惧?”

Seu ma Gniou demanda à Confucius ce que c’était qu’un homme sage. Le Maître [Confucius] répondit :

— L’homme sage est exempt de chagrin et de crainte.

Seu ma Gniou dit :

— Pour être un sage, suffit-il d’être exempt de chagrin et de crainte ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui qui, examinant son cœur, ne reconnaît en lui aucune faute, quel chagrin, quelle crainte aurait-il ?

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12.5

司马牛忧曰:“人皆有兄弟,我独亡。”子夏曰:“商闻之矣:死生有命,富贵在天。君子敬而无失,与人恭而有礼。四海之内,皆兄弟也。君子何患乎无兄弟也?”

Seu ma Gniou dit avec chagrin :

— Les autres hommes ont tous des frères ou plus âgés ou moins âgés qu’eux ; je suis le seul qui n’en aie pas.

Tzeu hia répondit :

— J’ai entendu dire que la vie et la mort sont soumises aux décrets de la Providence, que les richesses et les honneurs dépendent du Ciel. L’homme sage veille sans cesse sur sa propre conduite ; il est poli, et remplit exactement ses devoirs envers les autres. Entre les quatre mers, tous les hommes sont ses frères. L’homme sage a-t-il lieu de s’affliger de n’avoir pas de frères ?

Seu ma Gniou était de la principauté de Soung. Voyant son second frère Hiang T’ouei exciter une révolte contre le prince de Soung, et ses autres frères Tzeu ki et Tzeu kiu prendre part à ce crime, il éprouvait une grande affliction, et disait : « Les autres hommes ont tous des frères ; je suis le seul qui n’en aie pas. »

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12.6

子张问明。子曰:“浸润之谮,肤受之诉,不行焉。可谓明也已矣。浸润之谮肤受之诉不行焉,可谓远也已矣。”

Tzeu tchang demanda en quoi consiste la perspicacité. Le Maître [Confucius] répondit :

— Ne pas admettre les calomnies qui s’insinuent peu à peu dans les esprits, ni les accusations qui font ressentir à ceux qui les écoutent comme la douleur d’une blessure ou d’une piqûre ; cela peut s’appeler perspicacité. Ne pas admettre les insinuations adroites des calomniateurs, ni les plaintes qui font éprouver comme la douleur d’une blessure ou d’une piqûre ; c’est la perspicacité d’un homme qui voit loin.

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12.7

子贡问政。子曰:“足食。足兵。民信之矣。”子贡曰:“必不得已而去,于斯三者何先?”曰:“去兵。”子贡曰:“必不得已而去,于斯二者何先?”曰:“去食。自古皆有死,民无信不立。”

Tzeu koung interrogea Confucius sur l’administration des affaires publiques. Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui qui administre les affaires publiques doit avoir soin que les vivres ne manquent pas, que les forces militaires soient suffisantes, que le peuple lui donne sa confiance.

Tzeu koung dit :

— S’il est absolument nécessaire de négliger une de ces trois choses, laquelle convient-il de négliger ?

— Les forces militaires, répondit Confucius.

— Et s’il est absolument nécessaire d’en négliger encore une seconde, dit Tzeu koung, quelle sera-t-elle ?

— Les vivres, répondit Confucius, car de tout temps les hommes ont été sujets à la mort, mais si le peuple n’a pas confiance en ceux qui le gouvernent, c’en est fait de lui.

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12.8

棘子成曰:“君子质而已矣,何以文为?”子贡曰:“惜乎!夫子之说,君子也。驷不及舌。文犹质也,质犹文也。虎豹之鞟,犹犬羊之鞟。”

Ki Tzeu tch’eng dit :

— Que le sage ait des vertus solides, cela suffit. Qu’a-t-il à faire de l’urbanité et de tout ce qui ne servirait que comme d’ornement à sa personne ?

Tzeu koung répondit :

— C’est bien dommage ! Vous parlez ordinairement, Seigneur, en homme sage. Un attelage de quatre chevaux ne saurait aller aussi vite que la langue. On doit soigner l’extérieur comme l’intérieur, et l’intérieur comme l’extérieur. Une peau de tigre ou de léopard ne se distingue pas d’une peau de chien ou de brebis, quand le poil est raclé.

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12.9

哀公问于有若曰:“年饥,用不足,如之何?”有若对曰:“盍彻乎?”曰:“二,吾犹不足,如之何其彻也?”对曰:“百姓足,君孰与不足?百姓不足,君孰与足?”

Ngai, prince de Lou, dit à Iou jo :

— Cette année les récoltes ont manqué ; je n’ai pas assez pour mes dépenses ; que faut-il faire ?

Iou jo répondit :

— Pourquoi ne percevez-vous pas la dixième partie des produits de la terre ?

Le prince dit :

— Les deux dixièmes ne me suffisent pas. Comment puis-je n’exiger qu’un dixième ?

lou jo répliqua :

— Quand le peuple a le suffisant, le prince ne l’a-t-il pas aussi avec tous ses sujets ?

Quand le peuple manque du suffisant, le prince ne manque-t-il pas aussi du suffisant ?

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12.10

子张问崇德、辨惑。子曰:“主忠信,徙义,崇德也。爱之欲其生,恶之欲其死。既欲其生,又欲其死,是惑也。‘诚不以富,亦祗以异。’”

Tzeu tchang demanda à Confucius ce qu’il fallait faire pour acquérir une grande vertu et pour reconnaître l’erreur. Le Maître [Confucius] répondit :

— Le moyen d’acquérir une grande vertu, c’est de s’appliquer principalement à garder la fidélité et la sincérité, et d’observer la justice. Désirer la conservation de ceux que vous aimez et la mort d’un homme dont vous désiriez auparavant la conservation, c’est vous tromper.

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12.11

齐景公问政于孔子。孔子对曰:“君君,臣臣,父父,子子。”公曰:“善哉!信如君不君,臣不臣,父不父,子不子,虽有粟,吾得而食诸?”

King, prince de Ts’i, interrogea Confucius sur l’art de gouverner. Confucius répondit :

— Que le prince remplisse ses devoirs de prince, le sujet ses devoirs de sujet, le père ses devoirs de père, le fils ses devoirs de fils.

Très bien, dit le prince. En effet, si le prince ne remplit pas ses devoirs de prince, le sujet ses devoirs de sujet, le père ses devoirs de père, le fils ses devoirs de fils, quand même les grains ne manqueraient pas, pourrais-je en avoir pour vivre ?

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12.12

子曰:“片言可以折狱者,其由也与?”子路无宿诺。

Le Maître [Confucius] dit :

— Iou est homme à terminer un procès en disant un seul mot.

Tzeu lou exécutait ses promesses sans retard.

Tzeu lou était juste, sincère, perspicace, résolu. Dès qu’il dirait un mot, on se soumettait à sa décision avec confiance.

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12.13

子曰:“听讼,吾犹人也,必也使无讼乎!”

Le Maître [Confucius] dit :

— Entendre les plaideurs et rendre la justice, je le puis, tout comme un autre. L’important serait de faire qu’il n’y eût plus de plaideurs.

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12.14

子张问政。子曰:“居之无倦,行之以忠。”

Tzeu tchang interrogea Confucius sur l’administration. Le Maître [Confucius] répondit :

— Il faut appliquer son esprit aux affaires sans relâche, et les traiter avec justice.

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12.15

子曰:“君子成人之美,不成人之恶。小人反是。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage aide les autres à bien faire, mais non à mal faire. L’homme vulgaire tient une conduite tout opposée.

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12.16

季康子问政于孔子。孔子对曰:“政者,正也。子帅以正,孰敢不正?”

Ki K’ang tzeu interrogea Confucius sur l’art de gouverner. Confucius répondit :

— Gouverner ou diriger les hommes, c’est leur faire suivre la voie droite. Si vous-même, Seigneur, marchez à leur tête dans la voie droite, qui osera ne pas la suivre ?

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12.17

季康子患盗,问于孔子。孔子对曰:“苟子之不欲,虽赏之不窃。”

Ki K’ang tzeu était dans l’embarras à cause des voleurs ; il consulta Confucius. Le philosophe lui répondit :

— Seigneur, ne soyez ni cupide ni ambitieux, et il n’y aura plus de voleurs, quand même vous encourageriez le vol par des récompenses.

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12.18

季康子问政于孔子曰:“如杀无道,以就有道,何如?”孔子对曰:“子为政,焉用杀?子欲善,而民善矣。君子之德风,小人之德草。草上之风,必偃。”

Ki K’ang tzeu, interrogeant Confucius sur la manière de gouverner, lui dit :

— Ne ferais-je pas bien de mettre à mort les malfaiteurs, afin de rendre le peuple vertueux ?

Confucius répondit :

— Pour gouverner le peuple, Seigneur, avez-vous besoin de la peine de mort ? Vous-même veuillez sérieusement être vertueux, et votre peuple sera vertueux. La vertu du prince est comme le vent ; celle du peuple est comme l’herbe. Au souffle du vent, l’herbe se courbe toujours.

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12.19

子张问:“士何如斯可谓之达矣?”子曰:“何哉,尔所谓达者?”子张对曰:“在邦必闻,在家必闻。”子曰:“是闻也,非达也。夫达也者,质直而好义,察言而观色,虑以下人。在邦必达,在家必达。夫闻也者,色取仁而行违,居之不疑。在邦必闻,在家必闻。”

Tzeu tchang demanda à Confucius ce que devait faire le disciple de la sagesse pour mériter d’être appelé illustre. Le Maître [Confucius] dit :

— Qu’appelez-vous homme illustre ?

Tzeu tchang répondit :

— Celui qui a du renom auprès de son prince, de ses concitoyens, et de tous ses parents.

Le Maître [Confucius] reprit :

— Celui-là a du renom, il n’a pas une gloire véritable. Un homme illustre est simple, droit, ami de la justice. Il fait attention aux paroles qu’il entend, et il observe l’air du visage. Il a soin de se mettre au-dessous des autres. Il est illustre auprès de ses concitoyens et de ses parents. Un homme qui a seulement du renom revêt une apparence de vertu, mais ses actions sont opposées à la vertu. Il se flatte d’être vertueux et s’en tient assuré. Il a du renom auprès de ses concitoyens et de ses parents.

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12.20

樊迟从游于舞雩之下,曰:“敢问崇德、修慝、辨惑。”子曰:“善哉问!先事后得,非崇德与?攻其恶,无攻人之恶,非修慝与?一朝之忿,忘其身,以及其亲,非惑与?”

Fan Tch’eu, accompagnant Confucius dans une promenade au pied de la colline nommée Ou iu, lui dit :

— Permettez-moi de vous demander comment on peut acquérir une grande vertu, corriger ses défauts, reconnaître ses erreurs.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Quelle excellente question ! Avoir en vue la pratique plutôt que la possession de la vertu, n’est-ce pas le moyen d’acquérir une grande vertu ? Faire la guerre à ses propres défauts, et non à ceux d’autrui, n’est-ce pas le moyen de se corriger ? Dans un moment de colère, mettre en danger sa vie et celle de ses parents, n’est-ce pas illusion ?

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12.21

樊迟问仁。子曰:“爱人。”问知。子曰:“知人。”樊迟未达。子曰:“举直错诸枉,能使枉者直。”樊迟退,见子夏。曰:“乡也吾见于夫子而问知,子曰,‘举直错诸枉,能使枉者直’,何谓也?”子夏曰:“富哉言乎!舜有天下,选于众,举皋陶,不仁者远矣。汤有天下,选于众,举伊尹,不仁者远矣。”

Fan Tch’eu demanda en quoi consiste la vertu d’humanité.

— Elle consiste à aimer les hommes, répondit Le Maître [Confucius].

Fan Tch’eu demanda en quoi consiste la prudence.

— Elle consiste à connaître les hommes, répondit Confucius.

Fan Tch’eu ne comprenant pas, Le Maître [Confucius] dit :

— En élevant aux charges les hommes vertueux, et en laissant de côté les méchants, on peut déterminer les méchants à se corriger.

Fan Tch’eu s’étant retiré, alla trouver Tzeu hia, et lui dit :

— Tout à l’heure, j’ai été voir Le Maître [Confucius], et lui ai demandé en quoi consiste la prudence. Il m’a répondu : En élevant aux charges les hommes de bien et en écartant les hommes vicieux, on peut déterminer les méchants à se corriger. Que signifient ces paroles ?

Tzeu hia dit :

— Ces paroles sont pleines de sens. Chouenn, devenu maître de l’empire, choisit entre tous ses sujets et promut Kao iao ; les méchants s’en allèrent bien loin. T’ang, parvenu à l’empire, choisit entre tous ses sujets et promut I in ; tous les méchants disparurent.

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12.22

子贡问友。子曰:“忠告而善道之,不可则止,无自辱焉。”

Tzeu koung ayant interrogé Confucius sur l’amitié, Le Maître [Confucius] dit :

— Avertissez vos amis avec franchise, et conseillez-les avec douceur. S’ils n’approuvent pas vos avis, arrêtez ; craignez de vous attirer un affront.

Sommaire Entretiens de Confucius

12.23

曾子曰:“君子以文会友,以友辅仁。”

Tseng tzeu dit :

— Le sage se fait des amis par son érudition, et l’amitié est un moyen de perfection pour lui et pour eux.
 

Chapitre 13

子路 – Zi Lu

13.1

子路问政。子曰:“先之,劳之。”请益。曰:“无倦。”

Tzeu lou interrogea Confucius sur la manière de gouverner le peuple. Le Maître [Confucius] répondit :

— Que le prince donne lui-même l’exemple de toutes les vertus, et prête secours au peuple dans ses travaux.

Tzeu lou pria Le Maître [Confucius] de lui en dire davantage. Confucius répondit :

— Que le prince s’applique sans relâche à faire les deux choses que je viens de dire.

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13.2

仲弓为季氏宰,问政。子曰:“先有司,赦小过,举贤才。”曰:“焉知贤才而举之?”曰:“举尔所知。尔所不知,人其舍诸?”

Tchoung koung était grand intendant du chef de la famille Ki. Il interrogea Confucius sur l’administration. Le Maître [Confucius] dit :

— Mettez en avant les préfets, c’est-à-dire ne faites pas tout par vous-même, mais servez-vous des préfets, qui sont à vos ordres ; pardonnez les fautes légères ; mettez en charge des hommes sages et habiles.

Tchoung koung dit :

— Comment connaîtrai-je les hommes sages et habiles, afin de leur confier les charges ?

Confucius répondit :

— Mettez en charge ceux que vous connaissez. Quant à ceux que vous ne connaissez pas, est-ce que d’autres ne vous les feront pas connaître ?

Sommaire Entretiens de Confucius

13.3

子路曰:“卫君待子而为政,子将奚先?”子曰:“必也正名乎!”子路曰:“有是哉,子之迂也!奚其正?”子曰:“野哉由也!君子于其所不知,盖阙如也。名不正,则言不顺;言不顺,则事不成;事不成,则礼乐不兴;礼乐不兴,则刑罚不中;刑罚不中,则民无所措手足。故君子名之必可言也,言之必可行也。君子于其言,无所苟而已矣。”

Tzeu lou dit :

— Si le prince de Wei vous attendait pour régler avec vous les affaires publiques, à quoi donneriez-vous votre premier soin ?

— A rendre à chaque chose son vrai nom, répondit Le Maître [Confucius].

— Est-ce raisonnable ? répliqua Tzeu lou. Maître, vous vous égarez loin du but. A quoi bon cette réforme des noms ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Que Iou est grossier ! Un homme sage se garde de dire ou de faire ce qu’il ne sait pas.

« Si les noms ne conviennent pas aux choses, il y a confusion dans le langage. S’il y a confusion dans le langage, les choses ne s’exécutent pas. Si les choses ne s’exécutent pas, les bienséances et l’harmonie sont négligées. Les bienséances et l’harmonie étant négligées, les supplices et les autres châtiments ne sont pas proportionnés aux fautes. Les supplices et les autres châtiments n’étant plus proportionnés aux fautes, le peuple ne sait plus où mettre la main ni le pied.

« Un prince sage donne aux choses les noms qui leur conviennent, et chaque chose doit être traitée d’après la signification du nom qu’il lui donne. Dans le choix des noms il est très attentif. »

K’ouai kouei, héritier présomptif de Ling, prince de Wei, honteux de la conduite déréglée et licencieuse de sa mère Nan tzeu, voulut la tuer. N’ayant pas réussi, il s’enfuit. Le prince Ling voulut nommer Ing son héritier. Ing refusa. A la mort du prince Ling, sa femme Nan tzeu nomma Ing héritier de la principauté. Ing refusa de nouveau. Elle donna la principauté à Tche, fils de K’ouai kouei, afin d’opposer le fils au père. Ainsi, Kouai kouei, en voulant tuer sa mère, avait encouru la disgrâce de son père ; et Tche, en prenant l’autorité princière, faisait opposition à son père K’ouai kouei. Tous deux étaient comme des hommes qui n’auraient pas eu de père. Evidemment, ils étaient indignes de régner. Si Confucius avait été chargé du gouvernement, il aurait commencé par corriger les appellations (celui-là seul aurait porté le nom de père ou de fils qui en aurait rempli les devoirs). Il aurait fait connaître au chef de l’empire l’origine et tous les détails de cette affaire ; il l’aurait prié d’ordonner à tous les seigneurs de la contrée de reconnaître Ing pour héritier de la principauté. Dès lors, la loi des relations entre le père et le fils aurait été remise en vigueur. Les noms auraient repris leur véritable signification, la loi naturelle aurait été observée, le langage aurait été exempt d’ambiguïté, et les choses auraient été exécutées.

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13.4

樊迟请学稼,子曰:“吾不如老农。”请学为圃。曰:“吾不如老圃。”樊迟出。子曰:“小人哉,樊须也!上好礼,则民莫敢不敬;上好义,则民莫敢不服;上好信,则民莫敢不用情。夫如是,则四方之民襁负其子而至矣,焉用稼?”

Fan Tch’eu pria Confucius de lui enseigner l’agriculture. Le Maître [Confucius] répondit :

— Un vieux laboureur vous l’enseignerait mieux que moi.

Fan Tch’eu le pria de lui enseigner l’art de cultiver les jardins potagers. Confucius répondit :

— Un vieux jardinier vous l’enseignerait mieux que moi.

Comme Fan Tch’eu se retirait, Le Maître [Confucius] lui dit :

— Que Fan Siu a l’esprit petit ! Si le prince aime l’urbanité et les convenances, aucun de ses sujets n’osera les négliger. Si le prince aime la justice, aucun de ses sujets n’osera lui refuser l’obéissance. Si le prince aime la sincérité, aucun de ses sujets n’osera agir de mauvaise foi. Les choses étant ainsi, les habitants de toutes les contrées accourront à lui, avec leurs petits enfants sur leurs épaules. Quel besoin a-t-il d’apprendre l’agriculture ?

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13.5

子曰:“诵诗三百,授之以政,不达;使于四方,不能专对;虽多,亦奚以为?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Supposons qu’un homme ait appris les trois cents odes du Cheu king ; qu’ensuite, s’il est chargé d’une partie de l’administration, il manque d’habileté ; s’il est envoyé en mission dans les pays étrangers, il soit incapable de répondre par lui-même ; que lui sert toute sa littérature ?

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13.6

子曰:“其身正,不令而行;其身不正,虽令不从。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si le prince est lui-même vertueux, le peuple remplira ses devoirs, sans qu’on le lui commande ; si le prince n’est pas lui-même vertueux, il aura beau donner des ordres, le peuple ne les suivra pas.

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13.7

子曰:“鲁卫之政,兄弟也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Les deux principautés de Lou et de Wei sont sœurs par leur administration, comme par leur origine.

La principauté de Lou était gouvernée par les descendants de Tcheou koung, et celle de Wei par les descendants de Kang chou. Les deux dynasties descendaient donc de deux frères. Au temps de Confucius, elles étaient en décadence, et les deux pays étaient également troublés.

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13.8

子谓卫公子荆,“善居室。始有,曰:‘苟合矣。’少有,曰:‘苟完矣。’富有,曰:‘苟美矣。’”

Le Maître [Confucius] disait que Koung Tzeu king, tai fou de la principauté de Wei, était toujours content de l’état de sa maison ; que, quand il commença à posséder quelque chose, il disait :

— J’ai amassé un peu,

que, quand il eut des ressources suffisantes, il disait :

— Je suis presque au comble de l’opulence,

que, quand il fut devenu riche, il disait :

— Je suis presque dans la splendeur.

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13.9

子适卫,冉有仆。子曰:“庶矣哉!”冉有曰:“既庶矣。又何加焉?”曰:“富之。”曰:“既富矣,又何加焉?”曰:“教之。”

Le Maître [Confucius] alla dans la principauté de Wei avec Jen Iou, qui conduisait sa voiture. LeMaître dit :

— Que les habitants sont nombreux !

— Maintenant qu’ils sont nombreux, dit Jen Iou, que faut-il faire pour eux ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Les rendre riches.

Jen Iou reprit

— Quand ils seront devenus riches, que faudra-t-il faire de plus pour eux ?

— Les instruire, répondit Confucius.

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13.10

子曰:“苟有用我者。期月而已可也,三年有成。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si un prince me chargeait de l’administration des affaires publiques, au bout d’un an, elle serait assez bien réglée ; au bout de trois ans, elle serait parfaite.

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13.11

子曰:“善人为邦百年,亦可以胜残去杀矣。诚哉是言也!”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si des princes vertueux se succédaient sur le trône durant cent ans, a dit un poète, ils parviendraient à corriger les hommes les plus scélérats, et à ne plus appliquer la peine de mort. Que ces paroles sont véritables !

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13.12

子曰:“如有王者,必世而后仁。”

Le Maître [Confucius] dit :

— S’il paraissait un souverain vraiment digne de ce nom, au bout de trente ans, la vertu fleurirait partout.

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13.13

子曰:“苟正其身矣,于从政乎何有?不能正其身,如正人何?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si un homme sait se gouverner lui-même, quelle difficulté aura-t-il à gouverner l’État ? Mais celui qui ne sait pas se gouverner lui-même, comment pourra-t-il gouverner les autres ?

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13.14

冉子退朝。子曰:“何晏也?”对曰:“有政。”子曰:“其事也。如有政,虽不吾以,吾其与闻之。”

Jen Iou revenant du palais, Le Maître [Confucius] lui dit :

— Pourquoi revenez-vous si tard ?

Jen Iou répondit :

— Les affaires publiques m’ont retenu.

Le Maître [Confucius] répliqua :

— Vous avez été retenu par les affaires particulières de ce Ki suenn. S’il y avait eu des affaires publiques, quoique je ne sois plus en charge, j’aurais été appelé à la délibération.

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13.15

定公问:“一言而可以兴邦,有诸?”孔子对曰:“言不可以若是其几也。人之言曰:‘为君难,为臣不易。’如知为君之难也,不几乎一言而兴邦乎?”曰:“一言而丧邦,有诸?”孔子对曰:“言不可以若是其几也。人之言曰:‘予无乐乎为君,唯其言而莫予违也。’如其善而莫之违也,不亦善乎?如不善而莫之违也,不几乎一言而丧邦乎?”

Ting, prince de Lou, demanda à Confucius s’il existait une sentence qu’il suffise de suivre pour gouverner parfaitement. Confucius répondit :

— Une sentence ne peut avoir une si grande portée. On dit communément qu’il est malaisé d’être bon souverain, qu’il n’est pas facile d’être bon ministre d’État. Si un prince comprenait bien la difficulté de régner, cette seule sentence ne lui serait-elle pas presque suffisante pour régler parfaitement son administration ?

Le prince Ting dit :

— Existe-t-il une maxime telle que, si un prince la met en pratique, il perdra ses États ?

Confucius répondit :

— Une maxime ne peut avoir une si grande portée. On dit communément : Je ne trouve pas d’agrément dans l’exercice du pouvoir ; une seule chose me plaît, c’est que, quand je parle, personne ne me contredit. Si le prince parle bien, et que personne ne le contredise, ne sera-ce pas bien ? Mais s’il parle mal, et que personne ne le contredise, ce seul mauvais principe ne le mettra-t-il pas en danger de perdre la souveraineté ?

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13.16

叶公问政。子曰:“近者说,远者来。”

Le prince de Che interrogea Confucius sur la manière de gouverner. Le Maître [Confucius] répondit :

— Si ceux qui vivent près du prince sont contents, si ceux qui sont loin viennent d’eux-mêmes, le gouvernement est bien réglé.

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13.17

子夏为莒父宰,问政。子曰:“无欲速,无见小利。欲速,则不达;见小利,则大事不成。”

Tzeu hia, étant préfet de Kiu fou, interrogea Confucius sur l’administration des préfectures. Le Maître [Confucius] dit :

— Ne vous hâtez pas trop ; ne recherchez pas les petits avantages. Qui se hâte n’atteint pas loin ; qui poursuit de petits avantages néglige les grandes choses.

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13.18

叶公语孔子曰:“吾党有直躬者,其父攘羊,而子证之。”孔子曰:“吾党之直者异于是。父为子隐,子为父隐,直在其中矣。”

Le prince de Che dit à Confucius :

— Dans mon pays il est des hommes qui font profession de droiture. Parmi eux, si un père vole une brebis, son fils rend témoignage contre lui.

Confucius répondit :

— Dans mon pays, les hommes droits agissent autrement. Le père cache les fautes de son fils, et le fils celles de son père. Cette conduite n’est pas opposée à la droiture.

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13.19

樊迟问仁。子曰:“居处恭,执事敬,与人忠。虽之夷狄,不可弃也。”

Fan Tch’eu interrogea Confucius sur la vertu parfaite. Le Maître [Confucius] répondit :

— Quand vous êtes seul à la maison, veillez sur vous-même ; dans le maniement des affaires, soyez diligent ; soyez de bonne foi avec tout le monde. Fussiez-vous au milieu des tribus barbares, il ne vous serait pas permis de négliger l’une de ces trois choses.

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13.20

子贡问曰:“何如斯可谓之士矣?”子曰:“行己有耻,使于四方,不辱君命,可谓士矣。”曰:“敢问其次。”曰:“宗族称孝焉,乡党称弟焉。”曰:“敢问其次。”曰:“言必信,行必果,硜硜然小人哉!抑亦可以为次矣。”曰:“今之从政者何如?”子曰:“噫!斗筲之人,何足算也。”

Tzeu koung demanda ce qu’à fallait faire pour mériter d’être appelé disciple de la sagesse. Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui-là mérite d’être appelé disciple de la sagesse qui dans sa conduite privée a de la pudeur et, dans les missions qui lui sont confiées en pays étrangers, ne déshonore pas le prince qui l’a envoyé.

Tzeu koung dit :

— Permettez-moi de vous demander quel est celui qui vient immédiatement après le disciple de la sagesse.

— C’est, répondit Confucius, celui dont la piété filiale est attestée par tous les membres de la famille, et dont le respect pour les aînés et les supérieurs est loué par tous les habitants du bourg et tous les voisins.

Tzeu koung dit :

— Permettez-moi de vous demander quel est celui qui vient au troisième rang.

Confucius répondit :

— Un homme sincère dans ses paroles, obstiné dans ses actions, est sans doute un homme opiniâtre, vulgaire ; cependant il peut être placé au troisième rang.

Tzeu koung dit :

— Que faut-il penser de ceux qui administrent à présent les affaires publiques ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Hélas ! ce sont des hommes d’un esprit étroit. Méritent-ils d’être comptés pour quelque chose ?

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13.21

子曰:“不得中行而与之,必也狂狷乎!狂者进取,狷者有所不为也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Comme je ne trouve pas de disciples capables de se tenir constamment dans le juste milieu, je cherche des hommes qui aient de hautes aspirations, bien qu’ils soient incapables d’arriver si haut, ou des hommes qui, sans être très intelligents, ont l’amour du devoir. Les premiers avancent dans la vertu, et suivent les exemples et les enseignements des sages. Les seconds s’abstiennent de mal faire.

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13.22

子曰:“南人有言曰:‘人而无恒,不可以作巫医。’善夫!”“不恒其德,或承之羞。”子曰:“不占而已矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Les habitants du midi disent communément qu’un homme inconstant ne peut pas même devenir habile devin ou bon médecin. Cet adage est très vrai. On lit dans le I king :

Celui qui manque de constance sera la risée des autres.

Le Maître [Confucius] dit :

— On ne réfléchit pas sur ces paroles, et de là vient tout le mal.

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13.23

子曰:“君子和而不同,小人同而不和。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage est accommodant avec tout le monde, mais il n’a pas de complaisance coupable. L’homme vulgaire est complaisant pour le mal, et n’est pas accommodant avec tous.

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13.24

子贡问曰:“乡人皆好之,何如?”子曰:“未可也。”“乡人皆恶之,何如?”子曰:“未可也。不如乡人之善者好之,其不善者恶之。”

Tzeu koung demanda ce qu’il fallait penser d’un homme qui est aimé de tous les habitants de son pays. Le Maître [Confucius] répondit :

— Cela ne prouve pas suffisamment sa vertu.

Tzeu koung reprit :

— Que faut-il penser d’un homme en butte à la haine de tous les habitants de son pays ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Ce n’est pas une preuve certaine de sa vertu. On pourrait à plus juste titre estimer vertueux celui qui dans son pays est aimé de tous les hommes de bien et haï de tous les hommes vicieux.

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13.25

子曰:“君子易事而难说也:说之不以道,不说也;及其使人也,器之。小人难事而易说也:说之虽不以道,说也;及其使人也,求备焉。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Il est aisé de servir l’homme sage, mais difficile de lui plaire. Si l’on cherche à gagner ses bonnes grâces par une voie peu louable, on n’y réussira pas. Pour ce qui est du service qu’il demande, il considère les aptitudes. Il est difficile de servir l’homme vulgaire, et facile de lui plaire. Si l’on cherche à lui plaire même par des voies peu louables, on lui plaira. Mais, dans ceux qui sont à son service, il exige la perfection.

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13.26

子曰:“君子泰而不骄,小人骄而不泰。”

 Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage est calme, et n’est pas orgueilleux. L’homme vulgaire est orgueilleux, et n’est pas calme.

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13.27

子曰:“刚毅、木讷,近仁。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un homme courageux, ou constant, ou simple dans ses manières, ou réservé dans ses paroles, arrivera aisément à la perfection.

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13.28

子路问曰:“何如斯可谓之士矣?”子曰:“切切、偲偲、怡怡如也,可谓士矣。朋友切切、偲偲,兄弟怡怡。”

Tzeu lou pria Confucius de lui dire ce que doit être un disciple de la sagesse. Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui qui est dévoué, zélé pour exciter les autres à cultiver la vertu, affable et prévenant dans ses manières, mérite le nom de disciple de la sagesse. Il est dévoué à ses amis et les excite à la pratique de la vertu ; il est affable envers ses frères.

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13.29

子曰:“善人教民七年,亦可以即戎矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si un homme vertueux formait le peuple à la vertu pendant sept ans, on pourrait ensuite en tirer des soldats pour la guerre.

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13.30

子曰:“以不教民战,是谓弃之。”

Confucius dit :

— Conduire le peuple à la guerre, avant de l’avoir formé à la vertu, c’est le mener à sa perte.

Chapitre 14

宪问 – Xian Wen

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14.1

宪问耻。子曰:“邦有道,谷;邦无道,谷,耻也。”

Iuen Seu pria Confucius de lui dire de quoi l’on devait avoir honte. Le Maître [Confucius] répondit :

— On doit avoir honte de recevoir un traitement d’officier sous un bon gouvernement si l’on ne rend aucun service, ou de remplir une charge sous un mauvais gouvernement.

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14.2

宪问耻。 “克、伐、怨、欲不行焉,可以为仁矣?”子曰:“可以为难矣,仁则吾不知也。”

Iuen Seu dit :

— Un homme qui réprime ses désirs de prévaloir ou de se vanter, ses sentiments d’aversion, sa cupidité, doit-il être considéré comme parfait ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— La répression des passions doit être considérée comme une chose difficile ; mais, à mon avis, ce n’est pas la perfection.

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14.3

子曰:“士而怀居,不足以为士矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un disciple de la sagesse qui recherche le bien-être n’est pas un véritable disciple de la sagesse.

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14.4

子曰:“邦有道,危言危行;邦无道,危行言孙。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Sous un gouvernement bien réglé, parlez franchement et agissez ouvertement ; sous un gouvernement mal réglé, agissez ouvertement, mais modérez votre langage.

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14.5

子曰:“有德者,必有言。有言者,不必有德。仁者,必有勇。勇者,不必有仁。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un homme vertueux a certainement de bonnes paroles sur les lèvres ; un homme qui a de bonnes paroles sur les lèvres peut n’être pas vertueux. Un homme parfait est certainement courageux ; un homme courageux peut n’être pas parfait.

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14.6

南宫适问于孔子曰:“羿善射,奡荡舟,俱不得其死然;禹稷躬稼,而有天下。”夫子不答,南宫适出。子曰:“君子哉若人!尚德哉若人!”

Nan Koung kouo dit à Confucius :

— I était un archer très habile ; Ngao poussait lui seul un navire sur la terre ferme. Tous deux ont péri de mort violente. Iu et Heou Tsi ont cultivé la terre de leurs propres mains ; cependant, ils ont obtenu l’empire.

Le Maître [Confucius] ne répondit pas ; mais, lorsque Nan Koung kouo se fut retiré, il dit de lui :

— Cet homme est un sage ; cet homme met la vertu au-dessus de tout.

Chouenn légua l’empire à Iu. Les descendants de Heou tsi l’obtinrent à leur tour en la personne de Ou Wang, prince de Tcheou.

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14.7

子曰:“君子而不仁者有矣夫,未有小人而仁者也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— On trouve des disciples de la sagesse qui ne sont pas parfaits ; on n’a jamais vu un homme sans principes qui fût parfait.

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14.8

子曰:“爱之,能勿劳乎?忠焉,能勿诲乎?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un père qui aime son fils peut-il ne pas lui imposer des exercices pénibles ? Un ministre fidèle peut-il ne pas avertir son prince ?

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14.9

子曰:“为命:裨谌草创之,世叔讨论之,行人子羽修饰之,东里子产润色之。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Quand il fallait écrire une lettre au nom du prince, Pi Chenn en composait le brouillon ; Cheu chou en examinait avec soin le contenu ; Tzeu iu, qui présidait à la réception des hôtes, corrigeait et polissait le style ; Tzeu tch’an, de Toung li lui donnait une tournure élégante.

Ces quatre hommes étaient grands préfets dans la principauté de Tcheng. Quand le prince de Tcheng avait des lettres à écrire, elles passaient toutes successivement par les mains de ces quatre sages, qui les méditaient et les examinaient avec le plus grand soin, chacun d’eux déployant son talent particulier. Aussi, dans les réponses envoyées aux princes, on trouvait rarement quelque chose à reprendre.

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14.10

或问子产。子曰:“惠人也。”问子西。曰:“彼哉!彼哉!”问管仲。曰:“人也。夺伯氏骈邑三百,饭疏食,没齿,无怨言。”

Quelqu’un ayant demandé à Confucius ce qu’il pensait de Tzeu tch’an, Le Maître [Confucius] répondit :

— C’est un homme bienfaisant.

Le même lui ayant demandé ce qu’il pensait de Tzeu si, il dit :

— Oh ! celui-là ! celui-là !

Le même lui ayant demandé ce qu’il pensait de Kouan tchoung, il répondit :

— C’était un homme si vertueux que, le prince de Ts’i lui ayant donné la ville de P’ien qui comptait trois cents familles, le chef de la famille Pe, dépouillé de ce domaine et réduit à se contenter d’une nourriture grossière, n’eut jamais un mot d’indignation contre lui.

Tzeu si, fils du prince de Tch’ou, s’appelait Chenn. Il refusa la dignité de prince de Tchou, la fit donner au prince Tchao, et réforma l’administration publique. Il fut un sage et habile tai fou. Mais il ne sut pas faire supprimer le titre de Wang, que le prince de Tch’ou s’était arrogé. Le prince Tchao voulut mettre en charge Confucius. Tzeu si l’en détourna et l’en empêcha.

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14.11

子曰:“贫而无怨难,富而无骄易。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Il est plus difficile de se défendre du chagrin dans la pauvreté que de l’orgueil dans l’opulence.

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14.12

子曰:“孟公绰,为赵魏老则优,不可以为滕薛大夫。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Meng koung Tch’o excellerait dans la charge d’intendant de la maison de Tchao ou de Wei ; il ne serait pas capable de remplir la charge de tai fou dans la principauté de T’eng ou de Sie.

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14.13

子路问成人。子曰:“若臧武仲之知,公绰之不欲,卞庄子之勇,冉求之艺,文之以礼乐,亦可以为成人矣。”曰:“今之成人者何必然?见利思义,见危授命,久要不忘平生之言,亦可以为成人矣。”

Tzeu lou pria Confucius de lui dire ce que c’est qu’un homme parfait. Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui qui aurait la prudence de Tsang Ou tchoung, l’intégrité de Koung tch’o, le courage de Tchouang tzeu, préfet de Pien, l’habileté de Jen K’iou, et qui de plus cultiverait les cérémonies et la musique, pourrait être regardé comme un homme parfait.

Confucius ajouta :

— A présent, pour être un homme parfait, est-il nécessaire de réunir toutes ces qualités ? Celui qui, en présence d’un profit à retirer, craint de violer la justice, qui, en face du danger, s’offre lui-même à la mort, qui, même après de longues années, n’oublie pas les engagements qu’il a pris dans le cours de sa vie ; celui-là peut aussi être considéré comme un homme parfait.

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14.14

子问公叔文子于公明贾曰:“信乎夫子不言、不笑、不取乎?”公明贾对曰:“以告者过也。夫子时然后言,人不厌其言;乐然后笑,人不厌其笑;义然后取,人不厌其取。”子曰:“其然,岂其然乎?”

Le Maître [Confucius], parlant de Koung chou Wenn tzeu à Koung ming Kia, lui dit :

— Est-il vrai que votre maître ne parle pas, ne rit pas et n’accepte rien ?

Koung ming Kia répondit :

— Ceux qui lui ont fait cette réputation ont exagéré. Mon maître parle, quand il est temps de parler, et ses paroles ne fatiguent personne. Il rit, quand il est temps de se réjouir, et son rire ne déplaît à personne. Il accepte, quand la justice le permet, et personne n’y trouve à redire.

Le Maître [Confucius] reprit :

— Est-ce vrai ? Cela peut-il être vrai ?

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14.15

子曰:“臧武仲以防求为后于鲁,虽曰不要君,吾不信也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Tsang Ou tchoung, maître du pays de Fang, a demandé au prince de Lou de lui constituer un héritier et un successeur de sa propre famille. Il a beau dire qu’il n’a pas fait violence à son prince, je n’ajoute pas foi à son affirmation.

Tsang Ou tchoung, nommé Ho, était grand préfet dans la principauté de Lou Fang, domaine ou fief qui avait été constitué par le prince de Lou et donné à Ou tchoung. Ou tchoung, ayant offensé le prince de Lou, se réfugia dans la principauté de Tchou. Mais, après, il revint de Tchou à Fang et députa au prince de Lou des envoyés pour lui présenter d’humbles excuses, le prier de lui constituer un successeur de sa propre famille et lui promettre de se retirer ensuite. En même temps il laissait voir que, s’il n’obtenait par sa demande, redevenu possesseur de son fief, il se mettrait en révolte. C’était faire violence à son prince.

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14.16

子曰:“晋文公谲而不正,齐桓公正而不谲。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Wenn, prince de Tsin, était fourbe et manquait de droiture ; Houan, prince de Ts’i, était plein de droiture et sans duplicité.

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14.17

子路曰:“桓公杀公子纠,召忽死之,管仲不死。”曰:“未仁乎?”子曰:“桓公九合诸侯,不以兵车,管仲之力也。如其仁!如其仁!”

Tzeu lou dit :

— Houan, prince de Ts’i, tua le prince Kiou. Chao Hou ne voulut pas survivre au prince Kiou. Kouan Tchoung ne se donna pas la mort. Il me semble que sa vertu n’a pas été parfaite.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Le prince Houan réunit sous son autorité tous les princes feudataires, sans employer ni armes ni chariots de guerre ; ce fut l’œuvre de Kouan Tchoung. Quel autre fut aussi parfait que lui ?

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14.18

子贡曰:“管仲非仁者与?桓公杀公子纠,不能死,又相之。”子曰:“管仲相桓公,霸诸侯,一匡天下,民到于今受其赐。微管仲,吾其被发左衽矣。岂若匹夫匹妇之为谅也,自经于沟渎,而莫之知也。”

Tzeu koung dit :

— Kouan Tchoung n’a pas été parfait, ce semble. Le prince Houan ayant tué le prince Kiou, Kouan Tchoung n’a pas eu le courage de se donner la mort ; de plus, il a servi le prince Houan.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Kouan Tchoung aida le prince Houan à établir son autorité sur tous les princes. Il a réformé le gouvernement de tout l’empire, et jusqu’à présent le peuple jouit de ses bienfaits. Sans Kouan Tchoung, nous aurions les cheveux épars et le bord de la tunique fixé au côté gauche. Devait-il montrer sa fidélité comme un homme vulgaire, s’étrangler lui-même dans un fossé ou un canal et se dérober à la connaissance de la postérité ?

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14.19

公叔文子之臣大夫僎,与文子同升诸公。子闻之曰:“可以为文矣。”

L’intendant de la maison du tai fou Koung chou qui fut lui-même plus tard tai fou, montait au palais du prince avec son maître. Le Maître [Confucius] l’ayant appris, dit :

— Koung chou est vraiment un homme d’un esprit cultivé.

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14.20

子言卫灵公之无道也,康子曰:“夫如是,奚而不丧?”孔子曰:“仲叔圉治宾客,祝鮀治宗庙,王孙贾治军旅。夫如是,奚其丧?”

Le Maître [Confucius] ayant dit que Ling, prince de Wei, ne s’appliquait pas à faire régner la vertu, Ki K’ang tzeu demanda comment il n’avait pas encore perdu ses États. Confucius répondit :

— Tchoung chou Iu est chargé de recevoir les hôtes et les étrangers ; T’ouo dirige les cérémonies et prend la parole dans le temple des ancêtres ; Wang suenn Kia s’occupe de l’armée. Comment perdrait-il ses États ?

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14.21

子曰:“其言之不怍,则为之也难。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui ne craint pas de promettre de grandes choses a de la peine à les exécuter.

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14.22

陈成子弑简公。孔子沐浴而朝,告于哀公曰:“陈恒弑其君,请讨之。”公曰:“告夫三子!”孔子曰:“以吾从大夫之后,不敢不告也。君曰‘告夫三子’者。”之三子告,不可。孔子曰:“以吾从大夫之后,不敢不告也。”

Tch’enn Tch’eng tzeu avait mis à mort le prince Kien. Confucius, après s’être lavé la tête et le corps, alla au palais informer Ngai, prince de Lou.

— Tch’enn Heng, dit-il, a tué son prince ; je vous prie de le faire châtier.

Le prince répondit :

— Adressez-vous à ces trois grands seigneurs.

Confucius se dit en lui-même :

— Parce que j’ai encore rang parmi les tai fou, je n’aurais pas osé me dispenser d’avertir. Le prince me répond de m’adresser à ces trois seigneurs !
Confucius alla faire son rapport aux trois grands seigneurs, qui rejetèrent sa demande. Il leur dit :

— Parce que j’ai encore rang parmi les tai fou, je n’aurais pas osé ne pas avertir.

Trois ministres, chefs de trois grandes familles, s’étaient arrogé tout le pouvoir et gouvernaient en maîtres la principauté de Lou. Le prince n’était pat libre de décider par lui-même. Il répondit ù Confucius : « Vous pouvez vous adresser à ces trois grands seigneurs. » C’étaient les chefs des trois grandes familles Meng suenn, Chou suenn et Ki suenn.

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14.23

子路问事君。子曰:“勿欺也,而犯之。”

Tzeu lou demanda comment un sujet devait servir son prince. Le Maître [Confucius] répondit :
— Il doit éviter de le tromper et ne pas craindre de lui résister.

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14.24

子曰:“君子上达,小人下达。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage tend toujours en haut ; un homme sans principes tend toujours en bas.

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14.25

子曰:“古之学者为己,今之学者为人。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Anciennement, on s’appliquait à l’étude de la sagesse pour devenir vertueux ; à présent, on s’y livre pour acquérir l’estime des hommes.

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14.26

蘧伯玉使人于孔子。孔子与之坐而问焉,曰:“夫子何为?”对曰:“夫子欲寡其过而未能也。”使者出。子曰:“使乎!使乎!”

K’iu Pe iu envoya saluer Confucius. Le philosophe invita le messager à s’asseoir et lui demanda à quoi son maître s’appliquait.

— Mon maître, répondit-il, désire diminuer le nombre de ses fautes, et il n’y parvient pas.

Quand l’envoyé se fut retiré, Le Maître [Confucius] dit :

— O le sage messager ! O le sage messager !

K’iu Pe ia, nommé Iuen, était grand préfet dans la principauté de Wei. Confucius avait reçu l’hospitalité dans sa maison. Lorsqu’il fut de retour dans le pays de Lou, Pe iu lui envoya un messager. Pe iu,n’examinait lui-même et travaillait à soumettre ses passions, comme s’il craignait sans cesse de ne pouvoir y parvenir. On peut dire que l’envoyé connaissait à fond le cœur de ce sage, et qu’il remplit bien ton mandat. Aussi Confucius dit deux fois : « O le sage messager ! » pour marquer son estime.

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14.27

子曰:“不在其位,不谋其政。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ne vous mêlez pas des affaires publiques dont vous n’avez pas la charge.

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14.28

曾子曰:“君子思不出其位。”

Tseng tzeu dit :

— On lit dans le I king :

Les pensées, les projets du sage restent toujours dans les limites de son devoir, de sa condition.

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14.29

子曰:“君子耻其言而过其行。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage est modeste dans ses paroles, et il fait plus qu’il ne dit, c’est-à-dire sa conduite est toujours au-dessus de ses préceptes.

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14.30

子曰:“君子道者三,我无能焉:仁者不忧,知者不惑,勇者不惧。”子贡曰:“夫子自道也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage pratique trois vertus, qui me font défaut : parfait, il ne s’afflige de rien ; prudent, il ne tombe pas dans l’erreur ; courageux, il n’a point de crainte.

Tzeu koung dit :

— Maître, c’est vous qui le dites.

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14.31

子贡方人。子曰:“赐也贤乎哉?夫我则不暇。”

Tzeu koung s’occupait à juger les autres. Le Maître [Confucius] dit :

— Seu est donc déjà un grand sage ! Moi, je n’ai pas le temps.

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14.32

子曰:“不患人之不己知,患其不能也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage ne s’afflige pas de n’être pas connu des hommes, mais de n’être pas capable de pratiquer parfaitement la vertu.

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14.33

子曰:“不逆诈,不亿不信。抑亦先觉者,是贤乎!”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui-là n’est-il pas vraiment sage, qui ne présume pas d’avance que les hommes ou chercheront à le tromper ou seront en défiance contre lui ; mais qui cependant découvre les ruses et les défiances des autres, aussitôt qu’elles existent ?

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14.34

微生亩谓孔子曰:“丘何为是栖栖者与?无乃为佞乎?”孔子曰:“非敢为佞也,疾固也。”

Wei cheng Meou dit à Confucius :

— K’iou, pourquoi enseignez-vous avec tant d’assiduité ? Et, pour captiver vos auditeurs, n’avez-vous pas recours aux artifices du langage ?

Confucius répondit :

— Je ne me permettrais pas de faire le beau parleur ; mais je hais l’opiniâtreté.

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14.35

子曰:“骥不称其力,称其德也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Dans un excellent cheval, ce qu’on estime, ce n’est pas tant la force que la douceur.

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14.36

或曰:“以德报怨,何如?”子曰:“何以报德?以直报怨,以德报德。”

Quelqu’un dit :

— Que faut-il penser de celui qui rend le bien pour le mal ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Que rendrez-vous pour le bien ? Il suffit de répondre à l’injustice par la justice et de rendre le bien pour le bien.

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14.37

子曰:“莫我知也夫!”子贡曰:“何为其莫知子也?”子曰:“不怨天,不尤人。下学而上达。知我者,其天乎!”

Le Maître [Confucius] dit :

— Personne ne me connaît.

Tzeu koung dit :

— Maître, pourquoi dites-vous que personne ne vous connaît ?

Le Maître [Confucius] reprit :

— Je ne me plains pas du Ciel et n’accuse pas les hommes. je m’applique à l’étude de la sagesse, commençant par les principes fondamentaux, et avançant par degrés. Celui qui me connaît, n’est-ce pas le Ciel ?

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14.38

公伯寮诉子路于季孙。子服景伯以告,曰:“夫子固有惑志于公伯寮,吾力犹能肆诸市朝。”子曰:“道之将行也与?命也。道之将废也与?命也。公伯寮其如命何!”

Koung pe Leao avait parlé mal de Tzeu lou à Ki suenn. Tzeu fou King pe en informa Confucius et lui dit :

— Ki suenn a conçu des soupçons contre Tzeu lou par suite des accusations de Koung pe Leao. Je suis assez puissant pour obtenir que cet accusateur soit exposé sur la place publique ou à la cour du palais.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Si ma doctrine doit suivre sa voie, c’est que le Ciel l’a décidé. Si elle doit être arrêtée dans sa marche, c’est que le Ciel le veut. Que peut faire Koung pe Leao contre les décrets du Ciel ?

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14.39

子曰:“贤者辟世,其次辟地,其次辟色,其次辟言。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Parmi les sages, plusieurs vivent retirés du monde, les uns à cause de la corruption des mœurs ; les autres, d’une vertu moins parfaite, à cause des troubles de leur pays ; d’autres, encore moins parfaits, à cause du manque d’urbanité ; d’autres, d’une vertu encore inférieure, à cause du désaccord dans les opinions.

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14.40

子曰:“作者七人矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— De nos jours, sept sages se sont retirés dans la vie privée.

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14.41

子路宿于石门。晨门曰:“奚自?”子路曰:“自孔氏。”曰:“是知其不可而为之者与?”

Tzeu lou passa une nuit à Chenn men. Le gardien de la porte lui dit :

— D’où venez-vous ?

— De l’école de Confucius », répondit Tzeu lou.

— C’est, reprit le gardien, un homme qui s’applique à faire une chose qu’il sait être impossible.

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14.42

子击磬于卫。有荷蒉而过孔氏之门者,曰:“有心哉!击磬乎!”既而曰:“鄙哉!硜硜乎!莫己知也,斯己而已矣。深则厉,浅则揭。”子曰:“果哉!末之难矣。”

Le Maître [Confucius], dans la principauté de Wei, jouait d’un instrument de musique composé de pierres sonores. Un lettré venant à passer devant la porte du philosophe, avec une corbeille sur les épaules, dit :

— Les sons de son instrument font connaître qu’il aime beaucoup les hommes.

Peu après il ajouta :

— Quelle aveugle opiniâtreté ! Personne ne le connaît. Qu’il cesse donc d’enseigner, et voilà tout. » Le Cheu king dit :

Si le gué est profond, je le traverserai les jambes nues ;
s’il ne l’est pas, je relèverai mes vêtements seulement jusqu’aux genoux.

Le Maître [Confucius] dit :

— Qu’il est cruel ! Son genre de vie n’a rien de difficile.

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14.43

子张曰:“《书》云:‘高宗谅阴,三年不言。’何谓也?”子曰:“何必高宗,古之人皆然。君薨,百官总己以听于冢宰,三年。”

Tzeu tchang dit :

— Les Annales rapportent que l’empereur Kao tsoung se retira dans une cabane où il demeura sans parler durant trois ans. Que signifie cette cérémonie ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Qu’est-il besoin de citer Kao tsoung ? Tous les anciens faisaient la même chose. Quand un souverain mourait, les officiers remplissaient leurs fonctions sous la direction du premier ministre pendant trois ans.

La cabane où l’empereur passait les trois années de deuil s’appelait leang ngan, parce qu’elle était tournée au nord et ne recevait pas les rayons du soleil.

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14.44

子曰:“上好礼,则民易使也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si le prince aime à garder l’ordre fixé par les lois et les usages, le peuple est facile à diriger.

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14.45

子路问君子。子曰:“修己以敬。”曰:“如斯而已乎?”曰:“修己以安人。”曰:“如斯而已乎?”曰:“修己以安百姓。修己以安百姓,尧舜其犹病诸!”

Tzeu lou demanda ce que c’est qu’un vrai disciple de la sagesse. Le Maître [Confucius] répondit :

— Un disciple de la sagesse se perfectionne en veillant attentivement sur lui-même.

— Cela suffit-il ? reprit Tzeu lou.

Confucius répondit :

— Il se perfectionne lui-même, puis il travaille à la perfection et à la tranquillité des autres.

— Est-ce tout ? demanda Tzeu lou.

Confucius dit :

— Il se perfectionne lui-même, ensuite il fait régner la vertu et la paix parmi le peuple. Se perfectionner soi-même, faire régner la vertu et la paix parmi le peuple, c’est ce que Iao et Chouenn eux-mêmes trouvaient très difficile, et croyaient être au-dessus de leurs forces.

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14.46

原壤夷俟。子曰:“幼而不孙弟,长而无述焉,老而不死,是为贼!”以杖叩其胫。

Iuen Jang attendait Confucius en se tenant accroupi. Le Maître [Confucius] lui dit :

— Quand vous étiez jeune, vous ne respectiez pas ceux qui étaient plus âgés que vous. Devenu grand, vous n’avez rien fait de louable. Devenu vieux, vous ne mourez pas. Vos exemples sont très nuisibles.

Confucius avec son bâton lui frappa légèrement les jambes.

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14.47

阙党童子将命。或问之曰:“益者与?”子曰:“吾见其居于位也,见其与先生并行也。非求益者也,欲速成者也。”

Confucius employait au service des hôtes et des visiteurs un enfant du village de K’iue tang. Quelqu’un demanda s’il faisait des progrès. Le Maître [Confucius] répondit :

— Je le vois prendre place parmi les hommes faits, et marcher côte à côte avec ceux qui sont plus âgés que lui. Il ne cherche pas à progresser peu à peu ; mais il voudrait être parfait tout de suite.

Chapitre 15

卫灵公 – Wei Ling Gong

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15.1

卫灵公问陈于孔子。孔子对曰:“俎豆之事,则尝闻之矣;军旅之事,未之学也。”明日遂行。
在陈绝粮,从者病,莫能兴。子路愠见曰:“君子亦有穷乎?”子曰:“君子固穷,小人穷斯滥矣。”

Ling, prince de Wei, interrogea Confucius sur l’art de ranger les armées en bataille.

Confucius répondit :

— On m’a enseigné la manière de ranger les supports et les vases de bois pour les sacrifices ; je n’ai pas appris à commander les armées.

Confucius s’en alla dès le lendemain.

Dans la principauté de Tch’enn, les vivres lui manquèrent. Ses compagnons étaient affaiblis par la faim ; aucun d’eux n’avait plus la force de se lever. Tzeu lou indigné se présenta devant lui et dit :

— Le sage est-il aussi exposé à manquer de tout ?

— Le sage, répondit Le Maître [Confucius], demeure constant et courageux dans la détresse. Un homme vulgaire, dans la détresse, ne connaît plus aucune loi.

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15.2

子曰:“赐也,女以予为多学而识之者与?”对曰:“然,非与?”曰:“非也,予一以贯之。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Seu, me considérez-vous comme un homme qui a beaucoup appris et beaucoup retenu ?

— Oui, répondit Tzeu koung. Suis-je dans l’erreur ?

— Vous êtes dans l’erreur, reprit Confucius. Une seule chose me donne l’intelligence de tout,

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15.3

子曰:“由!知德者鲜矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Iou, peu d’hommes connaissent la vertu.

Celui qui ne la possède pas ne peut en connaître ni la nature ni les charmes.

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15.4

子曰:“无为而治者,其舜也与?夫何为哉,恭己正南面而已矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Chouenn était un prince qui, presque sans avoir besoin de rien faire, maintenait l’empire dans un ordre parfait. Que faisait-il ? Il veillait attentivement sur lui-même et se tenait gravement le visage tourné vers le midi.

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15.5

子张问行。子曰:“言忠信,行笃敬,虽蛮貊之邦行矣;言不忠信,行不笃敬,虽州里行乎哉?立,则见其参于前也;在舆,则见其倚于衡也。夫然后行。”子张书诸绅。

Tzeu tchang demanda quel était le moyen d’agir sur les autres hommes. Le Maître [Confucius] répondit :

— Un homme sincère et véridique dans ses paroles, prudent et circonspect dans ses actions, aura de l’influence, même au milieu des barbares du midi ou du septentrion. Un homme qui n’est ni sincère ni véridique dans ses paroles, ni prudent ni circonspect dans ses actions, aura-t-il quelque influence, même dans une ville ou un village ? Quand vous êtes debout, voyez par la pensée ces quatre vertus se tenant auprès de vous, devant vos yeux. Quand vous êtes en voiture, contemplez-les assises sur le joug. Par ce moyen, vous acquerrez de l’influence.
Tzeu tchang écrivit sur sa ceinture ces paroles du Maître.

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15.6

子曰:“直哉史鱼!邦有道,如矢;邦无道,如矢。”君子哉蘧伯玉!邦有道,则仕;邦无道,则可卷而怀之。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Combien la droiture de l’historiographe Iu est admirable ! Que le gouvernement soit bien ou mal réglé, il suit toujours le droit chemin, comme une flèche. Que K’iu Pe iu est sage ! Quand le gouvernement est bien réglé, il exerce une charge. Quand le gouvernement est mal réglé, il sait se retirer et tenir sa vertu cachée.

L’historiographe était un annaliste officiel. Iu était tai fou dans la principauté de Wei ; il s’appelait Ts’iou. Après sa mort, devenu cadavre, il donna encore des avis à son prince. Malade et sur le point de mourir, il dit à ton fils : « A la cour du prince, je n’ai pu obtenir que les charges fussent confiées aux hommes sages et refusées aux hommes vicieux. Après ma mort, il ne faudra pas faire les cérémonies funèbres. Il suffira de déposer mon corps dans la salle qui est au nord. » Le prince, étant allé faire les lamentations ordinaires, demanda la raison de cette singularité. Le fils du défunt répondit avec un accent de douleur profonde : « Mon père l’a ainsi ordonné. » « Je suis en faute », dit le prince. Aussitôt il ordonna de revêtir le corps du défunt dans l’endroit où l’on rendait cet honneur à ses hôtes. Puis, il mit en charge Kiu Pe iu et éloigna Mi tzeu hia (son indigne ministre).

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15.7

子曰:“可与言而不与之言,失人;不可与言而与之言,失言。知者不失人,亦不失言。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si vous refusez d’instruire un homme qui a les dispositions requises, vous perdez un homme, c’est-à-dire vous laissez dans l’ignorance un homme que vous pourriez rendre vertueux et sage. Si vous enseignez un homme qui n’a pas les dispositions nécessaires, vous perdez vos instructions. Un homme prudent ne perd ni les hommes ni ses enseignements.

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15.8

子曰:“志士仁人,无求生以害仁,有杀身以成仁。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Un homme qui est parfait ou résolu à le devenir ne cherche jamais à sauver sa vie au détriment de sa vertu. Il est des circonstances où il sacrifie sa vie, et met ainsi le comble à sa vertu.

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15.9

子贡问为仁。子曰:“工欲善其事,必先利其器。居是邦也,事其大夫之贤者,友其士之仁者。”

Tzeu koung demanda ce qu’il fallait faire pour devenir parfait. Le Maître [Confucius] répondit :
— L’ouvrier qui veut bien faire son travail doit commencer par aiguiser ses instruments. Dans la contrée où il demeure, qu’il se mette au service des tai fou les meilleurs ; qu’il contracte amitié avec les hommes les plus parfaits.

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15.10

颜渊问为邦。子曰:“行夏之时,乘殷之辂,服周之冕,乐则韶舞。放郑声,远佞人。郑声淫,佞人殆。”

Ien Iuen demanda à Confucius ce qu’il fallait faire pour bien gouverner un État.

Le Maître [Confucius] répondit :

— L’empereur doit suivre le calendrier des Hia. Il doit adopter la voiture des In et porter dans les cérémonies le bonnet des Tcheou. Il doit faire exécuter les chants de Chouenn. Il doit bannir les chants de la principauté de Tcheng et écarter les beaux parleurs. Les chants de Tcheng sont obscènes ; les beaux parleurs sont dangereux.

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15.11

子曰:“人无远虑,必有近忧。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui dont la prévoyance ne s’étend pas loin sera bientôt dans l’embarras.

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15.12

子曰:“已矣乎!吾未见好德如好色者也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Faut-il donc désespérer ? Je n’ai pas encore vu un homme qui aimât la vertu autant qu’on aime une belle apparence.

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15.13

子曰:“臧文仲其窃位者与?知柳下惠之贤,而不与立也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Tsang Wenn tchoung n’usa-t-il pas de sa dignité comme un voleur ? Il connut la sagesse de Houei de Liou hia et ne le demanda pas pour collègue à la cour du prince.

Houei de Liou hia était Tchen Houe, nommé K’in, grand préfet de Lou. Il tirait ses appointements de la ville de Liou hia. Il reçut le nom posthume de Houei, qui signifie Bienfaisant.

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15.14

子曰:“躬自厚而薄责于人,则远怨矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui se reproche sévèrement ses fautes à lui-même et reprend les autres avec indulgence évite les mécontentements.

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15.15

子曰:“不曰‘如之何如之何’者,吾末如之何也已矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Je n’ai rien à faire pour celui qui ne demande pas : Comment ferai-je ceci ? comment ferai-je cela ?

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15.16

子曰:“群居终日,言不及义,好行小慧,难矣哉!”

Confucius dit :

— Ceux qui se réunissent en troupe et demeurent ensemble toute la journée, qui ne disent rien de bon et veulent suivre les lumières trompeuses de leur propre prudence, quelle difficulté n’auront-ils pas !

Ils ne peuvent pas entrer dans la voie de la vertu ; ils auront des chagrins et des peines.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.17

子曰:“君子义以为质,礼以行之,孙以出之,信以成之。君子哉!”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage prend la justice pour base ; il la pratique d’après les règles établies par les anciens ; il la fait paraître modestement ; il la garde toujours sincèrement. Un tel homme mérite le nom de sage.

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15.18

子曰:“君子病无能焉,不病人之不己知也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage s’afflige de ne pouvoir pratiquer la vertu parfaitement. ; il ne s’afflige pas de n’être pas connu des hommes.

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15.19

子曰:“君子疾没世而名不称焉。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage ne veut pas mourir qu’il ne se soit rendu digne d’éloge.

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15.20

子曰:“君子求诸己,小人求诸人。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage attend tout de ses propres efforts ; l’homme vulgaire attend tout de la faveur des autres.

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15.21

子曰:“君子矜而不争,群而不党。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage est maître de lui-même et n’a de contestation avec personne ; il est sociable, mais n’est pas homme de parti.

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15.22

子曰:“君子不以言举人,不以人废言。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage n’élève pas un homme aux charges uniquement parce qu’il l’a entendu bien parler ; et il ne rejette pas une bonne parole parce qu’elle a été dite par un méchant homme.

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15.23

子贡问曰:“有一言而可以终身行之者乎?”子曰:“其恕乎!己所不欲,勿施于人。”

Tzeu koung demanda s’il existait un précepte qui renfermât tous les autres, et qu’on dût observer toute la vie. Le Maître [Confucius] répondit :

— N’est-ce pas le précepte d’aimer tous les hommes comme soi-même ? Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse à vous-même.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.24

子曰:“吾之于人也,谁毁谁誉?如有所誉者,其有所试矣。斯民也,三代之所以直道而行也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Quel est celui que j’ai blâmé ou loué avec excès ? Si je loue trop quelqu’un, c’est que j’ai reconnu qu’il se rendra digne des éloges que je lui donne. Notre peuple est encore celui que les empereurs des trois dynasties ont traité avec la plus grande justice.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.25

子曰:“吾犹及史之阙文也,有马者借人乘之。今亡矣夫!”

Le Maître [Confucius] dit :

— Dans mon enfance, j’ai encore pu voir un historiographe qui n’écrivait rien dont il ne fût certain, un homme riche qui prêtait à d’autres ses chevaux. A présent on n’en voit plus.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.26

子曰:“巧言乱德,小不忍则乱大谋。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Les beaux discours font prendre le vice pour la vertu. Une légère impatience ruine un grand projet.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.27

子曰:“众恶之,必察焉;众好之,必察焉。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Quand la haine ou la faveur de la multitude s’attache à un homme, il faut examiner sa conduite, avant de juger s’il est digne d’affection ou de haine.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.28

子曰:“人能弘道,非道弘人。”

Le Maître [Confucius] dit :

— L’homme peut développer et perfectionner ses vertus naturelles ; les vertus naturelles ne rendent pas l’homme parfait.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.29

子曰:“过而不改,是谓过矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ne pas se corriger après une faute involontaire, c’est commettre une faute véritable.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.30

子曰:“吾尝终日不食,终夜不寝,以思,无益,不如学也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Autrefois je passais des jours entiers sans manger et des nuits entières sans dormir, afin de me livrer à la méditation. J’en ai retiré peu de fruit. Il vaut mieux étudier à l’école d’autrui.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.31

子曰:“君子谋道不谋食。耕也,馁在其中矣;学也,禄在其中矣。君子忧道不忧贫。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le disciple de la sagesse tourne toutes ses pensées vers la vertu, et non vers la nourriture. Le laboureur cultive la terre pour en tirer sa nourriture ; mais quand la récolte vient à manquer dans son travail il rencontre la disette et la faim. Au contraire, le disciple de la sagesse, en ne travaillant que pour acquérir la vertu, s’attire des honneurs et des richesses. Il donne tous ses soins à la vertu et n’a aucun souci de la pauvreté.

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15.32

子曰:“知及之,仁不能守之;虽得之,必失之。知及之,仁能守之。不庄以涖之,则民不敬。知及之,仁能守之,庄以涖之。动之不以礼,未善也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Si quelqu’un connaissait la doctrine des sages et qu’il n’eût pas assez de vertu pour la mettre en pratique, sa science ne lui servirait de rien. Si quelqu’un connaissait la doctrine des sages et pouvait la mettre en pratique, mais manquait de gravité en public, le peuple ne le respecterait pas. Si quelqu’un connaissait la doctrine des sages, était capable de la mettre en pratique, paraissait en public avec gravité, mais ne dirigeait pas le peuple d’après les règles établies, ce ne serait pas encore la perfection.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.33

子曰:“君子不可小知,而可大受也;小人不可大受,而可小知也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— On ne peut apprécier le sage dans une petite chose, mais on peut lui en confier de grandes. On ne peut confier de grandes choses à l’homme vulgaire ; mais on peut l’apprécier dans les petites.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.34

子曰:“民之于仁也,甚于水火。水火,吾见蹈而死者矣,未见蹈仁而死者也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— La vertu est plus nécessaire au peuple que l’eau et le feu. J’ai vu des hommes périr en marchant dans l’eau ou dans le feu ; je n’ai jamais vu personne périr en marchant dans la voie de la vertu.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.35

子曰:“当仁不让于师。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui s’applique principalement à pratiquer la vertu peut rivaliser avec un maître, c’est-à-dire se diriger lui-même et les autres.

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15.36

子曰:“君子贞而不谅。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage s’attache fortement à la vérité et au devoir ; il ne s’attache pas opiniâtrement à ses idées.

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15.37

子曰:“事君,敬其事而后其食。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui est au service de son prince doit remplir sa charge avec grand soin, et ne penser à son salaire qu’en dernier lieu.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.38

子曰:“有教无类。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le sage admet à son école tous les hommes, sans distinction.

Les vertus que la nature donne à chaque homme (avec l’existence) sont parfaites en elles-mêmes. La différence des bons et des méchants est due à la différence des éléments dont leurs corps sont composés, et des habitudes qu’ils ont contractées. Lorsqu’un rage tient école, tour les hommes peuvent, sous sa direction, recouvrer la perfection primitive de leurs vertus naturelles, et mériter de n’être plus rangés dans la classe des méchants.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.39

子曰:“道不同,不相为谋。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Deux hommes qui suivent des voies différentes ne peuvent pas s’entraider par leurs conseils.

Sommaire Entretiens de Confucius

15.40

子曰:“辞达而已矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Le langage doit exprimer clairement la pensée, cela suffit.

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15.41

师冕见,及阶,子曰:“阶也。”及席,子曰:“席也。”皆坐,子告之曰:“某在斯,某在斯。”师冕出。子张问曰:“与师言之道与?”子曰:“然。固相师之道也。”

Le préfet de la musique Mien étant allé faire visite à Confucius, lorsqu’il fut arrivé aux degrés de la salle, Le Maître [Confucius] lui dit :

— Voici les degrés

Lorsqu’il fut arrivé auprès de la natte, le philosophe lui dit :

— Voici la natte.

Quand tout le monde fut assis, Le Maître [Confucius] dit au préfet de la musique :

— Un tel est ici ; un tel est là.

Lorsque le préfet Mien se fut retiré, Tzeu tchang demanda si c’était un devoir d’avertir ainsi le préfet de la musique.

— Certainement, répondit Le Maître [Confucius], c’est un devoir d’aider ainsi les directeurs de la musique.

Chapitre 16

季氏 – Ji Shi

Sommaire Entretiens de Confucius

16.1

季氏将伐颛臾。冉有、季路见于孔子曰:“季氏将有事于颛臾。”孔子曰:“求!无乃尔是过与?夫颛臾,昔者先王以为东蒙主,且在邦域之中矣,是社稷之臣也。何以伐为?”冉有曰:“夫子欲之,吾二臣者皆不欲也。”孔子曰:“求!周任有言曰:‘陈力就列,不能者止。’危而不持,颠而不扶,则将焉用彼相矣?且尔言过矣。虎兕出于柙,龟玉毁于椟中,是谁之过与?”冉有曰:“今夫颛臾,固而近于费。今不取,后世必为子孙忧。”孔子曰:“求!君子疾夫舍曰欲之,而必为之辞。丘也闻有国有家者,不患寡而患不均,不患贫而患不安。盖均无贫,和无寡,安无倾。夫如是,故远人不服,则修文德以来之。既来之,则安之。今由与求也,相夫子,远人不服而不能来也;邦分崩离析而不能守也。而谋动干戈于邦内。吾恐季孙之忧,不在颛臾,而在萧墙之内也。”

Le chef de la famille Ki se préparait à envahir Tchouen iu. Jen Iou et Tzeu lou allèrent voir Confucius et lui dirent :

— Ki prépare une expédition contre Tchouen iu.

— K’iou, répondit Confucius, n’avez-vous pas quelque part à ce crime ? Tchouen iu a été choisi par les anciens empereurs pour être le lieu ordinaire des sacrifices, au pied du mont Moung oriental. De plus, il fait partie de la principauté de Lou et relève de l’autorité de notre prince. De quel droit Ki irait-il l’attaquer ?

— Notre maître le veut, répondit Jen Iou ; nous, ses ministres, nous ne le voulons ni l’un ni l’autre.

Confucius dit :

— K’iou, Tcheou jenn répétait souvent : « Que celui qui peut se dépenser pour le bien du peuple entre dans les rangs de la magistrature ; que celui qui ne peut rendre un vrai service n’accepte pas de charge. A quoi servira ce conducteur d’aveugles, qui ne saura ni affermir celui qui est ébranlé, ni soutenir celui qui tombe ? » De plus, votre réponse est blâmable. Si un tigre ou un bœuf sauvage s’échappe de sa cage ou de son enclos, si une écaille de tortue ou une pierre précieuse est endommagée dans le coffre, à qui en est la faute ?

Jen Iou répliqua :

— Tchouen iu est bien fortifié et proche de la ville de Pi. Si Ki ne s’empare pas à présent de Tchouen iu, dans les temps à venir ses descendants seront dans l’embarras.

— Kiou, répondit Confucius, le sage déteste ces hommes qui ne veulent pas avouer leur cupidité et inventent des prétextes pour l’excuser. J’ai entendu dire que ce qui doit faire le souci des tchou heou et des tai fou, ce n’est pas le petit nombre de leurs sujets, mais le défaut de justice ; ce n’est pas le manque de ressources, mais le manque d’union et de concorde. La pauvreté n’est pas à craindre, où la justice est observée ; ni le défaut de sujets, où règne la concorde ; ni le bouleversement de l’État, où règne la tranquillité. Si les habitants des contrées éloignées ne reconnaissent pas l’autorité du prince, qu’il fasse fleurir les vertus civiles, afin de les attirer ; après les avoir attirés, qu’il les fasse jouir de la tranquillité. Vous, Iou et Kiou, vous êtes les ministres de Ki. Les habitants des contrées éloignées ne se soumettent pas, et vous ne savez pas les attirer. La principauté de Lou penche vers sa ruine et se divise en plusieurs parties. Vous ne savez pas lui conserver son intégrité ; et vous pensez à exciter une levée de boucliers dans son sein. Je crains bien que la famille de Ki ne rencontre de grands embarras, non pas à Tchouen iu, mais dans l’intérieur même de sa maison.L’intérieur de la maison, c’est ici la cloison ou petit mur élevé devant la porte d’une habitation pour dérober aux passants la vue de la maison. Dans les visites entre un prince et son sujet, les témoignages de respect commencent auprès de cette cloison. C’est pourquoi elle s’appelle cloison du respect.

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16.2

孔子曰:“天下有道,则礼乐征伐自天子出;天下无道,则礼乐征伐自诸侯出。自诸侯出,盖十世希不失矣;自大夫出,五世希不失矣;陪臣执国命,三世希不失矣。天下有道,则政不在大夫。天下有道,则庶人不议。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Quand l’empire est bien gouverné, l’empereur règle lui-même les cérémonies, la musique, les expéditions militaires pour soumettre les feudataires désobéissants. Quand l’empire n’est pas bien gouverné, les tchou heou règlent les cérémonies, la musique, les expéditions militaires. Alors les familles des tchou heou conservent rarement leur autorité au delà de dix générations. Lorsque les tai fou s’emparent du pouvoir, ils le conservent rarement plus de cinq générations. Les intendants des princes ou des grands préfets, devenus à leur tour maîtres du pouvoir, le conservent rarement plus de trois générations. Quand l’empire est bien réglé, la haute administration n’est pas entre les mains des tai fou ; les particuliers ne sont pas admis à délibérer sur les affaires d’État.

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16.3

孔子曰:“禄之去公室,五世矣;政逮于大夫,四世矣;故夫三桓之子孙,微矣。”

Confucius dit :

— Les revenus publics ont passé de la maison du prince de Lou aux maisons des trois puissants tai fou Meng Suenn, Chou suenn et Ki Suenn, qui descendent de Houan, prince de Lou, cela depuis cinq générations. La haute administration est entre les mains des tai fou depuis quatre générations. Aussi, la puissance de ces trois grands seigneurs touche à son terme.

A la mort de Wenn, prince de Lou (609 avant notre ère), ses fils avaient mis a’ mort l’héritier présomptif Tch’eu, et lui avaient substitué le prince Siuen. Celui-ci n’eut qu’une ombre de pouvoir (l’autorité souveraine fut usurpée par Ki Ou, chef de la famille Ki suenn). Siuen, Tch’eng, Siang, Tchao, Ting, en tout cinq princes, s’étaient succédé. Le tai fou Ki Ou, qui avait usurpé le pouvoir, avait eu pour successeurs Tao, Ping et Houan. En tout, quatre tai fou s’étaient succédé l’un à l’autre, et l’autorité passa de leurs mains entre celles de Iang Hou, intendant de leur famille.

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16.4

孔子曰:“益者三友,损者三友。友直,友谅,友多闻,益矣。友便辟,友善柔,友便佞,损矣。”

Confucius dit :

— Trois sortes d’amitié sont avantageuses, et trois sortes d’amitié sont nuisibles. L’amitié avec un homme qui parle sans détours, l’amitié avec un homme sincère, l’amitié avec un homme de grand savoir, ces trois sortes d’amitié sont utiles. L’amitié avec un homme habitué à tromper par une fausse apparence d’honnêteté, l’amitié avec un homme habile à flatter, l’amitié avec un homme qui est grand parleur, ces trois sortes d’amitié sont nuisibles.

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16.5

孔子曰:“益者三乐,损者三乐。乐节礼乐,乐道人之善,乐多贤友,益矣。乐骄乐,乐佚游,乐宴乐,损矣。”

Confucius dit :

— Il y a trois choses qu’il est utile d’aimer, et trois choses qu’il est nuisible d’aimer. Aimer à étudier les cérémonies et la musique, aimer à dire le bien qu’on a observé dans les autres, aimer à se lier d’amitié avec beaucoup d’hommes sages et vertueux, ces trois choses sont utiles. Aimer à donner libre cours à ses convoitises, aimer à perdre son temps et à courir çà et là, aimer les festins et les plaisirs déshonnêtes, ces trois passions sont nuisibles.

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16.6

孔子曰:“侍于君子有三愆:言未及之而言谓之躁,言及之而不言谓之隐,未见颜色而言谓之瞽。”

Confucius dit :

— Quand vous êtes en présence d’un homme distingué par son rang et sa vertu, vous avez trois défauts à éviter. Si vous lui adressez la parole avant qu’il vous interroge, c’est précipitation. Si, interrogé par lui, vous ne lui répondez pas, c’est dissimulation. Si vous lui parler avant d’avoir vu, à l’air de son visage, qu’il vous prête une oreille attentive, c’est aveuglement.

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16.7

孔子曰:“君子有三戒:少之时,血气未定,戒之在色;及其壮也,血气方刚,戒之在鬭;及其老也,血气既衰,戒之在得。”

Confucius dit :

— Celui qui s’applique à pratiquer la vertu se tient en garde contre trois choses. Dans la jeunesse, lorsque le sang et les esprits vitaux sont toujours en mouvement, il se tient en garde contre les plaisirs des sens. Dans l’âge mûr, lorsque le sang et les esprits vitaux sont dans toute leur vigueur, il évite les querelles. Dans la vieillesse, lorsque le sang et les esprits vitaux ont perdu leur énergie, il se tient en garde contre la passion d’acquérir.

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16.8

孔子曰:“君子有三畏:畏天命,畏大人,畏圣人之言。小人不知天命而不畏也,狎大人,侮圣人之言。”

Confucius dit :

— Le sage respecte trois choses. Il respecte la volonté du Ciel ; il respecte les hommes éminents en vertu et en dignité ; il respecte les maximes des sages. L’homme vulgaire ne connaît pas la loi naturelle et ne la respecte pas ; il traite sans respect les hommes éminents ; il tourne en dérision les maximes des sages.

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16.9

孔子曰:“生而知之者,上也;学而知之者,次也;困而学之,又其次也;困而不学,民斯为下矣。”

Confucius dit :

— Ceux en qui la connaissance des principes de la sagesse est innée sont des hommes tout à fait supérieurs. Au second rang viennent ceux qui acquièrent cette connaissance par l’étude ; et, au troisième rang, ceux qui, malgré leur peu d’intelligence, travaillent à l’acquérir. Ceux qui n’ont ni intelligence ni volonté d’apprendre forment la dernière classe d’hommes.

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16.10

孔子曰:“君子有九思:视思明,听思聪,色思温,貌思恭,言思忠,事思敬,疑思问,忿思难,见得思义。”

Confucius dit :

— Le sage donne une attention spéciale à neuf choses. Il s’applique à bien voir ce qu’il regarde, à bien entendre ce qu’il écoute ; il a soin d’avoir un air affable, d’avoir une tenue irréprochable, d’être sincère dans ses paroles, d’être diligent dans ses actions ; dans ses doutes, il a soin d’interroger ; lorsqu’il est mécontent, il pense aux suites fâcheuses de la colère ; en face d’un bien à obtenir, il consulte la justice.

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16.11

孔子曰:“见善如不及,见不善如探汤。吾见其人矣,吾闻其语矣。隐居以求其志,行义以达其道。吾闻其语矣,未见其人也。”

Confucius dit :

— A la vue d’un bien à faire, déployer toute son énergie, comme si l’on craignait de ne pouvoir y parvenir ; à la vue d’un mal à éviter, se retirer comme si l’on avait mis la main dans l’eau bouillante ; c’est un principe que j’ai vu mettre en pratique, et que j’ai appris des anciens. Se préparer dans la retraite à servir son prince et son pays, pratiquer la justice, afin d’étendre au loin l’influence de sa vertu, c’est un principe que j’ai appris des anciens, mais que je n’ai encore vu suivi par personne.

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16.12

齐景公有马千驷,死之日,民无德而称焉。伯夷叔齐饿于首阳之下,民到于今称之。其斯之谓与?

King, prince de Ts’i, avait mille attelages de quatre chevaux. A sa mort, le peuple ne trouva aucune vertu à louer en lui. Pe i et Chou ts’i moururent de faim au pied du mont Cheou iang. Le peuple n’a pas encore cessé de célébrer leurs louanges, non à cause de leurs richesses, mais seulement à cause de leur rare vertu. Ces deux vers du Cheu king ne peuvent-ils pas leur être appliqués justement ?

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16.13

陈亢问于伯鱼曰:“子亦有异闻乎?”对曰:“未也。尝独立,鲤趋而过庭。曰:‘学诗乎?’对曰:‘未也。’‘不学诗,无以言。’鲤退而学诗。他日又独立,鲤趋而过庭。曰:‘学礼乎?’对曰:‘未也。’‘不学礼,无以立。’鲤退而学礼。闻斯二者。”陈亢退而喜曰:“问一得三,闻诗,闻礼,又闻君子之远其子也。”

Tch’enn Kang demanda à Pe iu si son père lui avait donné des enseignements particuliers qu’il ne communiquait pas à ses disciples. Pe iu répondit :

— Aucun jusqu’à présent. Un jour qu’il se trouvait seul, comme je traversais la salle d’un pas rapide, il me dit : Avez-vous étudié le Cheu king ? Pas encore, lui dis-je. Si vous n’étudiez le Cheu king, me répondit-il, vous n’aurez pas de sujets de conversation.

« Je me retirai et me mis à étudier le Cheu king. Un autre jour qu’il était encore seul, comme je traversais la salle d’un pas rapide, il me dit : Avez-vous étudié le Li ki ? Pas encore, lui répondis-je. Si vous n’étudiez pas le Li ki, dit-il, votre vertu n’aura pas de fondement solide.

« Je me retirai et me mis à étudier le Livre des Devoirs. Voilà les deux enseignements que j’ai reçus.

Tch’enn Kang se retira satisfait et dit :

— J’ai demandé une chose, et j’en ai appris trois ; dont l’une concerne le Cheu king, l’autre concerne le Livre des Devoirs ; et la troisième, c’est que le sage ne donne pas d’enseignements secrets et particuliers à son fils.

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16.14

邦君之妻,君称之曰夫人,夫人自称曰小童;邦人称之曰君夫人,称诸异邦曰寡小君;异邦人称之亦曰君夫人。

Un prince appelle sa femme fou jenn, son aide. La femme d’un prince, en parlant d’elle-même, s’appelle petite fille. Les habitants de la principauté la désignent sous le nom de Dame qui aide le prince. Quand ils parlent d’elle devant un étranger, ils l’appellent leur petite Dame. Les étrangers lui donnent le nom de Dame qui aide le prince.

Chapitre 17

阳货 – Yang Huo

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17.1

阳货欲见孔子,孔子不见,归孔子豚。孔子时其亡也,而往拜之,遇诸涂。谓孔子曰:“来!予与尔言。”曰:“怀其宝而迷其邦,可谓仁乎?”曰:“不可。”“好从事而亟失时,可谓知乎?”曰:“不可。”“日月逝矣,岁不我与。”孔子曰:“诺。吾将仕矣。”

Iang Houo désirait recevoir la visite de Confucius. Confucius n’étant pas allé le voir, Iang Houo lui envoya un jeune cochon. Confucius choisit le moment où Iang Houo n’était pas chez lui et alla à sa maison pour le saluer ; il le rencontra en chemin.

Iang Houo dit à Confucius :

— Venez, j’ai à vous parler.

Alors il lui dit :

— Celui qui tient son trésor caché dans son sein et laisse son pays dans le trouble, mérite-t-il d’être appelé bienfaisant ?

— Non, répondit Confucius.

Iang Houo reprit :

— Celui qui aime à gérer les affaires publiques et laisse souvent passer les occasions de le faire mérite-t-il d’être appelé prudent ?

— Non, répondit Confucius.

Iang Houo continua :

— Les jours et les mois passent ; les années ne nous attendent pas.

— Bien, répondit Confucius ; j’exercerai un emploi.Iang Houo, appelé aussi Iang Hou, était intendant de la famille Ki. Il avait jeté dans les fers Ki Houan, le chef de cette famille, et gouvernait seul en maître la principauté de Lou. (Il avait ainsi rendu à son maître ce que Ki Ou, bisaïeul de celui-ci, avait fait au prince de Lou.) Il voulait déterminer Confucius à lui faire visite ; mais Confucius n’y alla pas. Lorsqu’un grand préfet envoyait un présent à un lettré, si le lettré n’était par chez lui pour le recevoir, il devait, d’après les usager, aller à la maison du grand préfet présenter ses remerciements. Iang Houo, profitant d’un moment où Confucius n’était par chez lui, lui envoya un jeune cochon en présent, afin de l’obliger à venir le saluer et lui faire visite. Confucius, choisissant aurai le moment où Iang Houo était absent, alla à sa maison pour le remercier. Il craignait de tomber dans le piège que ce méchant homme lui avait tendu et de sembler reconnaître son pouvoir absolu ; et il voulait tenir sa première résolution, qui était de ne pas le voir. Contre son attente, il rencontra Iang Houo en chemin. Iang Houo, en critiquant la conduite de Confucius, et en l’engageant à accepter une charge sans délai, n’avait d’autre intention que d’obtenir son appui pour mettre le trouble dans le gouvernement. Confucius était tout disposé à exercer un emploi, mais non à se mettre au service de lang Houo.

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17.2

子曰:“性相近也,习相远也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Les hommes sont tous semblables par leur nature ; ils différent par les habitudes qu’ils contractent.

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17.3

子曰:“唯上知与下愚不移。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Il n’y a que deux classes d’hommes qui ne changent jamais de conduite : les plus sages et les plus insensés.

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17.4

子之武城,闻弦歌之声。夫子莞尔而笑,曰:“割鸡焉用牛刀?”子游对曰:“昔者偃也闻诸夫子曰:‘君子学道则爱人,小人学道则易使也。’”子曰:“二三子!偃之言是也。前言戏之耳。”

Le Maître [Confucius], arrivant à Ou tcheng, entendit des chants et des sons d’instruments à cordes. Il sourit et dit :

— Pour tuer une poule, emploie-t-on le couteau qui sert à dépecer les bœufs ?

Tzeu iou répondit :

— Maître, autrefois je vous ai entendu dire que l’étude de la sagesse rend les officiers bienfaisants et les hommes du peuple faciles à gouverner

— Mes enfants, reprit Le Maître [Confucius], Ien a dit vrai. Ce que je viens de dire n’était qu’une plaisanterie.

Ou tch’eng dépendait de la principauté de Lou. Tzeu iou était alors préfet de Ou tcheng et enseignait au peuple les Devoirs et la Musique. Aussi tour les habitants savaient chanter et jouer des instruments à cordes. La joie de Confucius parut sur son visage. Il sourit et dit : « Pour tuer une poule, un petit animal, quelle raison y a-t-il d’employer le grand couteau qui sert à dépecer les bœufs ? » Il voulait dire que Tzeu iou employait les grands moyens administratifs pour gouverner une petite ville. Il ne le dirait pas sérieusement. Les pays à gouverner n’ont pas tous la même étendue ; mais ceux qui les gouvernent doivent toujours enseigner les devoirs et la musique, et tenir ainsi la même conduite.

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17.5

公山弗扰以费畔,召,子欲往。子路不说,曰:“末之也已,何必公山氏之之也。”子曰:“夫召我者而岂徒哉?如有用我者,吾其为东周乎?”

Koung chan Fou jao, maître de la ville de Pi, s’était révolté. Il manda Confucius. Le philosophe voulait aller le voir. Tzeu lou indigné lui dit :

— Il n’est pas d’endroit où il convienne d’aller. Quelle nécessité y a-t-il d’aller trouver le chef de la famille Koung chan ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Celui qui m’a invité l’a-t-il fait sans une intention véritable ? Si l’on me donnait la direction des affaires publiques, ne ferais-je pas revivre en Orient les principes des fondateurs de la dynastie des Tcheou ?

Koung chan Fou jao était intendant du chef de la famille des Ki, qui était grand préfet dans la principauté de Lou. Koung chan était son nom de famille, Fou iao son nom propre, et Tzeu sie son surnom. Avec Iang Houo, il s’était emparé de la personne du tai fou Ki Houan et, maître de la ville de Pi, il soutenait sa révolte contre le grand préfet. Il fit inviter Confucius à se rendre auprès de lui. Confucius voulait y aller. C’est que Koung chan Fou jao était en révolte contre la famille des Ki, et non contre le prince de Lou. Confucius voulait y aller dans l’intérêt du prince de Lou, non dans l’intérêt de Koung chan Fou iao. Si Confucius était parvenu à exécuter son dessein, il aurait retiré l’autorité souveraine des mains des grands préfets pour la rendre au prince ; et, après l’avoir rendue au prince, il l’aurait fait retourner à l’empereur. Il voulait se rendre auprès de Koung chan Fou iao parce que tels étaient ses principes. Cependant, il n’y alla pas, parce qu’il lui serait impossible d’exécuter son dessein.

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17.6

子张问仁于孔子。孔子曰:“能行五者于天下,为仁矣。”请问之。曰:“恭、宽、信、敏、惠。恭则不侮,宽则得众,信则人任焉,敏则有功,惠则足以使人。”

Tzeu tchang demanda à Confucius en quoi consiste la vertu parfaite. Confucius répondit :

— Celui-là est parfait qui est capable de pratiquer cinq choses partout et toujours.

Tzeu tchang dit :

— Permettez-moi de vous demander quelles sont ces cinq choses ?

— Ce sont, répondit Confucius, la gravité du maintien, la grandeur d’âme, la sincérité, la diligence et la bienfaisance. La gravité du maintien inspire le respect ; la grandeur d’âme gagne les cœurs ; la sincérité obtient la confiance ; la diligence exécute des œuvres utiles ; la bienfaisance rend facile la direction des hommes.

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17.7

佛肸召,子欲往。子路曰:“昔者由也闻诸夫子曰:‘亲于其身为不善者,君子不入也。’佛肸以中牟畔,子之往也,如之何!”子曰:“然。有是言也。不曰坚乎,磨而不磷;不曰白乎,涅而不缁。吾岂匏瓜也哉?焉能系而不食?”

Pi Hi invita Confucius à aller le voir. Le Maître [Confucius] voulait s’y rendre. Tzeu lou dit :

— Maître, autrefois je vous ai entendu dire que le sage ne faisait pas société avec un homme engagé dans une entreprise coupable. Pi Hi, maître de Tchoung meou, a levé l’étendard de la révolte. Convient-il que vous alliez le voir ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Il est vrai, j’ai dit ces paroles. Mais ne dit-on pas aussi qu’un objet très dur n’est pas entamé par le frottement ? Ne dit-on pas aussi qu’un objet essentiellement blanc ne devient pas noir par la teinture ? Suis-je donc une courge ventrue, qui peut être suspendue, et ne pas manger ou n’être pas mangée ?

Confucius dit : « Ma vertu est si ferme et si pure que je puis sans danger l’exposer au contact des hommes vicieux. Pourquoi ne répondrais-je pas à l’invitation de Pi Hi, par crainte de me souiller moi-même ? Suis-je donc une courge ? M’est-il permis de me rendre inutile aux hommes, comme une courge qui reste suspendue toujours dans un même endroit, et ne peut rien faire, pas même boire ou manger ?

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17.8

子曰:“由也,女闻六言六蔽矣乎?”对曰:“未也。”“居!吾语女。好仁不好学,其蔽也愚;好知不好学,其蔽也荡;好信不好学,其蔽也贼;好直不好学,其蔽也绞;好勇不好学,其蔽也乱;好刚不好学,其蔽也狂。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Iou, connaissez-vous les six paroles et les six ombres ?

Tzeu lou se levant, répondit :

— Pas encore.

— Asseyez-vous, reprit Confucius, je vous les dirai. Le défaut de celui qui aime à se montrer bienfaisant, et n’aime pas à apprendre, c’est le manque de discernement. Le défaut de celui qui aime la science, et n’aime pas l’étude, c’est de tomber dans l’erreur. Le défaut de celui qui aime à tenir ses promesses, et n’aime pas à apprendre, c’est de nuire aux autres. Le défaut de celui qui aime la franchise, et n’aime pas à apprendre, c’est d’avertir et de reprendre trop librement sans aucun égard pour les personnes. Le défaut de celui qui aime à montrer du courage et n’aime pas à apprendre, c’est de troubler l’ordre. Le défaut de celui qui aime la fermeté d’âme, et n’aime pas à apprendre, c’est la témérité.

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17.9

子曰:“小子!何莫学夫诗?诗,可以兴,可以观,可以群,可以怨。迩之事父,远之事君。多识于鸟兽草木之名。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Mes enfants, pourquoi n’étudiez-vous pas le Cheu king ? Il nous sert à nous exciter à la pratique de la vertu, à nous examiner nous-mêmes. Il nous apprend à traiter convenablement avec les hommes, à nous indigner justement, à remplir nos devoirs envers nos parents et envers notre prince. Il nous fait connaître beaucoup d’oiseaux, de quadrupèdes et de plantes.

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17.10

子谓伯鱼曰:“女为《周南》、《召南》矣乎?人而不为《周南》、《召南》,其犹正墙面而立也与?”

Le Maître [Confucius] dit à son fils Pe iu :

— Etudiez-vous le Tcheou nan et le Chao nan ? Celui qui n’a pas étudié le Tcheou nan et le Chao nan n’est-il pas comme un homme qui se tiendrait le visage tourné vers un mur ?

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17.11

子曰:“礼云礼云,玉帛云乎哉?乐云乐云,钟鼓云乎哉?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Quand on parle d’urbanité, et qu’on vante l’urbanité, veut-on parler seulement des pierres précieuses et des soieries ? Quand on parle de musique, et qu’on vante la musique, veut-on parler seulement des cloches et des tambours ?

L’urbanité exige avant tout le respect, et la musique a pour objet principal l’harmonie (la concorde). Les pierres précieuses, les soieries, les cloches, les tambours ne sont que des accessoires.

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17.12

子曰:“色厉而内荏,譬诸小人,其犹穿窬之盗也与?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ceux qui en apparence sont rigides observateurs des préceptes de la sagesse et, au fond, n’ont aucune énergie, ne ressemblent-ils pas à ces hommes de la lie du peuple qui passent à travers ou par-dessus les murs pour voler ?

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17.13

子曰:“乡原,德之贼也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Ceux qui passent pour hommes de bien aux yeux des villageois ruinent la vertu.

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17.14

子曰:“道听而涂说,德之弃也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Répéter en chemin à tous les passants ce que l’on a appris de bon en chemin, c’est jeter la vertu au vent.

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17.15

子曰:“鄙夫!可与事君也与哉?其未得之也,患得之;既得之,患失之。苟患失之,无所不至矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Convient-il de faire admettre à la cour des hommes abjects, et de servir le prince avec eux ? Avant d’avoir obtenu les charges, ils sont en peine de les obtenir. Après les avoir obtenues, ils sont en peine de les conserver. Alors, ils ne reculent devant aucun crime pour ne pas les perdre.

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17.16

子曰:“古者民有三疾,今也或是之亡也。古之狂也肆,今之狂也荡;古之矜也廉,今之矜也忿戾;古之愚也直,今之愚也诈而已矣。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Les anciens étaient sujets à trois défauts, qui n’existent peut-être plus à présent. Anciennement, ceux qui avaient de grandes aspirations négligeaient les petites choses ; à présent, ils s’abandonnent à la licence. Anciennement, ceux qui étaient constants dans leurs résolutions se montraient peu accessibles ; à présent, ils sont colères et intraitables. Anciennement, les ignorants étaient simples et droits ; à présent, ils sont fourbes.

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17.17

子曰:“恶紫之夺朱也,恶郑声之乱雅乐也,恶利口之覆邦家者。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Je n’aime pas la couleur pourpre, parce qu’elle est plus foncée que le rouge. Je déteste la musique de Tcheng, parce qu’elle est plus brillante que la bonne musique. Je hais les langues bavardes, parce qu’elles troublent les États et les familles.

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17.18

子曰:“予欲无言。”子贡曰:“子如不言,则小子何述焉?”子曰:“天何言哉?四时行焉,百物生焉,天何言哉?”

Le Maître [Confucius] dit :

— Je voudrais ne plus parler.

— Maître, dit Tzeu koung, si vous ne parlez pas, quels enseignements vos disciples transmettront-ils à la postérité ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Est-ce que le Ciel parle ? Les quatre saisons suivent leur cours ; tous les êtres reçoivent l’existence. Est-ce que le Ciel parle jamais ?

Dans la conduite du sage par excellence, tout, jusqu’aux moindres mouvements, est la claire manifestation de la plus haute raison ; de même que le cours des saisons, la production des différents êtres, tout dans la nature est un écoulement de la puissance céleste. Est-ce que le Ciel a besoin de parler pour manifester sa vertu ?

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17.19

孺悲欲见孔子,孔子辞以疾。将命者出户,取瑟而歌。使之闻之。

Jou Pei désirait voir Confucius. Confucius s’excusa sous prétexte de maladie. Lorsque celui qui porta cette réponse au visiteur eut passé la porte de la maison, Confucius, prenant son luth, se mit à jouer et à chanter, afin que jou Pei l’entendît.

Sommaire Entretiens de Confucius

17.20

宰我问:“三年之丧,期已久矣。君子三年不为礼,礼必坏;三年不为乐,乐必崩。旧谷既没,新谷既升,钻燧改火,期可已矣。”子曰:“食夫稻,衣夫锦,于女安乎?”曰:“安。”“女安则为之!夫君子之居丧,食旨不甘,闻乐不乐,居处不安,故不为也。今女安,则为之!”宰我出。子曰:“予之不仁也!子生三年,然后免于父母之怀。夫三年之丧,天下之通丧也。予也,有三年之爱于其父母乎?”

Tsai Ngo interrogeant Confucius sur le deuil de trois ans, dit :

— Une année est déjà un temps assez long. Si le sage s’abstient de remplir les devoirs de convenance durant trois années, ces devoirs tomberont en désuétude ; s’il abandonne la musique pendant trois années, la musique sera en décadence. Dans le courant d’une année, les grains anciens sont consumés, les nouveaux sont recueillis ; les différentes sortes de bois ont tour à tour donné du feu nouveau. Il convient que le deuil ne dure pas plus d’un an.

Le Maître [Confucius] répondit :

— Au bout d’un an de deuil, pourriez-vous bien vous résoudre à manger du riz et à porter des vêtements de soie ?

— Je le pourrais, dit Tsai Ngo.

— Si vous le pouvez, reprit Confucius, faites-le. Le sage, en temps de deuil, ne trouve aucune saveur aux mets les plus exquis, n’aime pas à entendre la musique, et ne goûte aucun repos dans ses appartements ordinaires. Aussi ne le ferait-il pas. Pour vous, si vous pouvez vous résoudre à le faire, faites-le.

Tsai Ngo se retirant, Le Maître [Confucius] dit :

— Iu a mauvais cœur. Les parents portent leur enfant sur leur sein durant trois années ; c’est pour reconnaître ce bienfait que le deuil de trois ans a été adopté partout. Iu n’a-t-il pas été l’objet de la tendresse de ses parents durant trois années ?

Les anciens tiraient le feu nouveau d’un instrument de bois, qu’ils faisaient tourner comme une tarière. Le bois employé était, au printemps, l’orme ou le saule ; au commencement de l’été, le jujubier ou l’abricotier ; vers la fin de l’été, le mûrier ordinaire ou le mûrier des teinturiers ; en automne, le chêne ou le iou ; en hiver, le sophora ou le t’an. Un fils, après la mort de son père ou de sa mère, durant trois ans, ne prenait qu’une nourriture grossière, portait des vêtements de chanvre, et couchait sur la paille, la tête appuyée sur une motte de terre.

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17.21

子曰:“饱食终日,无所用心,难矣哉!不有博弈者乎,为之犹贤乎已。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Quand on ne fait que boire et manger toute la journée, sans appliquer son esprit à aucune occupation, qu’il est difficile de devenir vertueux ! N’a-t-on pas des tablettes et des échecs ? Mieux vaudrait se livrer à ces jeux que de rester à ne rien faire.

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17.22

子路曰:“君子尚勇乎?”子曰:“君子义以为上。君子有勇而无义为乱,小人有勇而无义为盗。”

Tzeu lou dit :

— Le sage n’a-t-il pas en grande estime la bravoure ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Le sage met la justice au-dessus de tout. Un homme élevé en dignité qui a de la bravoure et ne respecte pas la justice trouble le bon ordre. Un homme privé qui a de la bravoure et manque de justice devient brigand.

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17.23

子贡曰:“君子亦有恶乎?”子曰:“有恶:恶称人之恶者,恶居下流而讪上者,恶勇而无礼者,恶果敢而窒者。”曰:“赐也亦有恶乎?”“恶徼以为知者,恶不孙以为勇者,恶讦以为直者。”

Tzeu koung dit :

— Est-il des hommes qui soient odieux au sage ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Oui. Le sage hait ceux qui publient les défauts ou les fautes d’autrui ; il hait les hommes de basse condition qui dénigrent ceux qui sont d’une condition plus élevée ; il hait les hommes entreprenants qui violent les lois ; il hait les hommes audacieux qui ont l’intelligence étroite.

Le Maître [Confucius] ajouta :

— Et vous, Seu, avez-vous aussi de l’aversion pour certains hommes ?

— Je hais, répondit Tzeu koung, ceux qui observent la conduite des autres, croyant que c’est prudence ; je hais ceux qui ne veulent jamais céder, s’imaginant que c’est courage ; je hais ceux qui reprochent aux autres des fautes secrètes, pensant que c’est franchise.

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17.24

子曰:“唯女子与小人为难养也,近之则不孙,远之则怨。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Les femmes de second rang et les hommes de service sont les personnes les moins maniables. Si vous les traitez familièrement, ils vous manqueront de respect ; si vous les tenez à distance, ils seront mécontents.

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17.25

子曰:“年四十而见恶焉,其终也已。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui, à quarante ans, conserve encore des défauts qui le rendent odieux, ne se corrigera jamais.

Chapitre 18

微子 – Wei Zi

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18.1

微子去之,箕子为之奴,比干谏而死。孔子曰:“殷有三仁焉。”

Le prince de Wei quitta la cour ; le prince de Ki fut réduit en esclavage ; Pi kan, pour avoir adressé des remontrances, fut mis à mort. Confucius dit : « Sous la dynastie des In, il y eut trois hommes d’une vertu parfaite. »Le prince de Wei était le frère du tyran Tcheou, mais il était né d’une femme de second rang. Le prince de Ki et Pi kan étaient princes du sang, d’une génération antérieure à celle de Tcheou. Le prince de Wei, voyant la mauvaise conduite de Tcheou, quitta la cour.
Le prince de Ki et Pi kan adressèrent tous deux des remontrances au tyran. Tcheou mit à mort Pi kan, jeta dans les fers le prince Ki et le réduisit en esclavage. Le prince de Ki contrefit l’insensé et fut accablé d’outrages.

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18.2

柳下惠为士师,三黜。人曰:“子未可以去乎?”曰:“直道而事人,焉往而不三黜?枉道而事人,何必去父母之邦。”

Houei de Liou hia était préposé à la justice ; il fut plusieurs fois destitué de sa charge. Quelqu’un lui dit :

— Le moment n’est-il pas encore venu de quitter ce pays ?

— Si je veux servir le public en observant toutes les règles de l’honnêteté, répondit-il, où irai-je pour n’être pas destitué plusieurs fois ? Si je veux servir le public en faisant fléchir les lois de la probité, qu’ai-je besoin de quitter ma patrie ?

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18.3

齐景公待孔子,曰:“若季氏则吾不能,以季、孟之闲待之。”曰:“吾老矣,不能用也。”孔子行。

King, prince de Ts’i, se préparant à recevoir Confucius, dit à ses ministres :

— Je ne puis le traiter avec autant d’honneur que le prince de Lou traite le chef de la famille Ki. je le traiterai moins honorablement que le prince de Lou ne traite le chef de la famille Ki, mais plus honorablement qu’il ne traite le chef de la famille Meng.

Puis il ajouta :

— Je suis vieux ; je ne pourrai mettre en pratique ses enseignements.

Confucius quitta la principauté de Ts’i.

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18.4

齐人归女乐,季桓子受之。三日不朝,孔子行。

Le prince de Ts i et ses ministres envoyèrent au prince de Lou une bande de musiciennes. Ki Houan les reçut ; au palais, durant trois jours, le soin des affaires fut abandonné. Confucius s’en alla.

Ki Houan, nommé Seu, était grand préfet dans la principauté dé Lou. Sous le règne de Ting, prince de Lou, Confucius exerça la charge de ministre de la justice. En trois mois, il avait établi l’ordre le plus parfait dans le gouvernement. Le prince de Ts’i et ses ministres l’ayant appris, et craignant la puissance de Lou, envoyèrent en présent une bande de quatre-vingts filles, qui, vêtues d’habits magnifiques, et montées sur des chevaux richement ornés, exécutèrent des chants avec pantomime, et se donnèrent en spectacle hors de la ville, près de la porte méridionale. Houan exerçait le pouvoir souverain. Le prince Ting ne conservait plus qu’un vain titre. Il finit par accepter la bande de musiciennes. Le prince de Lou et ses ministres tombèrent ainsi dans le piège tendu par ceux de Ts’i. Entièrement occupés à entendre des chants et à voir des spectacles lascifs, les oreilles et les yeux fascinés, ils négligèrent les affaires publiques, et n’eurent plus d’estime pour les hommes vertueux et capables. Confucius aurait voulu adresser des remontrances au prince ; mais il ne le pouvait pas (ou bien, il voyait qu’elles auraient été sans effet). Il quitta le pays. (Ce fut la quatorzième année du règne de Ting, en 496 av. J.-C.).

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18.5

楚狂接舆歌而过孔子曰:“凤兮!凤兮!何德之衰?往者不可谏,来者犹可追。已而,已而!今之从政者殆而!”孔子下,欲与之言。趋而辟之,不得与之言。

Un sage de la principauté de Tch’ou, qui contrefaisait l’insensé, nommé Tsie iu, passa devant la voiture de Confucius, en chantant :

— O phénix ! ô phénix ! Que ta vertu est diminuée ! Il n’est plus temps d’empêcher par des avis tes égarements passés ; mais tes fautes futures peuvent encore être prévenues. Cesse donc de te produire et d’enseigner. Ceux qui maintenant sont à la tête des affaires sont en grand danger.

Confucius descendit de voiture pour lui parler. Mais Tsie iu s’en alla d’un pas rapide. Confucius ne put converser avec lui.

La dynastie des Tcheou étant sur son déclin, les hommes de mérite pratiquaient la vertu dans la retraite. Tsie iu dit :

— Quand la société est bien réglée, le phénix apparaît ; quand elle est troublée, il demeure caché. Tant il aime la vertu ! Maintenant, en quels temps est-il venu ? Comment ne va-t-il pas encore replier ses ailes et se cacher ?

Tsie iu compare Confucius au phénix. Il le blâme de ce qu’il ne se décide pas à vivre dans la retraite, et prétend que sa vertu a beaucoup diminué.

Tes fautes futures peuvent encore être prévenues, c’est-à-dire il est encore temps de te retirer dans la vie privée.

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18.6

长沮、桀溺耦而耕,孔子过之,使子路问津焉。长沮曰:“夫执舆者为谁?”子路曰:“为孔丘。”曰:“是鲁孔丘与?”曰:“是也。”曰:“是知津矣。”问于桀溺,桀溺曰:“子为谁?”曰:“为仲由。”曰:“是鲁孔丘之徒与?”对曰:“然。”曰:“滔滔者天下皆是也,而谁以易之?且而与其从辟人之士也,岂若从辟世之士哉?”耰而不辍。子路行以告。夫子怃然曰:“鸟兽不可与同群,吾非斯人之徒与而谁与?天下有道,丘不与易也。”

Tch’ang Ts’iu et Kie Gni s’étaient associés pour cultiver la terre. Confucius, passant en voiture auprès d’eux, envoya Tzeu lou leur demander où était le gué. Tch’ang Ts’iu dit :

— Quel est celui qui est dans la voiture et tient les rênes ?

— C’est Confucius, répondit Tzeu lou.

— Est-ce Confucius de la principauté de Lou ? reprit Tch’ang Ts’iu.

— C’est lui, dit Tzeu lou.

— Puisqu’il a parcouru plusieurs fois tout le pays, dit Tch’ang Ts’iu, lui-même connaît le gué.

Tzeu lou interrogea Kie Gni.

— Qui êtes-vous ? dit Kie Gni.

— Je suis Tchoung Iou, répondit Tzeu lou.

Kie Gni dit :

— N’êtes-vous pas l’un des disciples de Confucius de Lou ?

— Oui, répondit Tzeu lou.

— Tout l’empire, dit Kie Gni, est comme un torrent qui se précipite. Qui vous aidera à le réformer ? Au lieu de suivre un philosophe qui fuit les hommes ne feriez-vous pas mieux d’imiter les sages qui fuient le monde et vivent dans la retraite ?
Kie Gni continua à recouvrir avec sa herse la semence qu’il avait déposée dans la terre.

Tzeu lou alla porter à Confucius les réponses de ces deux hommes. Le Maître [Confucius] dit avec un accent de douleur :

— Nous ne pouvons pas faire société avec les animaux. Si je fuis la société de ces hommes, avec qui ferai-je société ? Si le bon ordre régnait dans l’empire, je n’aurais pas lieu de travailler à le réformer.

Autrefois, sur les confins des principautés de Tch’ou et de Ts’ai (dans le Ho nan actuel), deux lettrés qui menaient la vie privée s’étaient associés pour cultiver leurs champs. Leurs noms n’ont pas été transmis à la postérité. Les annalistes ont appelé l’un Ts’iu, Qui s’arrête et ne sort pas du repos, et l’autre, Gni, Qui reste au fond de l’eau et n’émerge jamais.

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18.7

子路从而后,遇丈人,以杖荷蓧。子路问曰:“子见夫子乎?”丈人曰:“四体不勤,五谷不分。孰为夫子?”植其杖而芸。子路拱而立。止子路宿,杀鸡为黍而食之,见其二子焉。明日,子路行以告。子曰:“隐者也。”使子路反见之。至则行矣。子路曰:“不仕无义。长幼之节,不可废也;君臣之义,如之何其废之?欲洁其身,而乱大伦。君子之仕也,行其义也。道之不行,已知之矣。”

Tzeu lou, voyageant avec Confucius, resta en arrière et le perdit de vue. Il rencontra un vieillard qui à l’aide d’un bâton portait sur son épaule une corbeille pour recueillir de l’herbe. Il lui demanda s’il avait vu son maître. Le vieillard lui dit :

— Vous ne remuez ni pieds ni mains ; vous ne savez pas même distinguer les cinq espèces de grains. Quel est votre maître ?

Puis, ayant enfoncé en terre son bâton, il arracha de l’herbe. Tzeu lou joignit les mains et attendit. Le vieillard l’invita à passer la nuit dans sa maison. Il tua un poulet, prépara du millet, et servit à manger à son hôte. Il lui présenta aussi ses deux fils.

Le lendemain, Tzeu lou s’en alla et raconta ce fait à Confucius. Le Maître [Confucius] dit :

— C’est un sage qui vit caché.

Il ordonna à Tzeu lou d’aller le voir de nouveau. Quand Tzeu lou arriva, le vieillard était déjà parti. Tzeu lou dit à ses deux fils :

— Refuser les charges, c’est manquer à un devoir. S’il n’est pas permis de négliger les égards dus à ceux qui sont plus âgés que nous, quelqu’un a-t-il le droit de ne pas remplir les importants devoirs d’un sujet envers son prince ? En voulant se conserver sans tache, il violerait les grandes lois des relations sociales. Le sage accepte les charges, pour remplir le devoir qu’il a de servir son prince. Le bon ordre ne règne pas ; c’est ce que nous savons depuis longtemps.

Le vieillard dit à Tzeu lou :

— A présent, c’est le moment de se livrer aux travaux des champs. Voua entreprenez des voyages lointains à la suite de votre maître. Quelle utilité en revient-il aux hommes de notre siècle ? Qui connaît seulement votre maître ?

Les cinq espèces de grains sont deux sortes de millets à panicules, les haricots et les pois, le blé et l’orge, le riz.

Les cinq relations sociales sont celles qui existent entre le prince et le sujet, entre le père et le fils, entre le frère aîné et le frère puîné, entre le mari et la femme, entre les amis.

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18.8

逸民:伯夷、叔齐、虞仲、夷逸、朱张、柳下惠、少连。子曰:“不降其志,不辱其身,伯夷、叔齐与!”谓:“柳下惠、少连,降志辱身矣。言中伦,行中虑,其斯而已矣。”谓:“虞仲、夷逸,隐居放言。身中清,废中权。”“我则异于是,无可无不可。”

Pe i, Chou ts’i, Iu tchoung, I i, Tchou Tchang, Houei de Liou hia et Chao lien ont vécu en simples particuliers. Le Maître [Confucius] dit :

— Pe i et Chou ts’i n’ont-ils pas tenu invariablement leur résolution de peur de se souiller ?

Confucius dit que Houei de Liou hia et Chao lien faisaient fléchir leur résolution et s’abaissaient eux-mêmes ; que leur langage avait été conforme à la droite raison, et leur conduite, d’accord avec le sentiment commun des hommes ; qu’ils avaient eu cela de bon, et rien de plus. Il dit que I tchoung et I i avaient vécu dans la retraite, donné des avis avec une liberté excessive ; mais qu’ils avaient pratiqué la vertu la plus pure, et que le sacrifice des dignités leur était permis à cause des circonstances. « Pour moi, ajouta-t-il, je ne suis pas du sentiment de ces sages, je ne veux ni ne rejette rien absolument. »

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18.9

大师挚适齐,亚饭干适楚,三饭缭适蔡,四饭缺适秦。鼓方叔入于河,播鼗武入于汉,少师阳、击磬襄,入于海。

Tcheu, chef de tous les musiciens du prince de Lou, s’en alla dans la principauté de Ts’i. Kan, chef des musiciens qui jouaient pendant le deuxième repas, s’en alla dans la principauté de Tch’ou. Leao, chef de ceux qui jouaient au troisième repas, s’en alla dans la principauté de Ts’ai. K’iue, chef de ceux qui jouaient au quatrième repas, s’en alla dans la principauté de Ts’in. Fang chou, qui battait le tambour, se retira au bord du Fleuve jaune. Ou, qui agitait le petit tambour à manche, se retira au bord de la Han. Iang, aide du directeur en chef, et Siang, qui frappait le k’ing, se retirèrent au bord de la mer.

L’empereur et tous les princes avaient des musiciens qui jouaient pendant leurs repas, pour les exciter à manger. Les morceaux de musique et les directeurs de musique étaient différents pour les différents repas. La dynastie des Tcheou venant à déchoir, la musique tomba en décadence. Confucius, en revenant de Wei dans sa patrie, restaura la musique. Dès lors, tous les musiciens, depuis les premiers jusqu’aux derniers, connurent parfaitement les règles de leur art. L’autorité du prince de Lou devint de plus en plus faible ; les trois fils de Houan s’emparèrent du pouvoir et l’exercèrent arbitrairement. Alors tous les musiciens, depuis le directeur en chef jusqu’aux derniers, furent assez sages pour se disperser dans toutes les directions. Ils traversèrent les fleuves et passèrent les mers, fuyant loin de leur patrie troublée.

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18.10

周公谓鲁公曰:“君子不施其亲,不使大臣怨乎不以。故旧无大故,则不弃也。无求备于一人。”

Tcheou koung, instruisant le prince de Lou, lui dit :

— Un prince sage ne néglige pas ceux qui lui sont unis par le sang. Il a soin que les grands officiers ne puissent pas se plaindre de n’être pas employés. A moins d’une raison grave, il ne rejette pas les membres des anciennes familles qui ont servi l’État de génération en génération. Il n’exige pas qu’un officier possède à lui seul tous les talents et toutes les qualités.

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18.11

周有八士:伯达、伯适、仲突、仲忽、叔夜、叔夏、季随、季騧。

La dynastie des Tcheou eut huit hommes remarquables : Pe ta, Pe kouo, Tchoung tou, Tchoung hou, Chou ie, Chou hia, Ki souei, Ki koua.

Dans les temps prospères, au commencement de la dynastie des Tcheou, parurent huit hommes d’un grand talent et d’une rare vertu, qu’on appela les huit hommes remarquables. Ils étaient nés d’une même mère, deux à la fois d’une même couche.

Chapitre 19

子张 – Zi Zhang

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19.1

子张曰:“士见危致命,见得思义,祭思敬,丧思哀,其可已矣。”

Tzeu tchang dit :

— Celui-là est un vrai disciple de la sagesse, qui, en face du péril, expose sa vie, en face d’un avantage à recueillir, consulte la justice, dans les cérémonies en l’honneur des esprits, a soin d’être respectueux et, dans le deuil, ne pense qu’à sa douleur.

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19.2

子张曰:“执德不弘,信道不笃,焉能为有?焉能为亡?”

Tzeu tchang dit :

— Celui qui entreprend de pratiquer la vertu, mais dans des limites étroites, qui croit aux principes de la sagesse, mais avec hésitation, doit-il être compté pour quelque chose ? doit-il être compté pour rien ?

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19.3

子夏之门人问交于子张。子张曰:“子夏云何?”对曰:“子夏曰:‘可者与之,其不可者拒之。’”子张曰:“异乎吾所闻:君子尊贤而容众,嘉善而矜不能。我之大贤与,于人何所不容?我之不贤与,人将拒我,如之何其拒人也?”

Les disciples de Tzeu hia ayant interrogé Tzeu tchang sur l’amitié, Tzeu tchang leur demanda ce qu’en disait Tzeu hia.

— Il dit, répondirent-ils, qu’on doit faire société avec les hommes dont l’amitié peut être utile, et qu’il faut repousser les autres.

Tzeu tchang répliqua :

— Ce principe ne s’accorde pas avec les enseignements que j’ai reçus. Le sage honore les hommes vertueux, et ne rejette personne ; il encourage par des éloges ceux qui sont avancés dans la vertu et a compassion de ceux qui sont encore faibles. Suis-je un grand sage ? Quel est l’homme que je devrai repousser ? Suis-je dépourvu de sagesse ? Les hommes sages me repousseront ! Convient-il de repousser quelqu’un ?Le principe de Tzeu hia est trop étroit. Tzeu tchang a raison de le blâmer. Mais ce qu’il dit lui-même a le défaut d’être trop large. Sans doute le sage ne rejette personne ! mais il doit repousser toute amitié nuisible.

Sommaire Entretiens de Confucius

19.4

子夏曰:“虽小道,必有可观者焉;致远恐泥,是以君子不为也。”

Tzeu hia dit :

— Les métiers, les arts, même les plus humbles, ne sont nullement à mépriser. Mais si quelqu’un les exerçait en vue de plus grandes choses, cette occupation lui serait peut-être un obstacle. Pour cette raison le sage n’exerce pas ces métiers.

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19.5

子夏曰:“日知其所亡,月无忘其所能,可谓好学也已矣。”

Tzeu hia dit :

— Celui qui chaque jour examine, étudie ce qu’il n’a pas encore pu comprendre ou pratiquer parfaitement, et qui chaque mois examine s’il n’a rien oublié ou négligé de ce qu’il a appris, celui-là désire vraiment apprendre.

Sommaire Entretiens de Confucius

19.6

子夏曰:“博学而笃志,切问而近思,仁在其中矣。”

Tzeu hia dit :

— Etendez vos connaissances et ayez une volonté ferme ; interrogez sur les choses pratiques ; pensez aux choses qui vous touchent de près. Là se trouve la vertu parfaite.

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19.7

子夏曰:“百工居肆以成其事,君子学以致其道。”

Tzeu hia dit :

— Les artisans demeurent constamment dans leurs ateliers sur la place publique, afin de faire des ouvrages parfaits. De même, le disciple de la sagesse apprend et s’exerce assidûment, afin de rendre sa vertu parfaite.

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19.8

子夏曰:“小人之过也必文。”

Tzeu hia dit :

— L’homme vulgaire colore toujours d’une belle apparence les fautes qu’il a commises.

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19.9

子夏曰:“君子有三变:望之俨然,即之也温,听其言也厉。”

Tzeu hia dit :

— L’apparence du sage est sujette à trois changements. Vu de loin, il paraît grave et sérieux ; vu de près, il paraît affable ; quand il parle, il paraît inflexible dans ses principes.

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19.10

子夏曰:“君子信而后劳其民,未信则以为厉己也;信而后谏,未信则以为谤己也。”

Tzeu hia dit :

— Il faut qu’un officier gagne la confiance de ceux qui sont soumis à son autorité, avant de leur imposer des charges. Sinon, ils croiront qu’il veut les vexer. Il faut qu’il se concilie la confiance de son prince, avant de lui adresser des remontrances. Sinon, le prince le considérera comme un homme qui l’accuse faussement.

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19.11

子夏曰:“大德不逾闲,小德出入可也。”

Tzeu hia dit :
— Celui qui dans les grandes choses ne dépasse pas les limites peut dans les petites choses aller au delà ou rester en deçà, sans grand dommage pour sa vertu.

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19.12

子游曰:“子夏之门人小子,当洒扫、应对、进退,则可矣。抑末也,本之则无。如之何?”子夏闻之曰:“噫!言游过矣!君子之道,孰先传焉?孰后倦焉?譬诸草木,区以别矣。君子之道,焉可诬也?有始有卒者,其惟圣人乎!”

Tzeu iou dit :

— Les disciples de Tzeu hia savent très bien arroser et balayer la terre, répondre à ceux qui les appellent ou les interrogent, avancer ou se retirer. Mais ce sont des choses accessoires. Ils ignorent les plus importantes. Peut-on les considérer comme de vrais disciples de la sagesse ?

Ces paroles ayant été rapportées à Tzeu hia, il dit :

— Ah ! Ien Iou est dans l’erreur. Qu’est-ce que le sage met au premier rang et enseigne à ses disciples ? Qu’est-ce qu’il met au dernier rang et néglige ? Les disciples sont comme les plantes, dont chaque espèce exige une culture particulière. Est-ce que le sage se permettrait de tromper ses disciples ? Le sage par excellence, n’est-ce pas celui qui embrasse toutes choses, non pas à la fois, mais par ordre ?

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19.13

子夏曰:“仕而优则学,学而优则仕。”

Tzeu hia dit :

— Que celui qui est en charge remplisse d’abord les devoirs de sa charge ; puis, s’il a du temps et des forces de reste, qu’il étudie. Que celui qui étudie apprenne d’abord parfaitement ; puis, si ses forces le lui permettent, qu’il exerce une charge.

Celui qui se livre à une occupation doit d’abord faire parfaitement tout ce qui s’y rapporte, et il peut ensuite étendre ses soins à d’autres choses. Pour un officier, l’exercice de sa charge est la chose importante, et l’étude n’est pas absolument nécessaire ; il doit donc avant tout remplir les devoirs de sa charge. Pour un étudiant, l’étude est la chose principale, et l’exercice d’une charge n’est pas nécessaire ; il doit donc avant tout étudier parfaitement. Toutefois, un officier trouve dans l’étude un moyen d’établir ses ouvres plus solidement ; et un étudiant trouve dans l’exercice d’une charge un moyen de confirmer et d’étendre ses connaissances.

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19.14

子游曰:“丧致乎哀而止。”

Tzeu iou dit :

— Le deuil est parfait, si le cœur éprouve une affliction parfaite ; tout le reste est secondaire.

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19.15

子游曰:“吾友张也,为难能也。然而未仁。”

Tzeu iou dit :

— Mon compagnon Tchang fait des choses qu’un autre ferait difficilement. Cependant, sa vertu n’est pas encore parfaite.

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19.16

曾子曰:“堂堂乎张也,难与并为仁矣。”

Tseng tzeu dit :

— Que Tchang est admirable dans les choses extérieures ! Mais il est difficile dé pratiquer avec lui la vertu parfaite.

Tzeu tchang donnait son principal soin aux choses extérieures. Hautain dans ses manières, il ne pouvait ni être aidé ni aider les autres dans la pratique de la vraie vertu.

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19.17

曾子曰:“吾闻诸夫子:人未有自致者也,必也亲丧乎!”

Tseng tzeu disait :

— J’ai entendu dire à notre maître que, quand même les hommes ne feraient pas tout leur possible dans les autres circonstances, ils devraient le faire à la mort de leurs parents.

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19.18

曾子曰:“吾闻诸夫子:孟庄子之孝也,其他可能也;其不改父之臣,与父之政,是难能也。”

Tseng tzeu dit :

— Au sujet de la piété filiale de Meng Tchouang tzeu, j’ai entendu dire à notre maître qu’on pouvait aisément imiter tous les exemples de ce grand préfet, hormis celui qu’il a donné en ne changeant ni les serviteurs ni l’administration de son père.

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19.19

孟氏使阳肤为士师,问于曾子。曾子曰:“上失其道,民散久矣。如得其情,则哀矜而勿喜。”

Iang Fou, ayant été nommé directeur des tribunaux par le chef de la famille Meng, demanda des conseils à son maître Tseng tzeu. Tseng tzeu lui dit :

— Ceux qui dirigent la société s’écartant du droit chemin, depuis longtemps le peuple se divise. Si vous reconnaissez la vérité des accusations portées devant les tribunaux, ayez compassion des coupables, et ne vous réjouissez pas.

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19.20

子贡曰:“纣之不善,不如是之甚也。是以君子恶居下流,天下之恶皆归焉。”

Tzeu koung dit :

— La scélératesse de l’empereur Tcheou n’a pas été si extrême qu’on le dit. Le sage craint beaucoup de descendre le courant et de s’arrêter dans l’endroit où toutes les eaux de l’empire se déversent, c’est-à-dire de tomber enfin si bas qu’on lui impute tous les crimes de l’univers, comme il est arrivé au tyran Tcheou.

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19.21

子贡曰:“君子之过也,如日月之食焉:过也,人皆见之;更也,人皆仰之。”

Tzeu koung dit :

— Les fautes involontaires d’un prince sage sont comme les éclipses du soleil et de la lune. Quand il s’égare, tous les yeux le voient. Quand il se corrige, tous les regards le contemplent.

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19.22

卫公孙朝问于子贡曰:“仲尼焉学?”子贡曰:“文武之道,未坠于地,在人。贤者识其大者,不贤者识其小者,莫不有文武之道焉。夫子焉不学?而亦何常师之有?”

Koung suenn Tch’ao de Wei demanda à Tzeu koung de quel maître Confucius tenait ses connaissances. Tzeu koung répondit :

— Les institutions de Wenn wang et de Ou wang ne sont pas encore tombées dans l’oubli ; elles vivent toujours dans la mémoire des hommes. Les hommes de talent et de vertu en ont appris les grands principes. Les hommes ordinaires en ont appris quelques principes particuliers. Les enseignements de Wenn wang et de Ou wang subsistent encore partout. De quelle source mon maître n’a-t-il pas tiré quelque connaissance ? Et quel besoin avait-il de s’attacher à un maître déterminé ?

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19.23

叔孙武叔语大夫于朝,曰:“子贡贤于仲尼。”子服景伯以告子贡。子贡曰:“譬之宫墙,赐之墙也及肩,窥见室家之好。夫子之墙数仞,不得其门而入,不见宗庙之美,百官之富。得其门者或寡矣。夫子之云,不亦宜乎!”

Chou suenn Ou chou dit aux grands préfets réunis dans le palais du prince :

— Tzeu koung est plus sage que Confucius.

Tzeu fou King pe rapporta cette parole à Tzeu koung. Tzeu koung répondit :

— Permettez-moi d’employer une comparaison tirée d’une maison et de son mur d’enceinte. Mon mur d’enceinte ne s’élève qu’à la hauteur des épaules d’un homme. Chacun peut regarder et voir du dehors tout ce que la maison a de beau. Le mur du Maître est plusieurs fois plus haut que la taille d’un homme. A moins de trouver la porte du palais et d’y entrer, on ne voit pas la magnificence du temple des ancêtres ni l’appareil pompeux des officiers. Peu savent en trouver la porte. L’assertion de Chou suenn Ou chou n’est-elle pas contraire à la vérité ?

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19.24

叔孙武叔毁仲尼。子贡曰:“无以为也,仲尼不可毁也。他人之贤者,丘陵也,犹可逾也;仲尼,日月也,无得而逾焉。人虽欲自绝,其何伤于日月乎?多见其不知量也!”

Chou suenn On chou dépréciait Confucius. Tzeu koung dit :

— Toutes ses paroles n’auront aucun effet. La détraction ne saurait diminuer la réputation de Tchoung gni. La sagesse des autres hommes est comme une colline ou un monticule qu’il est possible de gravir. Tchoung gni est comme le soleil et la lune ; personne ne peut s’élever au-dessus de lui. Quand même on se séparerait de lui en rejetant sa doctrine, quel tort ferait-on à celui qui brille comme le soleil et la lune ? On montrerait seulement qu’on ne se connaît pas soi-même.

Sommaire Entretiens de Confucius

19.25

陈子禽谓子贡曰:“子为恭也,仲尼岂贤于子乎?”子贡曰:“君子一言以为知,一言以为不知,言不可不慎也。夫子之不可及也,犹天之不可阶而升也。夫子之得邦家者,所谓立之斯立,道之斯行,绥之斯来,动之斯和。其生也荣,其死也哀,如之何其可及也。”

Tch’enn Tzeu k’in dit à Tzeu koung :

— C’est par modestie que vous mettez Tchoung gni au-dessus de vous. Est-ce qu’il est plus sage que vous ?

Tzeu koung répondit :

— Une parole d’un disciple de la sagesse suffit pour faire juger qu’il est prudent ; une parole dite inconsidérément suffit pour faire juger qu’il manque de prudence. Il faut faire attention à ses paroles. Personne ne peut égaler notre maître, de même que personne ne peut s’élever jusqu’au ciel avec des échelles. Si notre maître avait eu un État à gouverner, il aurait, comme on dit, pourvu à la nourriture du peuple, et le peuple aurait trouvé la nourriture ; il aurait dirigé le peuple, et le peuple aurait marché en avant ; il aurait procuré la tranquillité au peuple, et le peuple l’aurait aimé et respecté ; il aurait excité le peuple à la vertu, et le peuple aurait vécu en bonne intelligence ; il aurait été honoré pendant sa vie, et pleuré après sa mort. Qui peut l’égaler ?

Chapitre 20

尧曰 – Yao Yue

Sommaire Entretiens de Confucius

20.1

尧曰:“咨!尔舜!天之历数在尔躬。允执其中。四海困穷,天禄永终。”舜亦以命禹。曰:“予小子履,敢用玄牡,敢昭告于皇皇后帝:有罪不敢赦。帝臣不蔽,简在帝心。朕躬有罪,无以万方;万方有罪,罪在朕躬。”周有大赉,善人是富。“虽有周亲,不如仁人。百姓有过,在予一人。”谨权量,审法度,修废官,四方之政行焉。兴灭国,继绝世,举逸民,天下之民归心焉。所重:民、食、丧、祭。宽则得众,信则民任焉,敏则有功,公则说。

L’empereur Iao dit :

— Eh bien, Chouenn, voici le temps fixé par le Ciel pour votre avènement à l’empire. Appliquez-vous à garder en toutes choses le juste milieu. Si par votre négligence le peuple manquait de ressources, le Ciel vous retirerait pour jamais le pouvoir et les trésors royaux.

Chouenn donna les mêmes avis à Iu, son successeur.
Tch’eng T’ang, fondateur de la dynastie des Chang, après avoir chassé Kie, le dernier empereur de la dynastie des Hia, dit :

— Moi Li, qui suis comme un faible enfant, j’ai osé immoler un taureau noir. J’ai osé déclarer solennellement, en face de l’auguste Souverain et Seigneur du Ciel, que je ne me permettrais pas d’épargner le coupable et que je ne laisserais pas ensevelis dans la vie privée les serviteurs du Souverain Roi, parce que les cruautés du tyran et les vertus des sages étaient inscrites dans le cœur du Maître suprême. Si je commets une faute, le peuple n’en sera pas responsable. Si le peuple commet une faute, j’en serai responsable.Ces expressions, l’auguste Souverain et Seigneur du Ciel, sont des termes respectueux pour désigner le Souverain Maître. Tous les hommes sages sont les ministres du Souverain Maître. Avant de marcher contre Kie, Tch’eng t’ang dit : « Toutes les actions bonnet ou mauvaises sont inscrites et se lisent dans le cour du Souverain Seigneur. En attaquant Kie, je ne ferai qu’obéir aux ordres du Souverain Roi. »Ou Wang, fondateur de la dynastie des Tcheou, répandit ses bienfaits dans tout l’empire. Il n’enrichit que les hommes vertueux.

— Bien que le tyran Tcheou ait beaucoup de proches parents, dit-il, ils ne valent pas mes hommes, qui sont très vertueux. Si je ne le renverse pas, toutes les plaintes du peuple se tourneront contre moi seul.

Il régla les poids et les mesures, révisa les lois et les ordonnances, rétablit les charges qui avaient été établies par Tcheou ; et, dans tout l’empire, l’administration reprit son cours régulier. Il reconstitua les principautés supprimées, donna une postérité adoptive aux chefs des grandes familles morts sans enfant mâle ; éleva aux charges les hommes capables qui avaient été laissés dans la vie privée ; et tous les cœurs furent à lui. Il attachait une grande importance à la subsistance du peuple, aux funérailles et aux sacrifices. Si un prince fait du bien à tous ses sujets, il se conciliera tous les cœurs ; s’il est diligent, il mènera toutes ses œuvres à bonne fin ; s’il est juste, il fera la joie du peuple.

Sommaire Entretiens de Confucius

20.0

子张问于孔子曰:“何如斯可以从政矣?”子曰:“尊五美,屏四恶,斯可以从政矣。”子张曰:“何谓五美?”子曰:“君子惠而不费,劳而不怨,欲而不贪,泰而不骄,威而不猛。”子张曰:“何谓惠而不费?”子曰:“因民之所利而利之,斯不亦惠而不费乎?择可劳而劳之,又谁怨?欲仁而得仁,又焉贪?君子无众寡,无小大,无敢慢,斯不亦泰而不骄乎?君子正其衣冠,尊其瞻视,俨然人望而畏之,斯不亦威而不猛乎?”子张曰:“何谓四恶?”子曰:“不教而杀谓之虐;不戒视成谓之暴;慢令致期谓之贼;犹之与人也,出纳之吝,谓之有司。”

Tzeu tchang demanda à Confucius ce qu’il fallait faire pour bien gouverner. Le Maître [Confucius] répondit :

— Il faut avoir en estime cinq qualités, et éviter quatre défauts ; cela suffit.

— Quelles sont ces cinq qualités ? dit Tzeu tchang.

Le Maître [Confucius] répondit :
— Un prince sage exerce la bienfaisance, sans rien dépenser ; il impose des charges au peuple, sans le mécontenter ; il a des désirs, sans être cupide ; il est heureux et calme, sans orgueil ni négligence ; il a de la dignité, sans avoir rien de dur.

Tzeu tchang dit :

— Comment exerce-t-il la bienfaisance sans rien dépenser ?

Le Maître [Confucius] répondit :

— Il favorise tout ce qui procure des ressources au peuple ; par ce moyen, n’exerce-t-il pas la bienfaisance sans rien dépenser ? Il n’impose ni travaux ni autres charges qu’aux époques convenables et pour les choses nécessaires ; dès lors, qui serait mécontent ? Il désire que son administration soit bienfaisante, et il l’obtient ; comment serait-il cupide ? Un prince sage, sans considérer si les personnes sont peu ou beaucoup, ni si les affaires sont importantes ou non, ne se permet jamais la moindre négligence. N’est-il pas tranquille, sans orgueil ni manque de soin ? Un prince sage prend garde que ses vêtements et son bonnet soient bien ajustés, que ses regards aient de la dignité. Sa gravité inspire le respect. N’est-il pas majestueux, sans être dur ?

Tzeu tchang demanda ensuite quels étaient les quatre défauts à éviter. Le Maître [Confucius] répondit :

— Ne pas instruire ses sujets, et les punir de mort, quand ils enfreignent les lois, c’est de la cruauté. Sans avoir averti d’avance, exiger que le travail imposé soit terminé tout de suite, c’est de la précipitation et de la violence. Donner des ordres peu pressants et hâter ensuite l’exécution, c’est assassiner le peuple. Quand il est absolument nécessaire de donner quelque chose tôt ou tard, calculer avec parcimonie ce que l’on reçoit et ce que l’on donne, c’est agir comme un intendant.

Sommaire Entretiens de Confucius

20.3

子曰:“不知命,无以为君子也。不知礼,无以立也。不知言,无以知人也。”

Le Maître [Confucius] dit :

— Celui qui ne connaît pas la volonté du Ciel ne sera jamais un sage. Celui qui ne connaît pas les règles et les usages ne sera pas constant dans sa conduite. Celui qui ne sait pas discerner le vrai du faux dans les discours des hommes ne peut connaître les hommes.

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